mercredi 7 mai 2014

Tout le monde est une idole, Marie-Sophie Vernot

Ed. Thierry Magnier, octobre 2010, 143 pages, 8.2 euros

"Ma vie est en suspension"


Matthias a vu sa vie basculer lorsqu'un jeune homme a fait irruption dans sa salle de classe et tué ses vingt huit camarades. Unique survivant car protégé par le corps ensanglanté de son meilleur ami, il porte les séquelles psychologiques du carnage. Au delà du sentiment de culpabilité "pourquoi eux et pas moi", il n'arrive plus à prendre goût à ce qui lui plaisait auparavant.
"La tête pleine de chaos", il décide de faire un séjour en Italie chez ses grands parents. Il y rencontre Bianca, prof particulière elle aussi abîmée par la vie, Luca et Ettore...
Mais c'est surtout sa famille qui l'aidera à surmonter la perte. L'auteur, par ce court roman, démontre qu'il n'existe pas de remède miracle, de recette universelle au processus de reconstruction.
 En effet, Matthias passe à côté de sa vie et les gens qui l'entourent semblent bien impuissants...
Pudiquement, l'événement déclencheur, la fusillade, est tenue à distance. Le lecteur sait ce qui s'est passé par petites touches, au détour d'un mot ou d'une phrase. De toute façon, l'horreur des faits est là, il ne sert à rien d'en décrire les détails les plus sordides.
Petit à petit, le jeune homme se dégage de "cette brume qui lui laissait entrevoir le monde et en saisir, à demi mot, ce que l'on attendait de lui."
Ainsi, la catharsis se produit grâce à la rencontre et aux échanges tenus avec des gens qui, eux aussi, ont connu le sentiment de perte et d'abandon, et qui, chaque jour, tentent de le domestiquer. En résumé, un sujet sérieux, mais qui a le mérite de traiter de façon intelligente la question du deuil et sa gestion au fil du temps.
A partir de 13 ans