tag:blogger.com,1999:blog-4460285949391813222024-03-29T06:30:32.122+01:00Fragments de lecture...Les chroniques littéraires de Virginie NeufvilleVIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comBlogger1746125tag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-25431703730989216512024-03-29T06:30:00.288+01:002024-03-29T06:30:00.140+01:00FRAGMENTS D'ETUDE : PAUL AUSTER (8) Jeux de dupes<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFQs605IrtOH8HOtcpJp0fceWiuHmFfwJzuG6mPjH_fVWMszAx6lCvg6glZAst7DBKvcCyY0ZXlD4JLB-6Uqs_frGHhzo4bkYIBo75mqNqwVFfP6QXanuurcKMsCNxHGb9rxhKcDItOPvY2SsI9VSVHjEsGzafb9rZ5VZ_qk9yeaLl5UTdvki8SjuWSrQ/s4000/original_e25984ce-044c-4134-86b8-e743a9033171_20240317_085333.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4000" data-original-width="3000" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFQs605IrtOH8HOtcpJp0fceWiuHmFfwJzuG6mPjH_fVWMszAx6lCvg6glZAst7DBKvcCyY0ZXlD4JLB-6Uqs_frGHhzo4bkYIBo75mqNqwVFfP6QXanuurcKMsCNxHGb9rxhKcDItOPvY2SsI9VSVHjEsGzafb9rZ5VZ_qk9yeaLl5UTdvki8SjuWSrQ/w300-h400/original_e25984ce-044c-4134-86b8-e743a9033171_20240317_085333.jpg" width="300" /></a></div><br /><p></p><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ces treizième et quatorzième romans sont des exemples d'une caractéristique narrative propre au style de Paul Auster : les récits emboités. Les uns appellent cela des récits gigognes d'autres les récits enchâssés mais dans tous les cas le but est d'offrir, </span><span style="font-family: verdana; font-size: large;">d'une part, </span><span style="font-family: verdana; font-size: large;">une multiplicité de points de vue, et d'autre part, d'embrouiller sciemment le lecteur dans les méandres de la narration pour s'y retrouver à la fin.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Adam Walker et Milles Heller sont tous les deux des anti-héros, jeunes et beaux avec l'avenir devant eux si un événement traumatisant n'était pas devenu un obstacle à leurs ambitions. Pour l'un c'est la rencontre d'un drôle de couple, Margot et Born, pour l'autre, la perte du demi-frère par alliance dont il se sent coupable.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"La vérité, c'est que je n'avais jamais rencontré des gens comme eux, et parce qu'ils m'étaient tous deux parfaitement étrangers, qu'ils me faisaient un effet tellement inhabituel, plus je parlais avec eux, plus ils me semblaient devenir irréels - Comme s'ils avaient été des personnages imaginaires dans une histoire qui se serait passée dans ma tête" <b><u>(Invisible)</u></b></i></blockquote><p>Les trames narratives sont construites autour de ces deux événements et optent tous les deux pour une multiplicité de points de vue, grâce à l'alternance de chapitres, afin de donner au lecteur le recul nécessaire sur la vraisemblance de ce qui s'y joue. Dans <i><b>Invisible</b></i>, une histoire de manuscrit donne de l'épaisseur à l'intrigue. Qui est vraiment qui ? Où est la vérité ? Où se cache la fiction ? L'ami-écrivain chargé de mettre en forme les notes du narrateur n'est-il pas finalement qu'un subterfuge narratif ?</p></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Invisible</i></b> et <b><i>Sunset Park</i></b> offrent des décors en adéquation avec les états d'âme des héros. Alors qu'<b><i>Invisible</i></b> fait voyager le lecteur en France, <b><i>Sunset Park</i></b> reste en Amérique, ouvrant et fermant le roman sur ces maisons abandonnées à cause de la crise des subprimes.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><blockquote>"Il y a quelque chose de mort à cet endroit, trouve-t-il, le vide lugubre de la pauvreté et du dur combat des immigrés, c'est une zone sans banques ni librairies (...) c'est un petit monde à l'écart du monde, et le temps y passe si lentement que peu nombreux sont les gens qui se soucient de porter une montre".</blockquote></i></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ces décors sont des faux-semblants, théâtres de vies qui s'y jouent et modèlent les destins. Dans l'un, c'est le meurtre gratuit d'un noir après une tentative de vol, dans l'autre, c'est la fuite pour éviter un odieux chantage. Les personnages tentent de devenir invisibles au yeux des autres pour les préserver et ont des idées bien arrêtées sur le sens de la justice.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><blockquote>"De la poésie à la justice, alors. Justice poétique, si tu veux. car la triste réalité demeure. Il y a beaucoup plus de poésie en ce monde que de justice".</blockquote></i></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Une chose est sûre, les personnages secondaires donnent de la profondeur à l'ensemble des textes. Sans eux, Adam Walker et Miles Heller auraient peu d'épaisseur, ne sachant pas quoi faire d'eux-mêmes, envisageant même de <i>"se désintégrer". </i>Par leurs délires et leurs extravagances - et on pensera avec affection à Harry Brightman dans <i><b>Brooklyn Follies (</b></i>Actes Sud), Born et Bing Nathan donnent du ressort à la narration.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote style="font-style: italic;">"A force de l'écouter délirer de la sorte, je me sentais prise de pitié pour lui. Aussi affreuse que fut sa vision du monde, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver de la compassion pour un homme qui avait sombré dans un tel pessimisme, qui esquivait si délibérément toute possibilité de trouver chez ses semblables un minimum de miséricorde". (A propos de Born dans <b>Invisible</b>)</blockquote><blockquote><p><i>"</i><span style="font-style: italic;"> C'est le chevalier de l'indignation, le champion du mécontentement, le pourfendeur militant de la vie contemporaine, et il rêve de forger une réalité nouvelle sur les ruines du monde qui a échoué".</span><i> (A propos de Bing Nathan dans </i><b><i>Sunset Park</i></b><i>)</i></p></blockquote><p>Ces jeux de dupes brouillent les intrigues mais mettent en évidence une théorie portée par Paul Auster et qu'il exprime par l'intermédiaire de la voix de Morris Heller, le père de Miles :</p><blockquote><i><blockquote>"Nous ne devenons pas plus forts avec les années. L'accumulation de souffrances et de chagrin affaiblit notre capacité à supporter d'autres souffrances et d'autres chagrins".</blockquote></i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"La sensation étrange et dérangeante qu'il donnait d'être là et en même temps de ne pas y être" </i>imprime chaque acteur de ces deux romans. Ils visitent ou habitent dans des maisons abandonnées, des hôtels de fortune, ils errent dans les rues de Brooklyn de Paris ou de Floride tentant d'être invisibles à leurs familles, leurs amis et à eux-mêmes. Chacun joue un rôle sans parfois vraiment en être conscients sauf peut-être la mère de Miles, Mary-Lee Swann, actrice connue et reconnue, qui incarne une "<i>Willie splendide</i>" dans une mise en scène de <i>Oh les beaux jours</i> de Beckett. La seule qui accepte d'être en pleine lumière.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Alors que les histoires sont différentes, ces deux romans sont étroitement liés. Paul Auster y excelle dans les faux-semblants et autres subterfuges. On se laisse emporter, on adore se faire berner, on veut juste y croire jusqu'à la fin pour apprécier la virtuosité narrative.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Invisible</b></i> traduit par Christine Le Boeuf (Actes Sud)</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Sunset Park</i></b> traduit par Pierre Furlan (Actes Sud)</span></div><div><br /></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-63333163148714923632024-03-26T06:30:00.155+01:002024-03-26T06:34:33.900+01:00Slender Man<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv1AVtUpqVm5S2m6AUEg6cksh3QaDnzKBOUox4FjfSt7aSjxaOCzbCu3bVGNoEgW9wSjiZl1hyx_bnsgHWhCsa4pFFjrvaUvHzni4doc-FHmfhyPvtKfyJZPgnj_T9EW4z8qKZQF5SQWUR_Fpv2d1MvI_LZnJgdOcLMfJkm0rYCil0fzujAYJVZ87gSEc/s800/A1z5fc2+vsL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="517" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv1AVtUpqVm5S2m6AUEg6cksh3QaDnzKBOUox4FjfSt7aSjxaOCzbCu3bVGNoEgW9wSjiZl1hyx_bnsgHWhCsa4pFFjrvaUvHzni4doc-FHmfhyPvtKfyJZPgnj_T9EW4z8qKZQF5SQWUR_Fpv2d1MvI_LZnJgdOcLMfJkm0rYCil0fzujAYJVZ87gSEc/w259-h400/A1z5fc2+vsL._SL1500_.jpg" width="259" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Le mal se cache partout y compris chez ceux qu'on soupçonnerait le moins. En cela, le dernier roman de Stephen King m'a rappelé un roman de Pascal Brukner, Prix Renaudot 1997, <a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2014/09/les-voleurs-de-beaute-pascal-bruckner.html" target="_blank">Les voleurs de Beauté</a> <u>(</u>Le Livre de Poche) dans lequel il était déjà question de corps et de vieillesse.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans une petite ville du Mid West qui peut se targuer d'avoir un parc presque aussi grand que Central Park, des jeunes gens sans points communs apparents disparaissent. Holly, désormais l'enquêtrice principale de Finder Keepers depuis la disparition de son mentor Bill Hodges, est engagée par la mère de la dernière disparue, Bonnie Dahl.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'intrigue pourrait être ronronnante voire pénible puisque très vite on comprend qui sont ceux qui sévissent dans le quartier de Red Bank. Ils sont deux et hors de tout soupçon : un couple d'universitaires à la retraite, connu et reconnu même si une fois la porte de leur maison du 93 Ridge Road se referme, Emily et Roddy Harris vomissent leur haine du monde.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Holly</b></i> est avant tout un roman très politique. Stephen King place son histoire essentiellement en 2021, en pleine tourmente Covid, avec les sceptiques complotistes d'un côté et ceux touchés de près ou de loin par la maladie de l'autre. Justement Holly vient de perdre sa mère, emportée par le Covid. Elle suit scrupuleusement les gestes barrières et évacue son stress permanent par un usage compulsif de la cigarette. A travers ses rencontres pour le besoin de l'enquête, c'est toute la société américaine et la présidence de Trump qui sont passées à la moulinette narrative de l'auteur. En cela, l'arrière-plan du roman est très intéressant.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Mais revenons à l'histoire elle-même. Lectrice depuis longtemps de Stephen King, j'ai parfois étais déçue voire même très déçue. <i><b>Holly</b></i> fait partie de ma short list des romans réussis. La fin - Et on sait que chez Stephen King elle peut être très décevante, comme dans Dôme par exemple - est particulièrement soignée et réussie. Holly, héroïne bien malgré elle, porte le roman à elle toute seule. La jeune femme qui a subi <i>"une enfance malheureuse et solitaire"</i> tente de travailler sa confiance en soi alors qu'elle vient de perdre sa mère, son pilier qui vampirisait sa vie et dont le mantra était <i>"N'oublie pas à qui tu appartiens"</i>.</span></div><div><br /></div><div>Enquêter sur la disparition inquiétante de Bonnie Dahl lui permet de se recentrer. Comme <i>"Il n'existe pas de torture plus raffinée que l'espoir", </i>Holly ne lâche rien et va aller de découverte en découverte pour enfin affronter ce couple habité par un Mal <i>"à la fois prosaïque et extravagant"</i>.</div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i><blockquote><i>"La viande est sacramentelle. Le foie est sacramentel".</i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">On nage en pleine théorie complotiste, mais c'est cela finalement que Stephen King dénonce. La croyance en des choses absurdes, véhiculée par des gens qui semblent bien sous tout rapport, et qui facilite le passage à l'acte.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="font-weight: bold;">Holly </i>remplit son contrat et l'auteur tient là un personnage féminin fort, plausible et prêt à résoudre d'autres mystères.</span></div><div><br /></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div>Ed. Albin Michel, mars 2024, traduit de l'anglais (USA) par Jean Esch, 524 pages, 24.90€</div></span><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre éponyme</span><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-69340565982398247022024-03-21T06:30:00.236+01:002024-03-21T06:30:00.133+01:00Résilience<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5Ur00dW_Z4MTgcM4LB-B_S-wFuEi-m_g-3euT37DGmFDk7aJ0e7JtM8emU5jzmxRldHtnULdRkV7A_04YBvBnpiqol7QvwVYTikQPVnldCkC9SDE_3F6Eh01w2v2CSawAMrzNvnnMZkpvYrhR1Z3eFActNnostalYYG6XonHgvgAKR1U_jGSOS1-GcmI/s1500/81OZAri5CsL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1022" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5Ur00dW_Z4MTgcM4LB-B_S-wFuEi-m_g-3euT37DGmFDk7aJ0e7JtM8emU5jzmxRldHtnULdRkV7A_04YBvBnpiqol7QvwVYTikQPVnldCkC9SDE_3F6Eh01w2v2CSawAMrzNvnnMZkpvYrhR1Z3eFActNnostalYYG6XonHgvgAKR1U_jGSOS1-GcmI/w273-h400/81OZAri5CsL._SL1500_.jpg" width="273" /></a></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /><blockquote><i>"Pauvres mômes. On est censés dire, regardez-les, ils ont fait de mauvais chois qui les ont conduits dans une vie de misère. Mais des vies se vivent-là, en cet instant précis, se glissant entre les brossez-vous les dents, les bonne-nuit-les-petits et les chariots de supermarché remplis à ras bord, où ces mots n'ont pas cours. Des enfants, des choix. Ils étaient déjà pourris les matériaux avec lesquels on devait déjà construire notre vie (...) parce que nos parents s'étaient tirés quelque part et avaient tout laissé entre nos mains".</i></blockquote></span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Deux mots résument ce grand roman : déterminisme et résilience. Damon Fields, alias Demon Copperhead (en hommage à son père) est sorti du ventre de sa mère alors que cette dernière était en plein trip d'opiacés. A sa naissance, l'enveloppe du sac amniotique le protégeait encore, ce qui lui a valu la croyance selon laquelle il ne pourrait jamais mourir noyé. Demon et l'eau, c'est une grande histoire d'amour. Il rêve un jour de contempler l'océan, lui le pauvre gamin du comté de Lee, au sud-est des Etats-Unis, qui grandit dans un mobil home de fortune et s'occupe, en petit homme, de sa mère, femme enfant en constante lutte contre ses démons. Heureusement il y a la vieille voisine, Mrs Peggot.</span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Tu te couches avec des serpents, tu te réveilles avec du venin".</i></blockquote><br /></span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et puis un jour, tout s'effondre. Demon est placé dans des familles d'accueil qui n'ont de famille que le nom rassurant, voyant de loin en loin sa mère, fraîchement mariée avec un homme brutal qui avait pris en grippe le petit garçon. Il n'a que dix ans.</span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><blockquote>"J'attends toujours de rencontrer la grande chose qui ne va pas m'avaler tout cru".