Le pied, l'amour, la guerre.
Étrange association que propose le titre de cette chronique.
Le récit se déroule lors de la guerre civile au Tchad . Le narrateur, prof de français, croise une de ses élèves, Alice, sportive de nature, dont la particularité est d'avoir de superbes jambes mais aussi des pieds magnifiques, qui très vite, deviennent l'objet de ses fantasmes. Or, il est marié, et bien que "l'objet le plus précieux de ma vie pouvait recevoir le traitement le plus injuste", ses pensées inavouables envers une jeune nubiles le pousse vers l'isolement.
Alice l'obsède. Une rencontre sur le chemin vers le camp de réfugiés, un sauvetage en 4L, amorcent une relation charnelle pleine de sensualité, dans laquelle "la vue de son pied créé de grandes effusions".
Mais, le narrateur n'a pas la conscience tranquille; il se sent à la fois "l'amant et le bourreau d'Alice", car celle-ci, novice aux choses de l'amour s'inquiète parfois de l'attitude de son amant.
"Le cœur lourd", "se sentant coupable d'un acte indigne", l'amant s'isole petit à petit de sa maîtresse et se remémore sa femme et sa fille laissées seules en ville alors que les combats s'intensifient. Dès lors, il se sent obligé de s'éloigner et prend l'excuse des combats pour abandonner Alice.
Alors que la violence et le fracas sont partout autour des deux amants, Nimrod a utilisé la chaleur du climat et la sensualité comme deux remparts à la barbarie. Alice et son amants "vivent dans une bulle", et ce n'est qu'à la fin et à la vue d'un char d'assaut que la réalité les rattrape et ont raison de leur relation.
Servi par une prose poétique, le lecteur se demande souvent si le récit amoureux est vécu ou fantasmé, mais quel que soit son état, l'isolement et la solitude restent les sujets fondamentaux de ce roman. Aimer est un sentiment noble, mais il engendre des écueils que l'âme humaine a du mal à assumer.
Très sensuel, érotique parfois, Nimrod offre un petit bijou de style et de raffinement.