lundi 14 octobre 2013

Histoires du loup qui habite dans ma chambre, Hervé Walbecq

Ed. Ecole des Loisirs, novembre 2012, 112 p. 8,70 €


Un petit garçon dans sa chambre… A partir de cette situation « banale », Hervé Walbecq propose vingt-deux histoires dans lesquelles les objets du quotidien qui peuplent cette pièce prennent vie dans un nouveau monde que l’auteur qualifie lui-même « d’espace atemporel », « un monde fait de fantasmes, de rêves, d’éléments que je ne maîtrise pas ». Ainsi, l’enfant devient le lien entre le réel et l’univers sensible où son imagination débordante prend corps.
Dès le début du recueil, le ton est donné :
« En me réveillant, j’ai aperçu une branche tout contre mon oreiller, je me suis baissé pour la ramasser, j’ai tiré dessus mais alors une grande tige est sortie du sol ».
La chambre devient le lieu de tous les possibles : la nature y reprend ses droits, le vent s’y réfugie, les ampoules sont des lieux de vie, la moquette devient une pelouse que l’on doit tondre régulièrement… Le lecteur est le témoin d’une dispute entre chaussures ou du mal-être des sandalettes d’été qui se sentent abandonnées ! Tout ce qui entoure le petit garçon sert de point de départ à une histoire. Dans « les lettres flottantes », les lettres des livres de bibliothèque se baladent :
« La nuit les petites lettres se décrochent, elles glissent sur les feuilles et se posent sur mon visage. Au réveil, j’ai le front chargé de mystérieux poèmes. Mes paupières sont lourdes de mots déposés ».
Pourtant, à aucun moment, le petit garçon ressent de la peur. Parfois, le lecteur comprend que l’enfant rêve, mais la frontière entre le réel et l’imaginaire reste floue. De plus, l’auteur a privilégié une poésie des mots telle qu’on a l’impression que les histoires sont murmurées au creux de l’oreille, comme les murmures des draps du lit, la nuit :
« Parfois, je ferme les yeux, je ne bouge plus, je fais semblant de dormir et j’écoute leurs rêves ».
Ou comme le vent qui secoue la couette qui sèche dans le jardin, et refuse la séparation lorsque cette dernière rejoint la chambre :
« Alors, triste et malheureux, il retourne au sol, il pense aux jours heureux et il verse des larmes, de longues larmes invisibles.
Des larmes de vent ».
En littérature jeunesse, il est rare de trouver un ouvrage renfermant autant de poésie et d’originalité. L’auteur a su faire la part belle à l’imagination et toucher chaque lecteur en n’utilisant que des objets du quotidien comme héros de ses histoires. Ainsi, sans quitter notre chambre, ses récits nous permettent d’accéder à un autre monde grâce à la musicalité du style employé. Hervé Walbecq a illustré lui-même son livre, proposant des dessins en noir et blanc où la simplicité est en parfaite adéquation avec le contenu du texte. Ainsi, chaque illustration propose des personnages « différents », ni tout à fait semblables ni tout à fait différents de nous, mais qui facilitent l’accès à l’imaginaire.
Par ce merveilleux recueil, l’auteur revendique la possibilité d’un monde fantastique en chacun de nous. Adulte, il a réussi à garder son âme d’enfant, c’est pourquoi, il est juste impossible d’ignorer son univers.

A partir de 9 ans.