</blockquote></i></span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Quand sa mère meurt, il n'a plus que Maggot son ami d'enfance et la famille de Mrs Peggot sur qui compter.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"A l'enterrement de maman elle avait été plus ma famille que n'importe qui d'autre dans ma vie"</i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ils sont ses souvenirs d'enfance les plus heureux et ils incarnent une stabilité qu'il n'a jamais connue même si, de leur côté, ils ont aussi leur lot de déboires. Mais c'est comme ça dans le comté de Lee, on est davantage dans la survie. Heureusement sa passion pour le dessin et son recul sur le monde le sauvent.</span></div><div><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Les miens sont morts d'avoir essayé, ou pas loin, accros que nous sommes à l'idée de rester en vie. Il n'y a plus de sang à donner ici, juste des blessures de guerre. La folie. Un monde de douleur, qui attend qu'on l'achève".</span></i></blockquote></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'instinct de survie, c'est justement ce qui va sauver Demon. Il fugue pour rejoindre la maison de sa grand-mère paternelle. A partir de là, l'adolescent va vivre quelques années où il sera protégé de la misère, de la rue et de l'exploitation. Il deviendra même un athlète émérite, seulement, ses démons ne sont jamais loin. Son jeune entourage est ravagé par la crise des opioïdes et lui même, après une blessure pendant un match, sombre lentement mais sûrement. Il devient accro.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></div><blockquote><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Je suis né comme ça, j'en veux toujours plus. Pas de petit coin de pêche pour Demon, il veut l'océan tout entier. Et sauter par dessus bord. (...) Cette histoire que je raconte, c'est pour y voir plus clair. C'est une maladie (...) très bien. Mais d'où est-ce que ça vient, ce manque, cette maladie ? De la manière d'où je suis né, de ceux qui m'ont fait, ou des gens avec qui j'ai traîné plus tard ?</span></i></div></blockquote><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Où commence la route vers la perdition"? </i>se demande Demon. C'est pour cela qu'il a décidé d'écrire l'histoire de sa vie (bien remplie) alors qu'il est un jeune homme désintoxiqué. Sa route est parsemée de disparitions, de galères, de pertes. On a l'impression que c'est un vieil homme tant il a vécu d'événements qui ont nivelé l'homme qu'il est devenu. Demon est l'incarnation de la lutte constante contre le déterminisme social, cette maladie.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Autrefois nous menions une vie honnête, consacrée toute entière à Dieu et au pays. Puis le monde a changé. Désormais, il n'y a plus de Dieu, plus de pays, mais l'idée que le charbon est un don de Dieu, tu l'as toujours dans le sang et tu as envie d'y croire. Parce que sinon c'est une arnaque de plus à bord de ce train qui a sillonné nos montagnes depuis que George Washington est passé et a mis son équipe au boulot pour abattre nos arbres".</i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est un résilient. Comme lui a expliqué son professeur <i>"c</i><i>'est pas quelque chose qui a besoin d'être réparé. ca veut dire fort. Au-delà de toute espérance"</i>. Il a rencontré dans sa lutte des bonnes personnes qui l'ont guidé vers un avenir possible et l'ont aidé à voir en lui autre chose qu'un <i>"péquenaud"</i> ou un <i>"plouc"</i>.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Demon Copperhead </b></i>est l'histoire d'un garçon à l'enfance ravagée qui va devenir un homme qui a vécu mais qui a espoir. Il grandi dans une Amérique invisible dans laquelle la réussite à l'américaine a fui depuis longtemps. A travers sa destinée, c'est le récit de multiples failles systémiques dans l'aide sociale à l'enfance, la protection de mineurs, la crise des opioïdes et ses conséquences, traversé cependant par des moments de petits bonheurs quotidiens qu'on garde précieusement, comme l'envol d'un cerf-volant rempli de citations shakespeariennes, de tête-à-tête avec Angus, la fille qu'on considère comme sa sœur, ou de jeux dans le ruisseau avec Maggot.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ce roman nous attendrit, nous révolte, nous interpelle. On a envie d'adopter ce petit garçon aux cheveux roux pour lui dire <i>"oui, une vraie famille, c'est possible".</i></span></div><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></i></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Un grand et beau roman.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Albin Michel, collection Terres d'Amérique, traduit de l'anglais (USA) par Martine Aubert, 624 pages, 23.90€</span></div></div><div><div><p></p></div></div></div></div></div></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-17467421257494377272024-03-18T06:30:00.119+01:002024-03-18T06:30:00.447+01:00Vengeance<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuxIzbtxNYtYcBf7mPY5vOAagg_58P98abD2U2l6anBdwUyiW3c5iV2iXvmOD4yWOf7T7joEUO159l5Wt2PDaV8Mcr8CUPnbwglnDcl34IWIvXw86z5n2HU_hhnXhnyKpHmBRSXKUTCofOyWmu2whmMVqaiU2vIkesdzNnV4RS0Kl0-6BDxhDJqJV3jso/s1500/71gjx9X4pcL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1028" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuxIzbtxNYtYcBf7mPY5vOAagg_58P98abD2U2l6anBdwUyiW3c5iV2iXvmOD4yWOf7T7joEUO159l5Wt2PDaV8Mcr8CUPnbwglnDcl34IWIvXw86z5n2HU_hhnXhnyKpHmBRSXKUTCofOyWmu2whmMVqaiU2vIkesdzNnV4RS0Kl0-6BDxhDJqJV3jso/w274-h400/71gjx9X4pcL._SL1500_.jpg" width="274" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans ce second opus de la trilogie de Chris Offutt, on retrouve Mike Hardin et sa sœur Linda, Shérif du comté, personnages qui s'étaient déjà illustrés dans <i><b><a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2022/05/kentucky-mon-amour.html" target="_blank">Les Gens des collines</a></b></i> (Gallmeister, mai 2022)</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Après une blessure en Afghanistan, Mike est de retour en convalescence au Kentucky. Il squatte chez sa sœur Linda, en pleine campagne électorale pour renouveler son poste de shérif.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Mike est aimé dans le coin, justement parce que c'est un taiseux qui ne s'occupe que de ce qui le regarde. C'est pour cela que Shifty Kissick, la mère d'un dealer local retrouvé mort dans de mystérieuses conditions, fait appel à lui. Barney, alias Fuckin' Barney est mort, en dehors de son territoire, et avec des sachets de drogues qui ne lui appartenaient pas. Mme Kissick est une femme coriace et pour cela, Mike décide d'enquêter tout en tentant de ne pas marcher sur les plate bandes de sa soeur.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><br /></i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Dans les collines, la mort était une forme de nivellement social porteuse de formes complexes de respect".</span></i></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Très vite, Mike se rend compte que cette affaire est extérieure. Les gens des collines obéissent à un code et justement ce meurtre en obéit à aucun. De plus, quelques temps après, c'est au tour du petit frère de Barney de disparaître. Il ne reste plus que le grand frère, Raymond, soldat d'élite, qui va aider Mike à faire éclater la vérité.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Pour Mike, chercher la vérité c'est aussi oublier que sa vie personnelle n'est qu'un désastre. Il est en instance de divorce, il comble sa solitude à coups d'antidouleurs pour soulager sa jambe blessée et enfin, il ne sait pas comment cohabiter le plus naturellement possible avec Linda, peu encline au dialogue fraternel.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Sa présence était une force palpable, comme s'il emplissait tout l'espace avec son âme blessée. Elle l'aimait, mais elle préférait vivre seule".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Alors Mike se donne corps et âme à la résolution des meurtres des frères Kissick. Auprès de Raymond, il tente de démontrer que la vengeance est un plat qui se mange froid.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i><blockquote><i>"Raymond voudrait se venger. C'était le code des collines, qu'il essayait les autres de suivre, un chemin qui pouvait conduire à un bain de sang sur plusieurs générations, un chemin sur lequel il se trouvait lui-même engagé".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Il n'y a rien à faire, Mike fait partie intégrante de ce comté où il a grandi, malgré son éloignement professionnel.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><blockquote>"Il avait beau essayé de s'en éloigner, il était lié aux collines".</blockquote></i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Mais quand on découvre que les faits sont liés à des <i>"extérieurs"</i> au comté, ignorants des codes des collines et en proie à la destruction du paysage naturel (par la fracture hydraulique de schiste), Mike a trouvé un nouveau combat qui lui permettra non seulement d'apaiser le cœur de Mme Kissick mais aussi lui faire croire, un temps, qu'il n'est pas aussi mauvais qu'il veut bien le croire...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b style="font-style: italic;">Les Fils de Shifty</b> tape dans le mille. L'ensemble est très bien orchestré. Sous l'enquête rondement menée on retrouve les aspects sociétaux de l'Amérique profonde qui donnent de la dimension à la narration. L'Amérique a des lois, le Kentucky des codes. Et dans ce comté où tout le monde se connaît il ne faut pas oublier d'où on vient et pour qui on bosse. Changer de trajectoire ou trahir ne sont pas des possibilités. Mike Hardin est profondément lié à son chez soi. Encore une fois, à travers ce héros malgré lui rempli de contradictions, Chris Offutt propose un roman fort et engagé.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Gallmeister, janvier 2024, traduit de l'anglais (USA) par Anatole Pons-Reumaux, 288 pages, 23.50€</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <i><b>Shifty's Boys</b></i></span></div><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-32445139237430661092024-03-15T06:30:00.012+01:002024-03-15T06:30:00.246+01:00"Territoire de mort"<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjz-w_ezVhyB47G-hneejYBKfrtWul6SkD0mXF5YA-N61TQ0ItQEmxGuYxLP7fsDgRT6QOV-vvHMScPK7z88mX__EEBb0RQrv9u_YzXg0SPS2XtNE1PGFv_MgIiqdRKytSuiJt3EvHtStf9Doc4zHvnLy65hMEfkV_dYbkqqvsr2WnvpBqltQla3Dbxj50/s1277/71FoC3WaNhL._SL1277_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1277" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjz-w_ezVhyB47G-hneejYBKfrtWul6SkD0mXF5YA-N61TQ0ItQEmxGuYxLP7fsDgRT6QOV-vvHMScPK7z88mX__EEBb0RQrv9u_YzXg0SPS2XtNE1PGFv_MgIiqdRKytSuiJt3EvHtStf9Doc4zHvnLy65hMEfkV_dYbkqqvsr2WnvpBqltQla3Dbxj50/w250-h400/71FoC3WaNhL._SL1277_.jpg" width="250" /></a></div><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans la maison noire, lugubre, insalubre avec le temps, un petit garçon est retrouvé pendu. Cette tragédie est le point de départ d'un roman étrange dont le héros malgré lui, Wakatsuki, employé modèle d'une grosse société d'assurance, va être au centre d'une histoire cauchemardesque.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est Wakatsuki qui découvre le corps de l'enfant alors qu'il devait s'entretenir avec ses parents, à la demande de ces derniers. Cette découverte lui rappelle de mauvais souvenirs qui le hantent souvent dans son sommeil, la disparition de son grand frère quelques années en arrière, en proie à du harcèlement systématique à l'école.</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Wakatsuki connaissait la véritable nature du sentiment de culpabilité. Car il avait laissé mourir son grand frère, son seul frère, sans bouger le petit doigt".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Au-delà de cette expérience intime, c'est la réaction du père, Komoda, qui le perturbe ou plutôt son manque de réaction puis les jours suivants ses requêtes incessantes pour récupérer la prime d'assurance.</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Il ne regardait pas le corps. Je suis désolé de le dire ainsi mais... J'ai vraiment eu l'impression qu'il était plus intéressé par ma réaction que par l'enfant".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les assurances sont un pilier de l'économie nippone. Les japonais dépensent de grosses sommes chaque mois pour des primes diverses et variées dont ils ne sont plus très sûres qu'ils bénéficieront un jour. De fait, les fausses déclarations pour recevoir un dédommagement se multiplient et les employés des cabinets d'assurances sont formés et aguerris pour traquer les fraudeurs. Wakatsuki en fait partie et cette affaire dont il a été témoin devient personnelle quand il se rend compte que la police préfère la classer plutôt que d'enquêter sur les parents de l'enfant. Komoda se présente chaque jour au bureau pour réclamer son dû, s'assoit <i>"sans bouger un cil", </i>tandis que Madame, indifférente à tout, semble avoir tourné la page bien top vite. Une véritable veuve noire...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Plus l'enquête progresse plus la réalité de ce qui est découvert est profondément dérangeante. L'auteur entre dans les méandres déviantes de la psyché humaine et entraîne le lecteur avec lui. Wakatsuki a de plus en plus de mal à supporter ce qu'il découvre ; ses nuits sont remplies de terreur.</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">" Depuis qu'il avait vu le cadavre de Kazuya, des cauchemars revenaient le hanter chaque nuit. Toujours exactement les mêmes, comme s'ils avaient été moulés à la chaîne".</span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Je n'avais pas réussi à lire jusqu'au bout <b><i>La Leçon du mal</i></b>, le précédent roman de Yûsuke Kishi. Cette fois-ci, <b><i>La Maison Noire</i></b> a retenu mon attention jusqu'à la fin car non seulement je n'arrivais pas à deviner la situation finale de l'intrigue pendant ma lecture mais en plus le personnage torturé de Wakatsuki m'intéressait beaucoup. ce sont eux qui tiennent de bout en bout la trame narrative. Pour cela, l'auteur n'a pas lésiné à en faire des êtres complexes souvent torturés, en proie à leur vécu.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">En arrière plan, c'est une critique sociétale acide de la société nippone dans laquelle l'auteur n'hésite pas à pointer du doigt ses dysfonctionnements.