Crise d'adolescence
En vingt-six chapitres, comme autant de lettres de l'alphabet, un garçon raconte sa sœur, sa moitié, belle et fragile qui, en quatrième, est devenue autre:
" Elle me semblait fragile et précieuse. Mais en grandissant, ma sœur solaire, ma sœur blonde avait aussi pris un coup de nuit. Son visage s'est allongé et s'est fermé; sa bouche a eu plus de mal à sourire et ses yeux ont perdu leur douceur. Des yeux bleus qui se durcissent, c'est comme une pierre précieuse qui se révèle coupante."
Au fil des mois, le dialogue s'éteint, les parents prennent leur mal en patience, mais le frère sent que la sœur ne va pas bien du tout. Que ce soit les bêtises au collèges ou les insultes, les sarcasmes et les dénigrements sur les réseaux sociaux, rien ne lui est épargné. "Chaque échange était un carnage"; plus elle est rejetée, mieux c'est, semble-t-il.
L'arrivée d'une nouvelle amie, Diane, n'y change rien. Certes, elle semble plus en retrait, mais Diane est la mauvaise étoile, celle qui "prend la lumière" et distille les mauvais conseils.
R comme la Rage de sa sœur les derniers temps, S comme Saxophone, l'instrument qu'elle aimait tant, E comme Enveloppes, l'étrange collection de la jeune fille.... X comme Adieu, cette volonté d'être rayée de la carte ou des autres.
Parce qu'il l'adore et qu'il ne comprend pas, le frère raconte sa sœur, "ses arabesques sanguinolentes" quand elle n'a plus eu de mots pour s'exprimer, mais aussi leurs petits moments de joie quand ils faisaient la course sur le pont ou se chamaillaient sur le lit. En retrait, il voit tout, comprend, devine qu'il va se passer quelque chose de grave. Le lecteur sent aussi que la pression monte, que "le diable au corps" doit justement sortir.
Tout en pudeur, avec une économie de mots, Une vie merveilleuse est un étonnant message d'amour d'un frère à sa sœur qui se débat dans son mal être. Dominique Brisson décrit une crise d’adolescence infernale dans laquelle l'entourage est désarmé et incrédule.On ne sombre jamais dans la surenchère ou le malsain, mais on éprouve une émotion certaine à la lecture de ce récit.
A partir de 13 ans.