Qui suis-je vraiment?
"Parfois, nous pouvons être nos pires ennemis", se dit Lawrence, policier à la dérive depuis son divorce, dont la découverte dans un tas de feuilles du petit corps de Sarah va chambouler toutes ses certitudes sur la nature humaine, bien qu'elles ne soient déjà pas très positives. Sarah est morte, c'est un fait.
Il faut rechercher celui qui l'a écrasée, c'est un fait aussi. Mais quand il s'avère que le fautif semble être la star de l'équipe de foot locale en passe de gagner le championnat, tout se complique. Le maire et le commissaire exercent une pression outrancière sur Lawence, pourtant homme honnête mais qui va céder sous le chantage. Désormais, il va faire comme le dit sa maîtresse occasionnelle, Lois: "notre plus grand don pour survivre, c'est notre aveuglement".
Néanmoins devenir aveugle et sourd est un art à part entière que notre policier dépressif ne maîtrise pas. L'affaire le hante, le ronge, et ses amis d'hier deviennent ses ennemis d'aujourd'hui. On le sent encore naïf devant l'hypocrisie et les manœuvres politiciennes et personnelles. Il fait un constat accablant: les implications locales sont plus importantes qu'une vie humaine.
"Parfois la vie est plus étrange que la fiction" se dit-il. L'hypocrisie religieuse y trouve aussi son compte dans l'art de faire culpabiliser les innocents. Michael Collins signe ici une œuvre forte sur la noirceur humaine portée par un anti-héros au bout du rouleau, solitaire, mais qui garde certaines valeurs "indélébiles". Lawrence est fataliste: "je pense que nous connaissions le scénario. Nous attendions seulement les vrais événements", et alors que tout se complique pour lui, la vérité va prendre le dessus, offrant alors une fin exceptionnelle, impossible à deviner mais qui démontre à quel point l'être humain est capable de tout pour sauver les apparences.
Un grand roman policier.