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Belfond, février 204, traduit du japonais par Daine Durocher, 304 pages, 22€</span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>KUROI IE</i></b></span><br /><p></p></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-54748961521795977672024-03-12T06:30:00.126+01:002024-03-12T06:50:05.980+01:00Sunshine Home<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk13xudP2_uUdQFVJUP_aTCZrBTvdVgWwHepF50ZLbSwHcZluF9tuR_ZSW1LsMWTWrcs4gusE93GvFNJ0j0P4AsZi-bK_tt0CWr-rhzBMm8CpMuNpyM3hleeDyjq77QSdf7WHJ4pNeV8wqj5Q4suP-emlDW3Jm0xeQQaAefAn8zg_r0Q4w3rpUfUkachI/s1021/61b9dBnkLVL._SL1021_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1021" data-original-width="617" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk13xudP2_uUdQFVJUP_aTCZrBTvdVgWwHepF50ZLbSwHcZluF9tuR_ZSW1LsMWTWrcs4gusE93GvFNJ0j0P4AsZi-bK_tt0CWr-rhzBMm8CpMuNpyM3hleeDyjq77QSdf7WHJ4pNeV8wqj5Q4suP-emlDW3Jm0xeQQaAefAn8zg_r0Q4w3rpUfUkachI/w241-h400/61b9dBnkLVL._SL1021_.jpg" width="241" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Quel est donc ce Royaume enchanté dont parle Harley Mann tout au long de quinze bobines audio retrouvées par l'auteur dans un misérable carton, dans la cave de la <i>Bibliothèque Veterans Memorial </i>de St. Cloud ?</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est ce que raconte le dernier roman de Russel Banks, disparu en janvier 2023 et qui, à lui tout seul, narre une histoire de l'Amérique méconnue dans laquelle une utopie en chasse une autre.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est la voix d'un certain Harley Mann qui est enregistrée en 1971. Cet homme devenu vieux relate sa vie depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, brinqueballé avec sa mère et ses frères et sœurs dans divers lieux pour "atterrir" dans une communauté Shakers en Nouvelle-Béthanie, sur les terres qui deviendront celles où sera bâti longtemps après Disney World.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">De ses plus anciens souvenirs remontant à 1902, Harley raconte une Amérique dans laquelle des familles sont exploitées comme des esclaves dans des plantations gigantesques et où des laissés-pour-compte tentent de reconstruire une vie dans des communautés puritaines utopistes mais mortes nées puisque vouées à la pureté et à la séparation des hommes et des femmes.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et pourtant Harley et sa famille doivent beaucoup à la communauté Shakers de Nouvelle-Béthanie, au sud d'Orlando, qui les a sauvés de la misère. Elle incarne l'espoir tant exprimé intérieurement.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Nous sommes devenus plus ou moins muets tous les cinq. C'est ce qui se produits chez ceux qui sont totalement vaincus. Ils cessent de parler. Se plaindre serait exprimer l'espoir que la situation s'améliore. Nous n'avions pas cet espoir".</span></i></blockquote></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Promis à devenir Shakers par la suite, la famille Mann retrouve un équilibre tant recherché depuis la mort du père quelques années plus tôt. Dirigés par Aîné John Bennett et Aîné Mary Glynn, les Shakers sont d'habiles agriculteurs qui tentent d'accueillir de nouveaux adeptes à défaut de vouloir se reproduire.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Très vite l'Aîné John devient une figure paternelle pour le jeune Harley dont le père en avait fait le chef de famille. Alors que son jumeau Spence excelle dans le dressage de chevaux, il devient expert en abeilles et entretient le rucher de la communauté. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote>"C'était le royaume enchanté des Shakers et le mien".</blockquote></span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La force du récit est due à de nombreuses pages expliquant les règles et les engagements de ce groupe puritain vivant autour de trois grands dogmes : pureté, communauté et séparation. Or tout ceci est utopique. Harley grandit et est en proie au doute. Il n'a pas encore prononcé ses vœux, c'est un promis mais il n'a pas la foi et surtout, il ressent de l'attirance pour Sadie Pratt, jeune fille venue de l'extérieure et accueillie en invitée pour se soulager sa tuberculose.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Je crois que la plupart des gens gardent un souvenir clair et détaillé d'un lieu lorsqu'il s'y est produit un événement qui a changé leur vie sans qu'ils en comprennent le sens sur le moment, un lieu où régnait la confusion et se manifestaient de turbulentes émotions, où tout était pris dans un grand flux sauf le lieu lui-même".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Cette rencontre va transformer à jamais le jeune homme. Sadie <i>"était comme un pont vers le Monde", </i>la possibilité d'autre chose en dehors de la communauté. Justement le Monde, celui où les Shakers vendent leurs produits et tentent de recruter alors qu'ils le rejettent. L'attirance du départ va devenir obsessionnel le jour où ils vont échanger leur premier baiser.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote>"Un long baiser affamé, dévorant, et pendant ce baiser j'ai su que tout était désormais différent, que ce moment existerait toujours, que le restant de ma vie se diviserait entre l'avant et l'après de ce moment".</blockquote></span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A partir de ce moment, le roman bascule. Harley est emporté par de sentiments qui le submergent et qu'il ne contrôle pas. Impossible pour lui de se confier à quiconque. De plus son jumeau quitte la Nouvelle-Béthanie pour tenter sa chance à l'Ouest, en tant que Cow-Boy. Le Royaume enchanté s'effondre de toute part. Et si Aîné John n'était pas finalement le rival de Harley, lui qui est tant attentionné envers Sadie ?</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>Le Royaume Enchanté</i> est le roman d'une utopie et celui d'un homme devenu vieux, <i>"solitaire isolé, une monade"</i>. L'utopie shaker a été remplacée, sur les mêmes terres, par celle de Disney. En creux, Russel Banks dénonce cette Amérique qui vend du rêve alors qu'il n'y a rien finalement, que du vide.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Après une déchirure dans le tissu de ma vie, demeuraient encore les lambeaux d'étoffe qui pourraient un jour être rattachés, et alors le monde serait de nouveau restauré".</span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Chaque chapitre est une bobine. Chaque bobine est un récit. Chaque récit est une déflagration de souvenirs. Au centre, un homme que tout le monde a oublié alors qu'il est un témoin majeur de son temps. Et Russel Banks, par la force de la fiction et de la mise en abîme, le ressuscite.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est un roman enchanté et enchanteur.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: large;">Ed. Actes Sud, janvier 2024, traduit de l'anglais (USA) par Pierre Furlan, 400 pages, 23.50€</span></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>The Magic Kingdom</i></b><br /> </span><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-22042934807726428002024-02-22T06:30:00.029+01:002024-02-22T06:30:00.128+01:00RUE DES ALBUMS (145) P'tits bouts d'histoires<p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans mon village, une fois par mois, une association propose aux petits et grands de venir écouter des histoires.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Au départ, elles étaient deux jeunes mamans, Charlotte et Marie-Pierre, et puis Suzie est arrivée pour ajouter la touche de relaxation.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Maintenant, <i>P'tits bouts d'histoires</i> a trouvé son rythme et accueille une quinzaine d'enfants (souvent des maternelles mais pas que) et quelques parents.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Le déroulement est bien rôdé : préparation à l'écoute avec Suzie (relaxation, centrage de son corps, accueil du silence et de l'attention) puis Charlotte et Marie-Pierre présentent toujours trois albums articulés autour d'un thème commun. Cette fois-ci c'était le SILENCE.</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9TFrq8QUBQJFynRWBoksBtVcckCN6dWRMcy7xyI5Q80n9BlA90SjBZsKVBOfQzJ3_Nyhlp9dqFX__k8mUMbiMF1SDjBcV5kPucMl1SCwlMI6U4ZTFxe4hc8oiMPZKl6TwYVZlDzC75XB2MFK6b0m3wNffkdmpdTAEbz0tkOymmjJ9F7NtNWR77xIqnnU/s754/Capture%20d'%C3%A9cran%202024-02-18%20113808.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="290" data-original-width="754" height="246" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9TFrq8QUBQJFynRWBoksBtVcckCN6dWRMcy7xyI5Q80n9BlA90SjBZsKVBOfQzJ3_Nyhlp9dqFX__k8mUMbiMF1SDjBcV5kPucMl1SCwlMI6U4ZTFxe4hc8oiMPZKl6TwYVZlDzC75XB2MFK6b0m3wNffkdmpdTAEbz0tkOymmjJ9F7NtNWR77xIqnnU/w640-h246/Capture%20d'%C3%A9cran%202024-02-18%20113808.png" width="640" /></span></a></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Ne Chatouille jamais pas un tigre !</i></b> (Nathan Jeunesse, 2016) raconte comment Suzie, petite fille intrépide qui se moque des recommandations des adultes, met tout le monde dans une situation inédite (même les animaux) lors d'une visite au zoo. Au moins, si elle avait écouté la maîtresse, rien ne serait arrivé.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Chut ! On a un plan </i></b>(Thierry Magnier, 2014) explique les tentatives malheureuses de quatre chasseurs pas très discrets et pas très futés pour attraper un oiseau.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Chhht !</i></b> (Pastel Ecole des Loisirs, 1991) fait entrer les jeunes lecteurs dans le château d'un géant. Il faut se taire pour explorer les pièces et ne pas attirer l'attention du monstre.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'ordre choisi pour raconter chaque histoire n'est pas anodin. On passe de l'action intrépide à la visite silencieuse. Les enfants écoutent, jouent le jeu, et avec le dernier album, participent grâce à quelques fenêtres pop-up et la mise en place du suspens par les lectrices.</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgydyzy9-1Sj3Y-8eMwmE8KX2nL4hnEolsqypT6JoFacS8fmfCR7ywY0lJrfxlix4gbTKoHYqTZhTojJg9Fp4fIDHFBRKI_bdP6vp7WjdqVhJAfghRCWH_gv_tyKs1KZiJWcpVPKUBiD3eq8kTNoYVhsV2ex2PPigSmABBViDvXhS5-I4fcXiQ4Qxo6Ncw/s4000/20240218_102332.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="3000" data-original-width="4000" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgydyzy9-1Sj3Y-8eMwmE8KX2nL4hnEolsqypT6JoFacS8fmfCR7ywY0lJrfxlix4gbTKoHYqTZhTojJg9Fp4fIDHFBRKI_bdP6vp7WjdqVhJAfghRCWH_gv_tyKs1KZiJWcpVPKUBiD3eq8kTNoYVhsV2ex2PPigSmABBViDvXhS5-I4fcXiQ4Qxo6Ncw/w400-h300/20240218_102332.jpg" width="400" /></span></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Enfin, après une comptine pour recentrer tout ce petit monde, Suzie revient et demande : <i>"Dans votre cœur comment vous vous sentez ?"</i> Et pendant dix minutes les enfants apprennent à mettre des mots sur leurs émotions grâce au tableau de la météo intérieure et à la semaine de la grenouille. Les gamins jouent le jeu, certains sont intrigués, d'autres posent des questions, personne n'est indifférent...</span></div><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La séance dominicale se termine par un temps calme : "E<i>st-ce que le silence existe ?</i>" A en croire pour beaucoup oui, pour les plus petits, on leur laissera le temps de réfléchir plus tard sur le sujet !</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUZDwTXyF855PlSm-akaHaJ1foUpVU2TQRkn6ehs4hatGhmd3w0q4Ju4Bt_Q2esEaMqgtogknBkwp9_LezrhjrHgGtMvXQT08phIjWQHXEIwx568JWfDn0oYYo5xDZp7BVWBbLr3U9G_HO51s5VxLfKMt1BK-TXOpAXG0ccSY6J9hzD2a5UnebmWo3_ZE/s4000/20240218_101000.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3000" data-original-width="4000" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUZDwTXyF855PlSm-akaHaJ1foUpVU2TQRkn6ehs4hatGhmd3w0q4Ju4Bt_Q2esEaMqgtogknBkwp9_LezrhjrHgGtMvXQT08phIjWQHXEIwx568JWfDn0oYYo5xDZp7BVWBbLr3U9G_HO51s5VxLfKMt1BK-TXOpAXG0ccSY6J9hzD2a5UnebmWo3_ZE/w400-h300/20240218_101000.jpg" width="400" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les trois animatrices font tout pour que les enfants se sentent bien (lampe à bulles, coussins, peluches, images des albums). L'espace est zen si bien que les enfants oublient que leurs parents sont assis derrière. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les lectures ne sont pas monotones. Les lectrices jouent sur l'animation, une musique d'ambiance, interrogent leur petit public.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Pas facile de tenir 45 minutes avec un groupe de petits quand ce n'est pas l'école. Ce n'est pas une mince affaire ! Pari réussi !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>P'tits bouts d'histoires</i> est sur Facebook.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p></p><p><br /></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-16000441804515245342024-02-20T06:30:00.135+01:002024-02-20T06:49:21.195+01:00Chroniques podologiques<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0KrxXPJ1KHWfLajW-FLOfYYL2L5oLwROFDen43bLrH328B3zwh1T619NmTv6YEPS5qC2lfDt37X5u3ROzn-kssqsKYyaAJe3eUrbVAZ8h2kWPEUNx91FF8g6JS35tjX-tElWFS5mBtBXU6-AgYsG3IsLWCWywj_5ym3i_WBwA74M8gkTHbNO6Oh1tmm8/s1122/61eLEMblhXL._SL1122_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="1122" data-original-width="738" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0KrxXPJ1KHWfLajW-FLOfYYL2L5oLwROFDen43bLrH328B3zwh1T619NmTv6YEPS5qC2lfDt37X5u3ROzn-kssqsKYyaAJe3eUrbVAZ8h2kWPEUNx91FF8g6JS35tjX-tElWFS5mBtBXU6-AgYsG3IsLWCWywj_5ym3i_WBwA74M8gkTHbNO6Oh1tmm8/w263-h400/61eLEMblhXL._SL1122_.jpg" width="263" /></span></a></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /><span>La narratrice est écrivaine, la quarantaine bien marquée. Le refus de son dernier manuscrit par son éditeur est la goutte d'eau. </span></span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Quand tu deviens invisible, tu peux faire des choses horribles, des choses magnifiques, des choses aberrantes. De toute façon personne ne te voit".</i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Rien ne va plus, alors elle décide de faire une reconversion, elle deviendra pédicure podologue et rejoint d'autres, comme elles, à sa formation :<br /></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Nous n'étions que de passage, d'autres suivraient, des femmes comme nous, des mères entre deux âges, dociles et appliquées, représentantes anonymes d'une masse anonyme, réduites à une note de bas de page de leur propre vie".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Diplôme en poche, elle est embauchée dans l'institut de Tiffy, au pied des barres d'immeubles de Marzahn, quartier de Berlin gardant encore la marque de l'architecture de l'ancienne RDA. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Le salaire de Tiffy, c'est d'avoir des clients satisfaits et un cahier de rendez-vous bien rempli".