Ed. Folio Gallimard, septembre 1978, 247 pages, 6.8 euros
Ah cette "angoisse vespérale" typiquement masculine!
Jacques
Rainier a tout pour plaire: il a la presque soixantaine fringante, il
est riche, indépendant, et sa nouvelle compagne de 23 ans , Laura, est
folle amoureuse. Mais Rainier est un homme lucide. En effet, à la suite
de confidences d'un associé en affaires, il sait très bien que sa
sexualité "au top" est en sursis, d'où cette "angoisse vespérale" qui ne
le quitte plus, qu'un jour, il devra renoncer à ce qui a de plus
intime. Il a beau se raisonner sur les effets du temps:
"Il m'avait
toujours paru que le vieillissement prépare au vieillissement. Il était,
me semble-t-il, saisons, étapes, signes annonciateurs du
changement,"
Rainier n'arrive plus à vivre normalement. Alors il cherche
des expédients pour contenir l'inéluctable et continuer à avoir une vie
sexuelle normale. Mais les fantasmes ont une limite....
Ce roman est
intéressant car il met en parallèle le déclin sexuel de son héros avec
le déclin de son entreprise florissante jusqu'alors et en proie depuis
aux difficultés financières. De plus, Laura, la maîtresse beaucoup plus
jeune n'est pas celle par qui les angoisses arrivent; elle vit son amour
avec Jacques au jour le jour, et ne semble pas s'alarmer des
défaillances de son amant.
En fait, Romain Gary insiste bien sur le fait
que ce problème est typiquement masculin au delà de l'aspect anatomique
de la chose.
De manière plus générale, la peur de vieillir et de ne
plus profiter des plaisirs de la vie deviennent des sujets bien plus
graves dans le cœur de Jacques que la situation "matérielle" de son
entreprise. Alors, comment lutter contre l'inéluctable?
Lisez donc ce
roman et vous verrez qu'il propose non pas des solutions mais des pistes
de réflexion.