Ed. Ecole des Loisirs, novembre 2012, 112 p. 8,70 €
Dès le début du recueil, le ton est donné :
« En me réveillant, j’ai aperçu une
branche tout contre mon oreiller, je me suis baissé pour la ramasser,
j’ai tiré dessus mais alors une grande tige est sortie du sol ».
La chambre devient le lieu de tous les
possibles : la nature y reprend ses droits, le vent s’y réfugie, les
ampoules sont des lieux de vie, la moquette devient une pelouse que l’on
doit tondre régulièrement… Le lecteur est le témoin d’une dispute entre
chaussures ou du mal-être des sandalettes d’été qui se sentent
abandonnées ! Tout ce qui entoure le petit garçon sert de point de
départ à une histoire. Dans « les lettres flottantes », les lettres des
livres de bibliothèque se baladent :
« La nuit les petites lettres
se décrochent, elles glissent sur les feuilles et se posent sur mon
visage. Au réveil, j’ai le front chargé de mystérieux poèmes. Mes
paupières sont lourdes de mots déposés ».
Pourtant, à aucun moment, le petit
garçon ressent de la peur. Parfois, le lecteur comprend que l’enfant
rêve, mais la frontière entre le réel et l’imaginaire reste floue. De
plus, l’auteur a privilégié une poésie des mots telle qu’on a
l’impression que les histoires sont murmurées au creux de l’oreille,
comme les murmures des draps du lit, la nuit :
« Parfois, je ferme les yeux, je ne bouge plus, je fais semblant de dormir et j’écoute leurs rêves ».
Ou comme le vent qui secoue la couette
qui sèche dans le jardin, et refuse la séparation lorsque cette dernière
rejoint la chambre :
« Alors, triste et malheureux, il
retourne au sol, il pense aux jours heureux et il verse des larmes, de
longues larmes invisibles.
Des larmes de vent ».
En littérature jeunesse, il est rare de
trouver un ouvrage renfermant autant de poésie et d’originalité.
L’auteur a su faire la part belle à l’imagination et toucher chaque
lecteur en n’utilisant que des objets du quotidien comme héros de ses
histoires. Ainsi, sans quitter notre chambre, ses récits nous permettent
d’accéder à un autre monde grâce à la musicalité du style employé.
Hervé Walbecq a illustré lui-même son livre, proposant des dessins en
noir et blanc où la simplicité est en parfaite adéquation avec le
contenu du texte. Ainsi, chaque illustration propose des personnages
« différents », ni tout à fait semblables ni tout à fait différents de
nous, mais qui facilitent l’accès à l’imaginaire.
Par ce merveilleux recueil, l’auteur
revendique la possibilité d’un monde fantastique en chacun de nous.
Adulte, il a réussi à garder son âme d’enfant, c’est pourquoi, il est
juste impossible d’ignorer son univers.
A partir de 9 ans.