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ses journées sont rythmées par le trajet en train, puis en bus et surtout par les clients, toujours fidèles, qui viennent et se confient. Car lorsque la narratrice commence à prendre soin des pieds de ses clients, ces derniers se détendent, une bulle de bien-être se met en place et la parole se libère.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Chaque chapitre est une tranche de vie. Âgé ou non, déficient ou pas, considéré à tort comme sénile mais tous ont quelque chose à raconter. C'est succulent car ce sont des souvenirs ou des anecdotes qui défilent. La podologue écoute et dorlote en même temps leurs pieds abîmés par la vie.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Mais peut-être que parfois la beauté du monde se concentre sur un seule et unique ongle".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Parfois, Tiffy et ses salariées se prennent une journée et partent ensemble pour la journée aux bains pour, à leur tour, se faire dorloter. Ces jours-là, on fait le point et on se rend compte que finalement du chemin a été parcouru et un bien être s'est installé.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Te souviens-tu de ta crise de la quarantaine ? De ces années troubles, où tu tournais autour de toi-même, sans savoir quoi faire, et la lassitude causée par la monotonie de la nage ? Te souviens-tu de la peur de sombrer au milieu du grand lac, sans bruit ni raison - alors que tu ne distinguais pas la moindre rive, la moindre côte, la moindre berge ? Et tu as disparu de la surface".</i></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Marzahn, mon amour</b></i> est aussi un hymne à ses habitants qui y vivent souvent seuls depuis des années, n'ayant pas peur malgré tout des étages à gravir et ayant absorbé tous les changements sociétaux.</span></p><blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Je compose un hymne à Marzahn et ses habitants, à ces gens qui y ont déménagé il y a quarante ans et qui terminent courageusement leur vie avec un déambulateur, un appareil à oxygène et le minimum retraite, qui ne parlent à personne parfois pendant des jours entiers, qui nous vident leur cœur assoiffée quand ils viennent nous voir à l'institut, qui s'abreuvent avec reconnaissance à chaque geste de tendresse et qui sont heureux dans ce lieu où ils ne sont pas considérés comme les débiles de la nation, et que notre Tiffy, notre petite Tiffy, a créé toute seule de ses mains".</i> </span></p></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La narratrice a soigné aussi son âme. Bientôt quinquagénaire, elle a accepté sa vie, le fait qu'à cet entre-deux âges les femmes sont devenues transparentes. L'essentiel est ailleurs. Elle a construit un nouvel équilibre, fait de rencontres, d'histoires et d'empathie.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Un vrai joli roman.</span></p><p></p><p class="MsoNormal" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="background-color: white; font-family: verdana; font-size: large;"></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Zulma, août 2023, traduit de l'allemand par Valentin René-Jean, 208 pages, 19.50€</span></p></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-90212210590183579052024-02-16T06:30:00.131+01:002024-02-16T06:39:52.732+01:00FRAGMENTS D'ETUDE : PAUL AUSTER (7) Le monde parallèle austérien, miroir des névroses de l'auteur<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKyB0UVYWyniF4m_7tFMVXcF1X5aN6FUMEk8gnXB5k9x2Rh1oq1let2S4jKMi8ngZJT9D7SMx8583febxw-D4jaa7MDg05JLcnaWwRsnWO7fsbbQPm7AQVGl8M_RNIbPQqyCXeo5MCPOBfNgvXSprPD1uFSmVAnCh8ZyK7J01yirayRMEiaSUAwngoPrg/s1500/91RP7mymziL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="802" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKyB0UVYWyniF4m_7tFMVXcF1X5aN6FUMEk8gnXB5k9x2Rh1oq1let2S4jKMi8ngZJT9D7SMx8583febxw-D4jaa7MDg05JLcnaWwRsnWO7fsbbQPm7AQVGl8M_RNIbPQqyCXeo5MCPOBfNgvXSprPD1uFSmVAnCh8ZyK7J01yirayRMEiaSUAwngoPrg/w214-h400/91RP7mymziL._SL1500_.jpg" width="214" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Comme expliqué dans le précédent <a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2024/01/fragments-detude-paul-auster-6-la.html" target="_blank"><i>Fragments d'étude</i></a>, il y a un avant et un après 11 septembre dans l'œuvre de Paul Auster.<i><b> Seul dans le noir</b></i> invente une Amérique avec les Tours jumelles encore debouts mais ayant sombrée dans la guerre civile...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est qu'il s'en passe des choses dans le cerveau insomniaque d'August Brill. Depuis son accident de voiture qui a réduit fortement sa mobilité, il vit chez sa fille et sa petite-fille dans le Vermont. Des trois, il est le plus cabossé physiquement, mais il porte moralement et sa fille qui n'arrive toujours pas à accepter son divorce, et sa petite-fille dont l'ex petit ami a été enlevé puis tué face caméra en Irak.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans le noir, August refait le monde. Critique littéraire à la retraite, il décide d'écrire dans sa tête une histoire qui remplira ses nuits blanches. Tout commence dans un trou dans lequel son héros, Owen Brick, se réveille vêtu d'une tenue militaire sans se souvenir d'avoir servi un jour dans l'armée. Le reste tient d'une Amérique parallèle à travers laquelle Owen circule et tente de comprendre ce qui lui arrive. De là, pour sauver et son épouse et sa tête, il devra remplir un étrange contrat : tuer son créateur.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans <a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2013/10/221163-stephen-king.html" target="_blank">22/11/63</a>, Stephen King ouvrait déjà la porte à une fiction où un événement majeur de l'histoire des Etats-Unis n'avait pas eu lieu.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="background-color: white; color: #333333; text-align: justify;"></i><blockquote><i style="background-color: white; color: #333333; text-align: justify;">"Le monde est un mécanisme parfaitement équilibré d'appels et d'échos de couleur rouge qui se font p</i><i style="background-color: white; color: #333333; text-align: justify;">asser pour un système d'engrenages et de roues dentées, une horlogerie de rêve carillonnant sous la vitre d'un mystère que nous appelons la vie. Et au delà de la vitre. Tout autour d'elle? Du chaos, des tempêtes." (traduction Nadine Gassié, Albin Michel, 2013)</i></blockquote><p>Imaginer une fiction, une sorte de réalité alternative permet à August Brill et donc Paul Auster d'avoir la main sur l'histoire et son déroulement. Ainsi, il devient le démiurge et non plus la victime collatérale de décisions politiques (guerre en Irak) et la victime d'un trauma national. C'est une façon comme une autre d'affronter et juguler ses névroses.</p><blockquote><p> <i>"Parce que la guerre lui appartient. Il l'a inventée, et tout ce qui arrive ou est sur le point d'arriver se trouve dans sa tête. Elimine cette tête, la guerre s'arrête, c'est aussi simple que cela".</i></p></blockquote><p>Ainsi August Brill navigue dans un quotidien rempli de vieux films visionnées avec sa petite-fille et de nuits dans lequel <i>"chaque monde est la création d'un esprit". </i>Inventer un monde parallèle dans lequel il est finalement une proie qu'il a lui-même ciblée lui permet de faire face aux réalités choquantes.</p><p>Ce n'est pas la première fois que Paul Auster, raconte une autre réalité. déjà dans <a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2023/09/fragments-detude-paul-auster-3-ville-et.html" target="_blank"><i>Le Voyage d'Anna Blume</i></a> (Actes Sud Babel) et dans <a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2024/01/fragments-detude-paul-auster-6-la.html" style="font-style: italic;" target="_blank">Le Scriptorium</a> (Actes Sud), les mondes parallèles austériens font froid dans le dos et dénoncent en arrière plan des réalités sociétales. Mais dans ce roman, c'est la force de l'esprit qui supplante celle de l'écriture. August Brill est le Paul Auster fictionnel qui n'en finit pas de panser ses plaies de l'attentat du 11 septembre. Seule l'invention romanesque est assez puissante pour repousser l'impensable. <b><i>Seul dans le noir</i></b> replace l'individu au centre de l'Histoire et pose la question de la responsabilité de chacun.</p><p><br /></p><i style="background-color: white; color: #333333; text-align: justify;"></i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Actes Sud, juin 2015,traduit de l'anglais (USA) par Christine Le Boeuf, 192 pages, 19,50€</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>Man In The Dark</i></b></span></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /> </span><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-42051433209010829642024-02-13T06:30:00.005+01:002024-02-13T06:48:22.332+01:00Au pays des rêves<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvvjTnXyV9Ybfa9dwZsvZyLqjhyZV-Pv9HYyKG5kBrUxRvomfDHcVOELdZSMWwJ0I1Dq3jVuU12c92m77x8Y5hfoaM2Nz8xGC5J_Dn9GWX2uPug1rCCgGm6OxzWu4gPfO3HwBvZ9aay4CO_kPEfEtB25sAGU7RBSAHUf40tJMGtlniKTQJC8aAL17wXww/s1500/71OABjgO8gL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="951" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvvjTnXyV9Ybfa9dwZsvZyLqjhyZV-Pv9HYyKG5kBrUxRvomfDHcVOELdZSMWwJ0I1Dq3jVuU12c92m77x8Y5hfoaM2Nz8xGC5J_Dn9GWX2uPug1rCCgGm6OxzWu4gPfO3HwBvZ9aay4CO_kPEfEtB25sAGU7RBSAHUf40tJMGtlniKTQJC8aAL17wXww/w254-h400/71OABjgO8gL._SL1500_.jpg" width="254" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Rêver dans son sommeil est pour chacun une aventure intérieure. On ne sait jamais à l'avance de quoi le rêve sera fait et si on s'en souviendra au réveil. En fait, tout est bien plus simple que l'alchimie du vécu, du désir et des actes manqués car, à chaque fois qu'on s'endort, sans s'en rendre compte, nous nous rendons dans une ville où se trouve le grand magasin des rêves.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'établissement tenu par le discret et bienveillant Dollagot se divise en quatre étages en fonction des thèmes des rêves recherchés. C'est là que la jeune Penny a postulé pour son premier emploi et se retrouve à l'accueil, lieu stratégique où elle aiguille les dormeurs en fonction de leurs désirs de rêves.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans ce monde, on croise des chiens qui parlent, les Noctylucas, chargés d'habiller les visiteurs-dormeurs trop dévêtus ; on trouve aussi des balances à paupières personnalisées qui permettent de voir à quel moment le client sombre dans le sommeil ; on peut boire la soupe au lait aux oignons afin d'avoir un sommeil profond ; enfin, on ne paye pas en argent sonnant et trébuchant, mais à crédit en émotions qui remplissent peu à peu des bocaux spécialement conçus.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Seulement, qui dit rêves, dit histoires. Heureusement, le grand magasin peut compter sur des auteurs à succès, chacun spécialisé dans un domaine : le cauchemar, la vie rêvée, les voyages ou encore les rêves spécialement conçus pour les animaux domestiques... Tous se retrouvent une fois l'an avec le directeur chez Nicolas qui vit loin de tout, au sommet d'une montagne enneigée.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans la ville des rêves, c'est un peu Disneyland sans la musique et ses personnages. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Comme il n'est pas rare que les visiteurs endormis se déplacent sans chaussures, les rues sont parfaitement entretenues : l'intérieur d'une maison ne saurait être plus propre".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La narration du roman est entrecoupé de ces story-stelling à succès. Le magasin des rêves est un refuge, un monde à part où chacun y trouve son compte, même ceux qui souffrent encore de la perte d'un proche. Comme le dit Nicolas :</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Créer un rêve, c'est mettre en scène une vision qui n'existe pas dans le monde réel. Rêve et vision ça va ensemble".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et pourtant, Penny se pose toujours la même question. Pourquoi rêve-t-on ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Je me pose cette question chaque fois que je pense aux rêves. Pourquoi dormons-nous et pourquoi rêvons-nous ? Je pense que c'est parce que chacun de nous à sa manière est imparfait et défaillant (...) Je pense que... le sommeil et les rêves sont des virgules tracées par un dieu comme autant de pauses dans une vie trépidante".</i></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Comme des mililards de gens rêvent, il faut des milliards de rêves. C'est pourquoi certains tentent de détourner sa vocation première et se lancent dans la production industrielle d'histoires rêvées comme les fées Leprahon. Heureusement, le directeur Dollagoot et son équipe veillent au grain. Rêver est un moment trop précieux pour le dénaturer.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Le Grand magasin des rêves</b></i> a été un grand succès en Corée. L'autrice offre un roman où le sujet fait rêver par son originalité, ses personnages et ses anecdotes. On tourne les pages avec plaisir, happé(e) par cette histoire merveilleuse de cette ville imaginaire avec son magasin extraordinaire, en voulant croire qu'ne fois endormi(e) on le découvrira à notre tour.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Original et réussi. Vive la littérature asiatique !</span></p><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Philippe Picquier, janvier 2024, traduit du coréen par Choi Kyungran et Pierre Bisiou, 306 pages, 22€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>Dollagoot kkum Baeskhwajeom</i></b></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-74256402320168757622024-02-09T06:30:00.003+01:002024-02-09T06:36:54.768+01:00RUE DES ALBUMS (144) Un amour sur mesure<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtZcIaulIlzJaQxZp53vYyZ1Z-S261KHVAP7ozLwgVl6cCMHbvLHCXl-bsxjuEtOnhJG3whydvrLDsLD0Vnt7LjsHr3ImGoJqoY6r1HA5-XIkhJLbYPk2CQkyjhQVTw5amzFd74mtVVetJDNQZzQrfy2EMUbTQ2ZxqDcdBgbgxK7Bg279fzaT7ayvQmSQ/s1500/81aTwRJKULL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1225" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtZcIaulIlzJaQxZp53vYyZ1Z-S261KHVAP7ozLwgVl6cCMHbvLHCXl-bsxjuEtOnhJG3whydvrLDsLD0Vnt7LjsHr3ImGoJqoY6r1HA5-XIkhJLbYPk2CQkyjhQVTw5amzFd74mtVVetJDNQZzQrfy2EMUbTQ2ZxqDcdBgbgxK7Bg279fzaT7ayvQmSQ/w326-h400/81aTwRJKULL._SL1500_.jpg" width="326" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Au pays des Nains et des Géants, rien ne va plus. Le géant Gargantuon est né nain et la naine Mimolette est née géante.</span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Tous les deux sont rejetés par les leurs et isolés alors qu'ils ont tant à partager. Pourtant, chacun de leur côté, ils décident d'aller plaider leur cause auprès de leur roi respectif. Cela ne sert à rien puisqu'ils sont des incarnations d'oxymores ! une naine géante et un géant nain !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Remplis de tristesse, les larmes coulent et en plein chagrin ils se rencontrent. Comme plus rien ne les retient, ils partent tous les deux à la recherche d'un lieu qui les acceptera. Les nuits sont agitées mais le cœur est rempli d'espoir, jusqu'au jour où, en haut d'une dune, ils voient au loin les lumières d'une ville inconnue.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Quoi de mieux que de parler de la différence et du rejet en utilisant des personnages de conte ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">le texte use sans abuser de l'oxymore : Gargantuon est <i>"un géant minuscule"</i>, tandis que Mimolette est "<i>une naine très très grande"</i>. En tout cas au pays des géants, on a beau s'appeler Gargantuon presque comme l'illustre homonyme, l'humanisme n'a pas sa place.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ainsi l'album apprend que se sentir différent peut faire souffrir quand on est rejeté par les autres. Alors, autant assumer sa différence, se réunir et chercher où l'herbe sera plus verte ailleurs !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Un amour sur mesure</i></b> fera écho aux petits comme aux grands. Les illustrations sur fond blanc sont réalistes mettant en avant les émotions des personnages. Cet album interpelle, provoque et touche au cœur.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Nathan, janvier 2017, 32 pages, 11.50€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A partir de 3 ans</span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-85123861189723484162024-02-06T06:30:00.002+01:002024-02-06T06:44:34.239+01:00Cloche temporelle<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRUSPbULQ57ZqB4A2YIv3_kHPK7rZ1Ng6uX5y4jWNPROYl-D17Cz3ZyFk0dR7l8ld_0r68m3sMenJP0UmXO8cFzqPX6VpxG89kFpzx20q721e4epz4asnm7LS29fpv4UEJC0zfUv0YMLlhb-bNjZGTn23v7FCH8lQDpS3q4lp7jfZ_k9Goe4C9n4XBO_g/s1500/71n+K8hVXgL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="989" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRUSPbULQ57ZqB4A2YIv3_kHPK7rZ1Ng6uX5y4jWNPROYl-D17Cz3ZyFk0dR7l8ld_0r68m3sMenJP0UmXO8cFzqPX6VpxG89kFpzx20q721e4epz4asnm7LS29fpv4UEJC0zfUv0YMLlhb-bNjZGTn23v7FCH8lQDpS3q4lp7jfZ_k9Goe4C9n4XBO_g/w264-h400/71n+K8hVXgL._SL1500_.jpg" width="264" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Gary Shteyngart construit son roman comme une pièce de théâtre en quatre actes. Cela aurait pu être une tragédie puisqu'elle a court pendant le confinement mondial mais le dernier acte est une lente repossession du quotidien avec les stigmates du passé enfermé.</span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Enfermé, pas si sûr. C'est que Sacha Senderovski a tout prévu pour recevoir ses vieux amis dans sa propriété de l'Hudson, La Maison sur la Colline. Autour de la propriété principale, quatre bungalows construits sur des thèmes bien spécifiques. Pourquoi ces constructions ? Parce qu'elles lui rappellent un des rares bonheurs de son enfance immigrée alors qu'il vivait avec sa famille dans une colonie de bungalows ouverte aux russes. C'est là qu'il fit connaissance avec Macha, son épouse depuis.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Seulement, Senderovski ne fait rien gratuitement. Il veut en mettre plein la vue à ses invités mais aussi et surtout il a invité l'Acteur, qui, à lui seul, peut lui faire signer un contrat sur une série qu'il a écrite. Le paraître et l'entretien du paraître coûtent cher et Sacha est à cours de rentrée d'argent. Lui qui aime en son for intérieur la nature entropique de son domaine, est rattrapé par le regard des autres. Rien ne doit déborder, tout doit être à la hauteur, un résumé sûrement de ce qu'est devenu sa vie.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Il détournait le regard du pays qu'il habitait. En fin de compte, il avait fui toute terre qui n'était pas en sa possession. Il avait fait de lui-même un protectorat".</span></i></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed, Karen, Vinod, Dee, Sacha sont heureux de se revoir. Ils acceptent les règles de distanciation préconisées par Macha et se plient à l'attitude parfois étrange de Nath, la fille du couple. Ca ripaille, ça boit, ça se souvient du bon vieux temps. Une façon comme une autre d'éloigner les nouvelles terribles de la pandémie qui fait rage. Chacun raconte ses réussites. Sacha retrouve le manuscrit de Vinod qui aurait fait de lui, à n'en pas douter, un écrivain à succès, et le planque dans sa propriété. Or Nath le retrouve...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et puis l'Acteur arrive. Le grain de sable dans une machinerie bien huilée. Le seul qui est aussi autocentré que les autres mais l'assume pleinement. Senderovski est à ses pieds, tant il a besoin de lui pour se renflouer. Les autres hésitent entre admiration et scepticisme. Dee est charmée puisque le logiciel de rencontre exploité par Karen (et qui a fait d'elle une millionnaire) lui assure qu'ils sont faits l'un pour l'autre.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>L'Enfer c'est les autres</i> a écrit Sartre. Dans ce roman, il prend la forme de l'Acteur. Par son comportement, exacerbé par le confinement, le groupe d'amis va imploser, forçant les uns et les autres à se révéler et à mettre au jour les vieilles rancoeurs.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Pourtant je suis le seul d'entre vous qui ne passe pas son temps à jouer la comédie. Le seul à ne pas copier ou imiter (...) Mais regardez-vous. l'écrivain russe. Le brahmane sentimental. l'Asiatique version retour à Brideshead. Et toi, La pocharde sudiste révoltée".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La Maison sur la Colline devient un laboratoire des possibles. le <i>Et si...</i> l'emporte sur tout puisqu'il n'y a rien d 'autre à faire. Même le gros véhicule noir qui apparaît et disparaît autour de la propriété n'est plus un problème à résoudre.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"A<span>vec le départ de l'Acteur, c'était comme si le patron d'une usine n'était plus là et que les ouvriers passaient en état d'hébétude devant la ligne de production réduite au silence. Comment devaient-ils se conduire les uns envers les autres".</span></i></span></blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><span></span></i></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><span>Après le confinement, plus personne n'est pareil. L'Acteur a disparu, trop soucieux de l'image déplorable qu'il renvoyait sur les réseaux sociaux. Sur les conseil de Dee, chacun décide : </span><i>"Ne cherchons pas la confrontation. Et cessons de nous mentir."</i></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Sacha, qui<i> "n</i>'<i>avait jamais su quoi faire de l'affection des autres",</i> décide de faire face mais peut-être est-il trop tard. Vinod tombe malade...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="font-weight: bold;">Très chers amis </i>raconte bien plus que le quotidien d'un groupe d'amis confinés. La Maison sur la Colline est un dôme, une expérience. A force d'intimité forcée ressortent les vieux thèmes : le passage à l'âge adulte, les rancœurs, l'argent, le sexe, le racisme et l'intégration à l'américaine.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Essentiellement bâti sur le dialogue, le roman peut dérouter, tant il est riche et use parfois à l'excès de digressions. Chacun se révèle à sa façon, si bien que le roman est aussi une tragédie.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans une expérience chimique, il faut un révélateur. Ici, c'est la pandémie. Les fans de Shteyngart y trouveront leur compte, pour ceux qui ne l'ont jamais lu, mieux vaut ne pas commencer par ce roman.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed de l'Olivier, janvier 2024, traduit de l'anglais (USA) par Stéphane Roques, 384 pages, 24€.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>Our Country friends</i></b></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-13789002610874767842024-02-02T06:30:00.089+01:002024-02-02T06:41:28.694+01:00Bienvenue dans la bourgade parfaite !<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVYAUHWa_rpVaL3TB2t8ZFp9d10UyAubEU0kzmxVLtuEO0IaxIDDy1qeGDKwcuiwU0T8OLglppyoe5LJgsszaJRzL4ehL480pLO8SLvt6875zNa7D496hdLfdzT73fFi63zMww_Pfrmghejuc6JhgMBai1hqLT7hAD5uUv7GQc6SaKVygMOadRcKLSthc/s1500/81AVuGHnIJL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1000" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVYAUHWa_rpVaL3TB2t8ZFp9d10UyAubEU0kzmxVLtuEO0IaxIDDy1qeGDKwcuiwU0T8OLglppyoe5LJgsszaJRzL4ehL480pLO8SLvt6875zNa7D496hdLfdzT73fFi63zMww_Pfrmghejuc6JhgMBai1hqLT7hAD5uUv7GQc6SaKVygMOadRcKLSthc/w266-h400/81AVuGHnIJL._SL1500_.jpg" width="266" /></a></div><br /><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Le teaser en couverture vend du rêve à ma génération. Pas moins qu'un mélange de Stephen King et de David Lynch ! En prologue, l'auteur explique que la découverte de la série Twin Peaks lors de sa première diffusion lui a fait prendre conscience que c'était vraiment un univers qui lui parlait et dont il voulait s'inspirer.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Oui, c'est vrai, il y a du Stephen King dans ce roman. Parfois, il fait écho à <i><b>Dôme</b></i> (Albin Michel, 2011) dans l'impression d'enfermement extérieur et d'ambiance malsaine où on sent qu'il y a un gros problème malgré les apparences de normalité. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Twin Peaks a Dale Cooper, Wayward Pines a Ethan Burke. Tous les deux ont cette vision un peu décalée du monde qui les entoure.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Sa place dans le monde lui échappait, comme imprimée dans une nomenclature étrangère, au-delà de sa compréhension. Il parvenait à sentir la vérité inscrite dans les marges de sa conscience, mais tout restait hors de portée".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Wayward Pines est une bourgade parfait en apparence. Les habitants sont affables, les maisons sont belles, rien ne dépasse ni ne traîne, bref <i>"une sorte de cité platonicienne idéale"</i>. Pourtant, à cet endroit, deux agents du FBI ont semble-t-il disparu. Ethan est convalescent, il sort de l'hôpital suite à un accident de voiture. Parce qu'il erre dans les rues pour se chercher un logement en attendant de récupérer ses papiers et son portable, il a une nette impression qu'il y a quelque chose qui cloche.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Cette apparente perfection était superficielle. Il suffisait d'entailler quelques couches pour voir apparaitre des motifs plus sombres".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Au fil des pages, l'impression se transforme en certitude. La police ne l'écoute pas, il n'arrive pas à joindre sa famille restée sur la côte ouest et surtout, il trouve par hasard dans une maison vide le cadavre de celui qui semble être un de ses collègues recherchés.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Seulement, les autres, les habitant de Wayward Pines, ont tendance à lui faire comprendre que c'est lui le problème. Ethan Burke aurait-il gardé des séquelles neurologiques suite à son accident de voiture ? Sa perception de la réalité serait-elle en partie distordue ? C'est quand il décide de quitter la ville, qu'il se rend compte qu'en fait il ne peut tout simplement pas. Et une femme rencontrée au Diner local va lui raconter son histoire...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Wayward Pines est suspendu dans le temps. C'est la peur qui rend les habitants si dociles et si parfaits en apparence. Mais la peur de quoi ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Le dernier quart du roman permet au lecteur de comprendre beaucoup de choses mais le voile n'est pas entièrement levé sur les secrets de la ville, d'où les tomes 2 et 3 prochainement réédités chez Gallmeister (1er février et 15 février prochain)</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"> <i> "Wayward Pines est une planète en quelque sorte. Une planète miniature. Une petite ville que personne ne quitte jamais. La peur et la foi tiennent leur rôle, à une échelle réduite. Vos frontières s'appelaient espace, Dieu. Ici, ce sont les parois rocheuses qui protègent la ville, et cette mystérieuse présence dans les montagnes - moi".</i></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A suivre donc, et avec plaisir ! </span></p><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Gallmeister, collection Totem, traduit de l'anglais (USA) par Patrick Imbert, 368 pages, 7,90€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">(Réédition)</span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-9615880576080779322024-01-30T06:30:00.131+01:002024-01-30T06:42:59.713+01:00Comme un flocon de neige<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwt2i2RuWyNNpW9vaKyMwjFa3XkYD051c-pN6GOx6EfB7PK_MYsIy0RSXhvocbxymd1IZTzd2Vl0OA7yK5gevGOFH78baiCuNXDke2PBuT1HXkKrrOCf9KUNL3GwOj1HxlIr0H3PPyIgkt990Z0dsn2X2ojslRSAkRE0sMD_QPOe1UE6LuhmDDAz6pxxE/s1500/61NKb3vTTFL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1010" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwt2i2RuWyNNpW9vaKyMwjFa3XkYD051c-pN6GOx6EfB7PK_MYsIy0RSXhvocbxymd1IZTzd2Vl0OA7yK5gevGOFH78baiCuNXDke2PBuT1HXkKrrOCf9KUNL3GwOj1HxlIr0H3PPyIgkt990Z0dsn2X2ojslRSAkRE0sMD_QPOe1UE6LuhmDDAz6pxxE/w269-h400/61NKb3vTTFL._SL1500_.jpg" width="269" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Impossibles adieux</b></i> est un livre rare qui traite un sujet douloureux avec tant de douceur et de tact qu'il donne une dimension extraordinaire à la mémoire traumatique d'une page sombre de l'histoire de la Corée dans laquelle environ trente mille civils furent tués en 1949, sur l'île de Jeju, en Corée du Sud.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Sur cette île, vit Inseon une photographe, dans sa maison isolée. Elle y nourrit son perroquet blanc. A la suite d'une grave blessure à la main, elle est transférée d'urgence à l'hôpital de Séoul. Là, elle demande à son amie Gyeongha de se rendre chez elle afin d'y nourrir l'oiseau avant qu'il ne soit trop tard.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p></span></div><blockquote><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Je ne sais pas comment dorment les oiseaux, ni comment ils meurent.</span></p><p>Si leur vie s'arrête quand les dernières lumières s'éteignent.</p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">si leur vie, comme un courant électrique, continue de couler jusqu'à l'aube".</span></p></i></span></div><div></div></blockquote><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Arrivée sur l'île, Gyeongha est confrontée à une tempête de neige. Tant de neige qu'elle se perd avant de retrouver son chemin et la maison de Inseon. L'électricité est coupée. Il fait froid. Il faut faire du feu. La jeune femme se bat autant contre la température glaciale que contre ses démons qui la hantent depuis des mois.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Je ne sais pas quand mes cauchemars m'ont quittée. Je ne sais pas si je les ai vaincus ou s'ils sont partis d'eux-mêmes après m'avoir écrasée et broyée. Seulement, depuis un certain temps, la neige tombe à l'intérieur de mes paupières. Elle descend, s'entasse et gèle".</i></blockquote></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Malgré tout, la neige environnante offre un cocon de douceur qui, peu à peu, enveloppe la narratrice et la rassure. Ayant pris ses marques, elle nourrit l'oiseau (est-il vraiment mort ou non ?) puis retrouve des documents compilés par Inseon depuis des années concernant le massacre de civils sur l'île entre 1948 et 1949. Très vite, elle comprend que c'est l'histoire traumatique de la famille de son amie qu'elle est en train de lire.</span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La plongée dans les photos et les témoignages bousculent Gyeongha. La réalité s'estompe, les fantômes du passé reviennent et Inseon apparaît, tel un guide. Pendant ce temps la neige recouvre tout autour de la maison.</span></div><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></div><blockquote><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Léger, comme la neige, dit-on. Mais la neige a un poids, autant que cette gouttelette.</span></i></div><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Léger, comme un oiseau, dit-on. Mais eux aussi ont un poids".</span></i></div></blockquote><div><blockquote><p></p><p></p></blockquote><div><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Plus la vérité refait surface ainsi que le traumatisme de cette page sombre de l'histoire coréenne, plus la réalité extérieure s'estompe, comme si la neige devenait une frontière de moins en moins étanche entre les deux mondes.</span></p><p><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"J'ai l'impression que des flocons invisibles flottent entre nous. Que les mots que nous ravalons viennent se fixer sur l'assemblage des cristaux".</span></i></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dès lors, le lecteur découvre des passages remarquables sur la description des flocons de neige. La narratrice s'en sert comme un refuge pour absorber toute l'horreur de ses découvertes. La douceur du flocon absorbe la peur et la mort.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Ce flocon n'est pas froid au moment où il se pose. Il touche à peine ma peau. Je ne ressens qu'une infime pression et une grande douceur quand les cristaux de glace se brouillent. La glace se rétracte. La blancheur s'estompe et le flocon se change en eau, qui glisse sur ma main. Comme si la peau avait absorbé cette lumière blanche pour ne laisser que des particules d'eau".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b style="font-style: italic;">Impossibles adieux </b>est une pépite de la littérature étrangère. Je ne remercierai jamais assez les traducteurs en général et ceux-ci en particulier, sans qui, de si beaux romans resteraient méconnus en France.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Grasset, août 2023, traduit du coréen par Kyungran Choi & Pierre Bisiou, 336 pages, 22€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b>Prix Médicis étranger</b></span></p></div></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-2207414548259800722024-01-26T06:30:00.000+01:002024-01-26T06:30:00.134+01:00RUE DES ALBUMS (143) Gaston Grognon<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJSHOZ2qH1eFHLJ1DkXYIquY4aAY-1RgFjyRteBIi1ohhB-Cd09uHjewm2CCsBp1V0QMJDZZx3Uyt-jgFu5F65ccvq1L4hVIkW6bzfE5qLuwmnn6DwKjAKEECERfVF2T-9Rk76h8kVouXnpcUpDM2_Lsu0SVC1I90wYexBvyydlS_KR1W_rWen2MmtJgk/s1500/71UadW9FHTL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1488" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJSHOZ2qH1eFHLJ1DkXYIquY4aAY-1RgFjyRteBIi1ohhB-Cd09uHjewm2CCsBp1V0QMJDZZx3Uyt-jgFu5F65ccvq1L4hVIkW6bzfE5qLuwmnn6DwKjAKEECERfVF2T-9Rk76h8kVouXnpcUpDM2_Lsu0SVC1I90wYexBvyydlS_KR1W_rWen2MmtJgk/w396-h400/71UadW9FHTL._SL1500_.jpg" width="396" /></a></div><p><br /></p><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans la forêt africaine, les animaux vivent ensemble à l'unisson et profitent de l'instant présent. La vie est belle, sauf pour Gaston apparemment.</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyAIaoQVSkCFCP3O_qJbgyHGol1f26Yn_Nf9VoI_wSyW5C1p-YJsOXDEd01R0vrwV3IBkz9Ewu2-V4qQ6_q07f7x40JKmEfcA7BQJCY6cz5gf4IxRA_yHpJfXzSZ9ZaFo4olA3MU5dK2ywAyDVnY8Ziga1-TseXIEaCGjJNPg-5kD7lCMzZvWuTM7FdrU/s1024/71o0ZrmmMhL._SL1024_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyAIaoQVSkCFCP3O_qJbgyHGol1f26Yn_Nf9VoI_wSyW5C1p-YJsOXDEd01R0vrwV3IBkz9Ewu2-V4qQ6_q07f7x40JKmEfcA7BQJCY6cz5gf4IxRA_yHpJfXzSZ9ZaFo4olA3MU5dK2ywAyDVnY8Ziga1-TseXIEaCGjJNPg-5kD7lCMzZvWuTM7FdrU/w400-h400/71o0ZrmmMhL._SL1024_.jpg" width="400" /></span></a></div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br />Ce jour-là, rien ne va plus. Le front plissé, la tête basse, Gaston fait la tête. Ses copains se sont rendus compte qu'il est grognon, le lui disent et cherchent des solutions. Mais rien n'est facile quand le principal intéressé refuse de l'admettre.</span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Bernard, l'orang-outan, ami de Gaston, cherche à lui faire changer les idées. Et tout le monde s'y met, la journée va être longue, très longue ...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Gaston Grognon</b></i> est un album sur l'amitié et les émotions. Les plus petits pourront mettre des mots sur leurs humeurs et les plus grands auront des pistes pour aider leurs camarades qui ne vont pas bien. Tous les lecteurs s'y retrouvent. Chaque page provoque le sourire grâce à des personnages hauts en couleurs rendant ainsi cette lecture un pur moment de plaisir.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Casterman, janvier 2020, 32 pages, 13.90€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>A partir de 4 ans.</i></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-17510531762133559122024-01-23T06:30:00.001+01:002024-01-23T06:33:50.916+01:00Le premier mot<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr-U22DnQrtU4r55ILktHsUnVWMG8d_X3UpaZ_Q5VctHLLY7tT3bssN05FgROaJukzLyD0Xvj19OizbSQdrVKlXz8wLRrvI17CVcy9f_d-emQjq0W_2By1NgwteyR8YwfiOQvhoh4X9LGu_14Bw8w7ediWYG_rWL8QpE82YypO6_jPNVbENJccoN0ceAM/s1500/71x-pkP4ZwL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="977" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr-U22DnQrtU4r55ILktHsUnVWMG8d_X3UpaZ_Q5VctHLLY7tT3bssN05FgROaJukzLyD0Xvj19OizbSQdrVKlXz8wLRrvI17CVcy9f_d-emQjq0W_2By1NgwteyR8YwfiOQvhoh4X9LGu_14Bw8w7ediWYG_rWL8QpE82YypO6_jPNVbENJccoN0ceAM/w260-h400/71x-pkP4ZwL._SL1500_.jpg" width="260" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br />Pour la narratrice, la dernière joie du monde a plusieurs facettes. C'est attendre l'enfant d'un inconnu rencontré à l'annonce du confinement, c'est ne pas mourir pendant la pandémie et célébrer le déconfinement, c'est penser au passé sans avoir peur, et c'est enfin tenter de rejoindre une communauté isolée où, paraît-il, un homme est capable de lire l'avenir.</span><div><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote>"Le temps avait été confiné. Le présent était archive. L'histoire était suspendue, elle était devenue fable. Il n'y avait pas d'autre possibilité narrative".</blockquote></span></i><div><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Comment envisager l'avenir quand le présent est suspendu, sans possibilité de se projeter vers un lendemain ? La jeune femme reste sereine, se réfugie dans sa grossesse. C'est un voyage à l'intérieur de soi. Le bébé naîtra à une période où le temps semble immobile.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Avec l'isolement, tout devint plus fragmentaire. Les informations restaient la seule voix d'une réalité commune, résistant comme un miasme ou un lointain écho. (...) La lecture du monde devint discontinue et épisodique. La compréhension fut réduite à des chapitres, des flashs et des scènes, qui n'arrivaient pas à former un tout".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Une fois l'enfant né, la narratrice se souvient de son passé, de son histoire. Son père s'efface à cause de la maladie d'Alzheimer. Alors, la jeune femme sera celle qui se souvient car il n'y a rien de pire selon elle que la perte du passé intime.</span></p><p><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Plus que l'impossibilité de communiquer sur les choses les plus simples, elle craignait que sa mémoire ne vint à faillir au moment où tous les deux en auraient eu le plus besoin. Très tôt, elle partagea avec son fils ce qu'on ne dit pas habituellement à des enfants, ce que de toute façon il ne pouvait pas comprendre et qu'il refuserait expressément d'entendre s'il savait parler ou qu'il pouvait répondre".</span></i></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Or, la naissance d'un enfant c'est aussi un gage sur l'avenir. La narratrice décide de rejoindre une communauté dirigée par un homme qui, depuis être sorti d'un coma suite à un accident de voiture, est capable de lire l'avenir. Tout sera plus simple pour elle lorsqu'elle sera ce qui l'attend. </span></p><p><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"C'est ainsi qu'on appelait le refuge, dans un coin perdu au milieu de plantations de canne à sucre, loin dans la campagne, là où un survivant qui, après avoir échappé de justesse à la mort, sorti de son coma sans le moindre souvenir mais avec la capacité de prédire l'avenir, vivait entouré d'un groupe de prosélytes qui le protégeaient des incohérences du monde extérieur".</span></i></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Le long voyage vers cet oracle lui permet une introspection à voix haute. Celui qui l'écoute est son bébé, trop jeune encore pour lui répondre. Peut-être cet homme pourra lui dire où se trouve le père de son enfant, cet amour d'un soir avant le confinement.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Ils ne décidèrent rien. Ils ne se dirent pas leur nom. Ils n'échangèrent pas leur numéro de téléphone ni leurs adresses électroniques. L'inconnu est le combustible du fantasme avait choisi l'enseignante".</i></span></blockquote></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="font-weight: bold;">La dernière joie du monde</i> parle aussi de la pandémie au Brésil. L'auteur à travers les yeux de son héroïne raconte le déni des autorités, les morts, et l'attitude insensée de la population à l'annonce du déconfinement.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Faute d'immunité au virus, plus d'un tiers de la population devint immune à la réalité".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A travers l'histoire de la jeune enseignante, Bernardo Cavalho utilise la littérature pour transmettre un message :</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Si la littérature n'était issue du souvenir, on ne pourrait pas parler de la mort. La mort est toujours celle des autres. Ensuite, la morale peut dépendre des exemples du passé, c'est facile, mais l'éthique exige un effort d'imagination".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">En période de forte poussée de la mort, explorer le passé, les souvenirs, c'est aussi faire face à elle et la juguler, un peu. Accepter cette dernière permet de mieux appréhender l'avenir. Dès lors, la sérénité arrive et le présent s'adoucit.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="font-weight: bold;">La dernière joie du monde </i>est un roman court sur la fragilité humaine. C'est aussi, pourquoi pas, un roman d'apprentissage sur la maternité.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A découvrir sans tarder.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Métailié, janvier 2024, traduit du brésilien par Danielle Schramm, 128 pages, 18€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original :<i><b> O ultimo gazo do mundo</b></i></span></p></div></div>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-17902695735503801582024-01-19T06:30:00.004+01:002024-01-19T06:30:00.132+01:00RUE DES ALBUMS (142) Dix de plus dix de moins<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiGNTwS0Vvr5NTEC14IxYYpf6vKCHbHJrHhsBD4L8vxowN3c1w1HquBq6MWlkZxf8PAlOMtE8XTIDsVxRAyt9EymIHA9my3sBaY3mcVbsrMWZUHIIDA7nU4m2MqHu3wi6s0RIxLGC7X-RvUlC-G9dGLZ07vBIiexfZtAJ09isd-QSNTnUIPvy9u3Qkg_U/s1500/81ES474prKL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1039" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiGNTwS0Vvr5NTEC14IxYYpf6vKCHbHJrHhsBD4L8vxowN3c1w1HquBq6MWlkZxf8PAlOMtE8XTIDsVxRAyt9EymIHA9my3sBaY3mcVbsrMWZUHIIDA7nU4m2MqHu3wi6s0RIxLGC7X-RvUlC-G9dGLZ07vBIiexfZtAJ09isd-QSNTnUIPvy9u3Qkg_U/w278-h400/81ES474prKL._SL1500_.jpg" width="278" /></a></div><br /><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Cet album raconte une histoire d'amour avec un grand A.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est d'abord, l'histoire du coup de foudre entre Mouche, jeune femme ronde et souriante, et une maison perdue au milieu de nulle part.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"On ne sait laquelle des deux arriva sur le chemin de l'autre, mais immédiatement Mouche comme la maison ne voulurent plus jamais se quitter".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Puis, un jour, dix chiens abandonnés ont attendu à la porte de la maison. </span></p><blockquote style="font-style: italic;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Dix de plus, dix de moins, il y a toujours de la place à la maison".</span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">C'est la philosophie de Mouche, il y a toujours de la place pour accueillir et offrir un foyer à ceux qui en ont besoin. Après les chiens, se sont les plantes, les créatures marines, les animaux de la forêt et même des poux ! Chacun trouve sa place, mais la maison manque de place et gronde au point que tout ce petit monde est contraint de sortir.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Est-ce la fin de cette belle histoire d'amour et de tendresse ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Non ! Car la maison commence alors une drôle de transformation...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Cet album est une pépite aussi bien pour l'histoire qu'il raconte que pour ses illustrations toutes en douceurs et en rondeurs. Les couleurs sont chaudes, les dessins sont expressifs si bien qu'on peut comprendre l'histoire sans le texte.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans le monde de Mouche le vivre ensemble est possible. Chacun trouve sa place et vit en harmonie avec l'autre. Mouche n'est plus seule, la maison aussi !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">De toute beauté !</span></p><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Albin Michel, collection Trapèze, septembre 2021, 48 pages, 19.90€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>A partir de 3 ans.</i></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-34237410120396354672024-01-16T06:30:00.187+01:002024-01-16T06:30:00.136+01:00Parabole littéraire réussie<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlArXzDSwDEEa9yvXJkbJf4JyXPzGs1xVLHn08T8kAm5EWgcbPXoY4s4goxvUZ4N3PWsoGdEUA-lTufLY73c8RdWWIxPNG4JEMj1P6o7C2SCXnHeCv5hz7r4yPuVRO_QCtd7mdFgI1Cb69ZCyYo0w8qsOjaagfJQuy9d5RoDaAV3t4iRuO_t8OydfQffw/s1500/81t4UX6DryL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="941" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlArXzDSwDEEa9yvXJkbJf4JyXPzGs1xVLHn08T8kAm5EWgcbPXoY4s4goxvUZ4N3PWsoGdEUA-lTufLY73c8RdWWIxPNG4JEMj1P6o7C2SCXnHeCv5hz7r4yPuVRO_QCtd7mdFgI1Cb69ZCyYo0w8qsOjaagfJQuy9d5RoDaAV3t4iRuO_t8OydfQffw/w251-h400/81t4UX6DryL._SL1500_.jpg" width="251" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: large;"><i></i></span></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Vous en avez mis du temps, Mikey. J'ai cru que vous ne viendriez jamais. Bienvenue à Canaan".</span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Il s'est passé quarante ans avant que Michael Miller retrouve Ignatius Donovan, celui qui l'avait recruté pour la CIA à Saigon en 1973. Ce dernier vit en ermite dans le désert, à la frontière mexicaine, territoire qu'il appelle Canaan et dernier lieu où il pourra s'expurger de ses pêchés...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Retour en arrière. Michael, alias Mickey est un gratte papier américain envoyé comme beaucoup d'autres à Saigon pendant la guerre. Là-bas, il se lie d'amitié avec Corley dont l'ambition est de rentrer le plus vite possible chez lui pour épouser sa fiancée et écrire enfin son roman. Mickey n'attend pas grand chose, c'est un contemplatif rompu aux ordres étranges de sa hiérarchie, tellement discret qu'on le recrute pour des missions d'espionnage. Il est si peu important pour les autres que ce sera l'un des derniers évacués de la capitale vietnamienne. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Quand je pense à Saïgon toutes ces années plus tard, ce n'est donc pas un montage de toutes les réalités politiques et militaire de ce funeste épisode de notre histoire nationale qui s'imposent à moi, mais plutôt une femme qui me demande d'épouser sa fille, de la neige noire tombant d'un ciel bleu sans nuages, le regard d'un prisonnier croisant le mien un bref instant, la silhouette d'un papillon sur un auvent de toile. Douze espions sont partis en Canaan ; dix étaient méchants et deux étaient bons"...</span></i></blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Son amour de la littérature lui permet d'établir des résonances littéraires avec ce qu'il vit et de mettre de la distance sur ce dont il est témoin. Son chef, Ignatius Donovan, est tout autre. Il profite de la situation embrouillée sur le terrain, au point d'y perdre peut-être tout ce qui le caractérisait aux Etats-Unis</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Des versions diminuées de nous-mêmes, bien que nous l'ayons sans doute pas compris et n'ayons pas saisi à quel point nous étions liés dans cet amoindrissement".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">De retour au pays, Mickey s'est marié, a continué à travailler pour les services secrets. Mais les questions qu'il n' a jamais posées à Donovan sont toujours en suspens. Un jour, alors qu'il visionne le travail de Corley sur l'immigration clandestine aux Etats-Unis, il reconnaît Donovan. C'est un signe, il décide d'aller à sa rencontre là où il vit dans le désert pour enfin avoir des réponses.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Le désert où, comme il l'a dit, nous devons tous aller à un moment de notre vie pour nous mettre à l'épreuve".</span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ce roman est de toute beauté. Scindé en deux parties, la première est une lente exposition des faits à Saigon pour mieux comprendre la seconde, plus condensée et remplie de fulgurances littéraires. <b><i>Un espion en Canaan </i></b>est l'histoire d'une tentative de rédemption. Le voyage de Michael vers le nouveau monde de Donovan est une plongée dans le cœur des ténèbres à la Conrad sauf que Donovan va apparaître comme un anti Kurtz.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote> <i>"La vie de tous les hommes se termine de la même façon. Seuls les détails sur la manière dont un homme a vécu et dont il est mort le distingue des autres".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Selon Hemingway, Donovan, en revenant au pays, expie ses fautes, ses secrets, ses décisions. Il se rachète, c'est en tout cas ce que veut penser Michael, dans une tentative désespérée d'aider son prochain. Seulement, la peur est toujours au rendez-vous.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote>"La peur, je connais - elle a été la compagne silencieuse de toute ma vie, toujours refoulée, toujours cachée, et pourtant tapie dans l'ombre, entraperçue par-dessus mon épaule, comme si elle me suivait en secret. Etait-ce la malédiction du premier-né ? J'ai parfois l'impression que c'est le plus grand échec de mon existence, et j'aurais tout donné pour m'en débarrasser".</blockquote></span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La peur est l'autre grand sujet du roman. Elle est le double fantôme du narrateur-héros, celle qu'il a appris à apprivoiser avec le temps mais dont il n'arrivera jamais à se débarrasser complètement.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"Je me suis déjà aventuré trop loin dans son monde".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">pense Mickey. Il est temps pour lui d'affronter l'avenir et laisser enfin de côté le passé. mais le peut-on vraiment ?</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i style="font-weight: bold;">Un espion en Canaan</i> allie à la fois une intrigue forte et une narration superbe mis en valeur par la traduction française de Cécile Arnaud. Ce n'est pas un roman d'espionnage mais plutôt un roman sur la nature humaine, ses blessures, ses failles, ses tentatives d'expiation et ce qui fait sa profondeur. David Park offre un roman entier, parsemé de digressions fulgurantes, dans lequel l'écho religieux remet l'Homme dans un ensemble plus grand.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A découvrir sans tarder !</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Ed. La Table ronde, collection Quai Voltaire, janvier 2024, traduit de l'anglais (Irlande) par Cécile Arnaud, 240 pages, 22€</span></div><p></p><p><span style="font-family: verdana;">Titre original : <b><i>Spies in Canaan</i></b></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-26298816362294172972024-01-12T06:00:00.198+01:002024-01-12T06:00:00.151+01:00FRAGMENTS D'ETUDE : PAUL AUSTER (6) La mystification du langage<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5tDmcB3hRHZhvvA2F81bCZ-aQr9JGtMhQlTMRHNl9chX7hQ8ke-R1-Q36R-qyl05tsQCS13Wu25Z5fOq0UguLbXzDva1EBn7pZRQkT95WtB6_bSoG7JLUf08S6bZyzAu8KDwtyfiq-xUELXyWWH-PAo_EcLxpHQvI0nqQCZ2JYrunYFvWi0SU3i_pawI/s3132/20240106_114753.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2250" data-original-width="3132" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5tDmcB3hRHZhvvA2F81bCZ-aQr9JGtMhQlTMRHNl9chX7hQ8ke-R1-Q36R-qyl05tsQCS13Wu25Z5fOq0UguLbXzDva1EBn7pZRQkT95WtB6_bSoG7JLUf08S6bZyzAu8KDwtyfiq-xUELXyWWH-PAo_EcLxpHQvI0nqQCZ2JYrunYFvWi0SU3i_pawI/w400-h288/20240106_114753.jpg" width="400" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Comme mentionné dans un roman précédent, <i><a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2023/11/fragments-detude-paul-auster-5-le-sens.html" target="_blank"><b>Le livre des illusions</b></a></i>, écrit en 2002, l'écriture austérienne n'est qu'une mystification de la réalité. Les apparences sont trompeuses et <i><b>Brooklyn Follies</b></i> tente à démontrer à travers son intrigue qu'il ne faut pas faire confiance aux pouvoirs du langage. Seuls les silences remplissent les vides de ce qui n'est pas possible d'écrire.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Brooklyn Folies</b></i> est un roman souvent malmené. On lui reproche sa superficialité et son hymne voulu aux gens ordinaires. Ce sont les dernières phrases du roman qui donnent toute la dimension à l'intrigue. Auster évoque en quelques mots le 11 septembre et le trauma. Plus rien après ne sera jamais comme avant, alors célébrons les petites choses de notre vie.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Mais pour l'instant, il était encore huit heures et je marchais dans l'avenue sous ce ciel d'un bleu éclatant, heureux, mes amis, aussi heureux qu'homme le fut jamais en ce monde".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Prenons donc plaisir à suivre les aventures de Nathan Glass, en rémission d'un cancer, à la retraite, en compagnie de son neveu Tom Wood. Au vu de leur passé respectif, les deux hommes aspirent à trouver l'<i>Hôtel Existence</i> où ils pourront y couler des jours heureux. Cet hôtel est à la fois un refuge utopique et un mythe. Peut-il vraiment exister, un complexe architectural comme ils pensent avoir trouvé à un moment, ou un refuge cérébral pour se préserver ?</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"C'est à propos des mondes sans existence (...) Une étude des refuges intérieurs, une carte des lieux où vont les hommes quand la vie dans le monde réel n'est plus possible".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Se préserver de quoi ? La vie est faite de faux semblants, d'illusions. D'ailleurs Nathan et Tom en sont les témoins, tous les deux amis avec Harry, dont la richesse émane d'affaires douteuses de contrefaçon. Encore une connexion étrange austérienne. Ces deux là sont en connexion avec un homme tellement loin de leur monde, un mystificateur en chef de la réalité, un créateur d'un nouveau réel qui lui convient le mieux.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Nathan Glass, écrivain en devenir du L<i>ivre de la folie humaine</i>, enfin il aimerait pouvoir l'écrire, fait écho avec Mr Blank, anti-héros de <i><b>Dans le scriptorium</b></i>, écrit en 2005, enfermé dans un chambre, contraint plus ou moins de lire un manuscrit dont le contenu lui fait peur.</span></p><blockquote><p><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">" Ce ne sont que des mots, se dit-il, et depuis quand les mots ont-ils le pouvoir d'inspirer à un homme un effroi quasi mortel" ?</span></i></p></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Cet autre roman de Paul Auster marque, à mon avis, un tournant dans son œuvre. La narration lisse et légère qu'on trouvait parfois a complètement disparu pour un ton plus grave, plus compact aussi dans sa structure. <i><b>Dans le scriptorium</b></i> est une pause dans l'œuvre austérienne. On y retrouve les personnages manquants des romans précédents qui défilent (ou non) auprès de Blank, grand responsable de leur destin selon toute vraisemblance. La page 52 décrit les photos dont Blank dispose et le lecteur d'Auster y reconnaîtra bon nombre des ses personnages de fiction. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Blank cherche à mettre du sens à sa réalité quotidienne, mais elle se dérobe sans cesse à cause des médicaments croit-il, seulement n'est-elle pas finalement la preuve que réalité et langage sont deux choses différentes ? D'ailleurs le manuscrit - <i>Neverland</i> - qu'il lit, et qui fait écho au <b style="font-style: italic;"><a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2023/09/fragments-detude-paul-auster-3-ville-et.html" target="_blank">Voyage d'Anna Blume</a> </b>est une variation<b style="font-style: italic;"> </b>de ce que décide Blank. Il est l'auteur, le mystificateur en chef. Les photos ne mentent pas, l'écriture oui.</span></p><p></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Les photographies ne mentent pas, mais elles ne racontent pas non plus toute l'histoire".</i></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'écrivain, pourvoyeur de réel, créateur de langage, devient un démiurge. Grâce à lui, ses personnages ont immortels et transmettent la fiction.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Sans lui, nous ne sommes rien, et le paradoxe, c'est que nous, les chimères du cerveau d'un autre, nous survivrons au cerveau qui nous a fabriqués, car une fois lancés dans le monde, nous continuons à exister à jamais et on continue à raconter nos histoires, même après notre mort".</i></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La conclusion est limpide, peut-être arbitraire, mais simple. </span></p><blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Quand quelqu'un a la chance de vivre dans une histoire, de vivre dans un monde imaginaire, les peines de ce monde-ci disparaissent. Tant que l'histoire continue, la réalité n'existe plus". <b>(Brooklyn Follies)</b></i></span></p></blockquote><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La littérature est un refuge, un remède existentiel. </span></p><p></p><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les deux romans sont traduits par Christine Le Boeuf</span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-56564879342051718902024-01-10T06:30:00.128+01:002024-01-11T19:28:13.900+01:00Dernière chance chez les vampires<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVjgJMVIIExjX1IlgTHHP1CsGy8tbg3Qd6QKv2FQwJxXXTSW08Ke3zv3TMmwn5mDaKwPC4jcNpj3_KZ86Z2eTnI2Klf1ESIYslPrRSB6cSZsrk3bgoj4HU1L3vMWp7-FmmSYuFI1EByJjyBVLXSp-57Veq9NAW2u7S7ap9cW7Lht6GLh61JVgjX5wAcy8/s1000/rivages6171-2024.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="685" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVjgJMVIIExjX1IlgTHHP1CsGy8tbg3Qd6QKv2FQwJxXXTSW08Ke3zv3TMmwn5mDaKwPC4jcNpj3_KZ86Z2eTnI2Klf1ESIYslPrRSB6cSZsrk3bgoj4HU1L3vMWp7-FmmSYuFI1EByJjyBVLXSp-57Veq9NAW2u7S7ap9cW7Lht6GLh61JVgjX5wAcy8/w274-h400/rivages6171-2024.jpg" width="274" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Pour Jesse et son frère Edgar, la vie n'est qu'une longue nuit à résister au <i>petit diable </i>qui gesticule dans leurs entrailles et réclament son dû. Cela fait soixante dix ans que c'est ainsi et à moins que quelqu'un les repère et leur plante un pieu dans le cœur ou leur coupe la tête, cette situation sera éternelle.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ces deux hommes sont des Vagabonds, des vampires, mués depuis des lustres, traversant le pays au gré de leurs déambulations nocturnes et attendant sagement le coucher du soleil dans des chambres de motel. Néanmoins - et c'est ce qui fait l'intérêt du roman - Jesse a gardé des principes moraux malgré sa condition. Ainsi, il est un père pour Edgar, handicapé mental, mué par son frère à la demande de sa mère sur son lit de mort. Parfois, leur comportement ensemble fait écho au duo Lennie et George dans <i>Des Souris et des hommes</i> de Steinbeck...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">La faim de sang n'arrive que tous les deux mois, et c'est une corvée lorsqu'il s'agit de traquer un laissé pour compte...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Une nuit, les deux frères rencontrent Johona. pour Jesse c'est le coup de foudre tant la jeune femme ressemble à Claudine, son grand amour. Lors d'un leur rendez-vous, ils surprennent deux Démons, des Vagabonds appartenant à un gang de motards, sur le point de sacrifier un nourrisson. Pour Jesse, se nourrir d'un enfant fait parti des nombreuses limites à ne pas franchir, même lorsqu'on est un vampire. En sauvant cette petite vie, il s'attire la foudre des Démons. Commence alors une longue traque jusqu'à Las Vegas, à la veille du bicentenaire de l'Amérique (1976)</span></p><p><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"Son pays à lui n'a ni drapeau, ni hymne, ni choristes vêtus de rouge, blanc, et bleu. C'est une terre dévastée où des âmes en peine traquent d'autres âmes en peine. C'est la faim, la chasse, et le sang qui vient après".</span></i></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans leur fuite, le duo va croiser la route de Sanders, père désespéré dont le fils toxicomane a disparu depuis deux ans. Depuis que Sanders a appris l'existence des Vagabonds, il les chasse. Un vampire en moins c'est un baume sur sa souffrance.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">J'avais découvert Richard Lange en lisant <b><i><a href="https://virginieneufville.blogspot.com/2019/04/la-derniere-chance-de-rowan-petty.html" target="_blank">La dernière chance de Rowan Petty</a></i></b> (Terres d'Amérique Albin Michel, 2019) dans laquelle il excellait dans la force des personnages secondaires et la description d'un homme en quête de rédemption. Dans <i><b>Les Vagabonds</b></i>, on retrouve cette potion magique. Jesse est un Rowan Petty <i>surnaturel</i> qui tente de trouver un équilibre malgré sa condition. Aimer Johona et s'occuper d'Edgar mettent du sens dans sa triste non-vie. Alors, si un de ses deux piliers s'effondre c'est l'univers de Jesse qui s'écroule.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Richard Lange a écrit un road movie choral dans lequel, tour à tour, Edgar, Jesse et Sanders racontent leur vécu. La multiplicité des points de vue enrichit la narration et donne de la complexité à l'ensemble. Ainsi,<i><b> Les Vagabonds</b></i> n'est pas qu'un règlement de compte entre vampires, c'est aussi l'histoire de vies brisées à la croisée de leurs destins. Et c'est ce qui fait la force de ce très bon roman à découvrir.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Rivages, collection Imaginaire, janvier 2024, traduit de l'anglais (USA) par David Fauquemberg, 336 pages, 22.50€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre originale : <b><i>Rovers</i></b></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-24005756018882375342023-12-23T06:38:00.005+01:002023-12-23T06:38:54.684+01:00<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2lPRQul2tewRuYIGZik9U5H9xWfRDuzNA_a9RwEGKbI7GJEtLVSJGq7N44uGOQbYLalXV0vLKlr1xMRwvlH-Fs8hASnHustJR2gihu_o2Sk3Ae42HnjugSjd842P_Glm-WnpuwynJOJs2p4DY8AGUbHXouclWKsFV95TcWUZnOMQiUESnsj4IT4jhGZ4/s847/Capture%20d%E2%80%99%C3%A9cran%202022-12-09%20072210.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="847" height="439" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2lPRQul2tewRuYIGZik9U5H9xWfRDuzNA_a9RwEGKbI7GJEtLVSJGq7N44uGOQbYLalXV0vLKlr1xMRwvlH-Fs8hASnHustJR2gihu_o2Sk3Ae42HnjugSjd842P_Glm-WnpuwynJOJs2p4DY8AGUbHXouclWKsFV95TcWUZnOMQiUESnsj4IT4jhGZ4/w621-h439/Capture%20d%E2%80%99%C3%A9cran%202022-12-09%20072210.jpg" width="621" /></a></div><br /> <p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-59058426127807716882023-12-20T07:00:00.119+01:002023-12-20T07:00:00.127+01:00Tout est question de verticalité<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEuyCSP2URpduKe8LjflCzatYqO_1TQUYVkGI7olbYx8g-_bDVcxzkDeQ0065Hm0ucgman7B5odgLCIvc3khMdjnOaAvxfp-V5P1n0X8APFTk3EhUqnSBgyhLguTkf8UvVkACK_Qt-ms-DPFserYgRSBfyWKS1hJGegzziEWSrYzNWjnrRuAtnB5f53I4/s1500/81HN-N5TGOL._SL1500_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1025" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEuyCSP2URpduKe8LjflCzatYqO_1TQUYVkGI7olbYx8g-_bDVcxzkDeQ0065Hm0ucgman7B5odgLCIvc3khMdjnOaAvxfp-V5P1n0X8APFTk3EhUqnSBgyhLguTkf8UvVkACK_Qt-ms-DPFserYgRSBfyWKS1hJGegzziEWSrYzNWjnrRuAtnB5f53I4/w274-h400/81HN-N5TGOL._SL1500_.jpg" width="274" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Lila Mae est une femme noire à New-York, première inspectrice au sein de l'influent département d'inspection des ascenseurs. Tout est compliqué pour elle car c'est un monde d'hommes blancs. Ses collègues noirs sont relégués à des taches subalternes et prêts à accepter railleries et pot-de-vin pour exister.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et pour couronner le tout, Lila Mae est une intuitionniste. Elle "sent" le fonctionnement de l'ascenseur, sa santé, rien qu'en montant dedans. Les intuitionnistes sont une race à part, s'opposant aux empiristes, bien plus majoritaires et dont leur leader dirige le département.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote>"La réalité des Blancs repose sur l'apparence, comme l'empirisme. Les tenants de cette philosophie évaluent les ascenseurs d'après leur apparence".</blockquote></span></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Dans ce métier, la jeune femme est réputée pour être un bourreau de travail, tenace et surtout ayant un sans faute dans ses diagnostics. Alors quand le Fanny Briggs, tout nouvel ascenseur dont elle a la charge, s'écrase sans raison valable, c'est l'opportunité pour ses ennemis de la mettre de côté en la rendant responsable de l'accident.</span></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Tout est là. Les Blancs qui la considèrent comme une menace, se refusent cependant à l'imaginer dangereuse, maligne, fourbe, se dit-elle... Ils la voient comme une mule convoyant des informations d'un point à un autre, pas assez intelligente ni assez curieuse pour s'intéresser à leur contenu. Une brute. Noire".</i></span></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Lila Mae refuse ce déterminisme. Elle qui a tout sacrifié pour être là où elle est ne veut pas baisser la tête et accepter la loi du plus fort. Elle décide donc d'entrer dans la clandestinité, hors des radars des magouilleurs pour mener sa propre enquête. Et afin de sortir glorieuse de tout cela, elle cherche à mettre la main sur une mystérieuse boîte noire qui aurait été créée par le maître des intuitionnistes et révolutionnerait le petit monde des ascenseurs...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>L'Intuitionniste</b></i> est le premier roman de Colson Whitehead deux fois Prix Pulitzer. La Collection Terres d'Amérique le propose dans une traduction entièrement révisée par Catherine Gibert. Ainsi, le lecteur découvre un univers entièrement fictif dont le fonctionnement interne fait étrangement écho avec la mentalité américaine et le fonctionnement de sa société souvent ségrégationniste . Quand on est une femme noire, chaque avancée est un obstacle à franchir.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>L'Intuitioniste </b></i>donne de la voix à cette minorité et pointe du doigt les dysfonctionnements institutionnalisés par tous.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Métaphoriquement, l'idée est très bonne. Elle explique les hauts et les bas de l'héroïne, comme le fonctionnement vertical de l'ascenseur, sa grande passion.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les questions cruciales de race, les rapports de forces politiques et sociétaux sont exploités dans ce roman aux accents de thriller dans lequel la recherche d'une mystérieuse boîte noire devient le remède aux maux telle une anti-boite de Pandore.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Un très bon roman.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Albin Michel, collection Terres d'Amérique, traduit de l'anglais (USA)par Catherine Gibert, novembre 2023, 384 pages, 22.90€</span></div><br /><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-19255132781846972832023-12-15T06:00:00.002+01:002023-12-15T06:09:19.919+01:00RUE DES ALBUMS (141) Gaspard dans la nuit<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgANWS-4HAqX6NjQ7u5MeEdKRTjbZ84FpT_S6ggB6kE7b_hkHZVlS2ltkV_tVWZk3GYVMg4plJpBRPjIeMs52oeRIlsl1xww3tkvd-Cyq24C4R1JtZsmqlOLznvg2hIVpT-5Gvshc4NO48p-3WQ6EuspvWCQtEQEkemF35mechm8Y_0hQGPog3H2LyEtU/s1159/Gaspard%20dans%20la%20nuit.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1159" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgANWS-4HAqX6NjQ7u5MeEdKRTjbZ84FpT_S6ggB6kE7b_hkHZVlS2ltkV_tVWZk3GYVMg4plJpBRPjIeMs52oeRIlsl1xww3tkvd-Cyq24C4R1JtZsmqlOLznvg2hIVpT-5Gvshc4NO48p-3WQ6EuspvWCQtEQEkemF35mechm8Y_0hQGPog3H2LyEtU/w276-h400/Gaspard%20dans%20la%20nuit.jpg" width="276" /></a></div><br /><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Chaque nuit, Gaspard a le même problème : le sommeil le fuit et la solitude l'envahit.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Pourtant, il lit, il rêvasse mais rien n'y fait <i>" la nuit "ça l'ennuie, ça lui fait peur aussi".</i></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Quand soudain, sortie de sous son lit, une petite souris s'adresse à lui et l'invite à un voyage extraordinaire.... à l'intérieur de chez lui !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et voilà Gaspard parti à la rencontre d'animaux qui peuplent les pièces de la maison, eux-mêmes confrontés à leurs propres angoisses. Ce sont tous autant d'amis qui pourraient peupler ses nuits !</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A la fois illustratrice et autrice , Seng Soun Ratanavanh propose un dessin assez géométrique, floral et ordonné. Alors que l'action se déroule pendant la nuit, elle ose les couleurs chaudes comme pour contraster avec les peurs du petit garçon.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">L'enfant est toujours représenté avec la même émotion sur le visage. Il découvre et accepte ce qu'il voit. Il vit un rêve éveillé et rencontre de nouvelles amitiés...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Coté vocabulaire, il convient de lire le texte avec l'enfant car le texte emploi beaucoup de mots savants qu'il convient d'expliquer. Néanmoins, les phrases sont courtes et permettent de retenir l'attention du jeune lecteur/auditeur.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Gaspard dans la nuit </b></i>est un rêve intérieur. L'exploration d'un petit garçon en quête d'aventures et à l'imaginaire florissant. On se laisse emporter dans ce monde onirique aux personnages animaliers hauts en couleurs, au point qu'on peut y retrouver ça et là des inspirations à la Lewis Caroll.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Et si les ombres n'étaient pas que des ombres ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b><i>Prix Landerneau de l'album jeunesse mérité en tout cas.</i></b></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. La Martinière jeunesse, octobre 2020, 40 pages, 13.90€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">A partir de 5 ans.</span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-52047751654174604542023-12-13T07:00:00.117+01:002023-12-13T08:21:16.367+01:00Doux-amer<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-3hUWLHELse4o-pUnMshHbhT6wCy9HWogQW64UXirW_CZb57EKXdrkWipSTVfJ9JlbNLbqIHUBLBbxP1Vm-wtV2j4FMQ2G6Xjec-fAU7bvR8-bHpQ11irzAb0AmNyh9jifZU4hCjVaxGqPDA6BzsPTyyEz429l1Jtqy3Ud5xiGbKWV1QzlpPphsIZdno/s1274/71z3gBzUyuL._SL1274_.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1274" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-3hUWLHELse4o-pUnMshHbhT6wCy9HWogQW64UXirW_CZb57EKXdrkWipSTVfJ9JlbNLbqIHUBLBbxP1Vm-wtV2j4FMQ2G6Xjec-fAU7bvR8-bHpQ11irzAb0AmNyh9jifZU4hCjVaxGqPDA6BzsPTyyEz429l1Jtqy3Ud5xiGbKWV1QzlpPphsIZdno/w251-h400/71z3gBzUyuL._SL1274_.jpg" width="251" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><span>Un couple dans le New-York des années 50, comme il y en a tant. Lui, Michael, est vétéran de guerre et jeune poète. Elle, Lucy, est timide, amoureuse et ne sait pas trop ce qu'on veut d'elle. Mais quand on entre dans leur intimité, un détail pourrit le quotidien du couple : la fortune de Lucy qui s'élève à plusieurs millions de dollars. Pourtant celle-ci pourrait être un véritable tremplin dans la carrière de Michael car elle pourrait être la béquille inespérée pour s'établir afin de fonder une famille. Sauf que Michael est trop intègre et avec le passé,<i> </i></span><i>"il aurait fallut qu'il soit quelqu'un d'autre" </i>pour accepter l'argent de son épouse<i>. </i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><blockquote><i>"La position de Lucy était que, l'argent n'ayant jamais compté pour elle, pourquoi devrait-il représenter autre chose pour lui qu'une formidable opportunité d'avoir tout le temps et la liberté de se consacrer à son travail".</i></blockquote></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Il est le chef de famille, celui qui ramène le salaire à la maison. Mais en tant que poète, Michael s'aperçoit qu'il n'est pas facile de vivre de sa poésie. De poste en poste, Lucy le suit, accepte la décision de son conjoint. Ils ont même un enfant qui remplit le vide de la jeune femme. Il y a bien les amis, sauf que chaque rencontre se solde par un constat amer : leur vie est plus riche que la leur - enfin, c'est ce que Michaël croit -.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les années passent, le couple se délite puis divorce. Michael plonge dans la dépression et se fait interner tandis que Lucy cherche désespérément sa voie - littéraire ou artistique - afin de pouvoir compter et devenir une autre que celle qui a de l'argent grâce à sa famille.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les amis sont toujours là, de loin en loin. Eux aussi évoluent, vieillissent, se cherchent. Finalement, notre anti-héros n'est plus vraiment ce drôle d'énergumène à leurs yeux qui voulait vivre de son art sans dépendre de sa femme. Il y a quelque chose de courageux dans ses choix.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></div><blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Non, Michael ne savait pas vraiment pourquoi son mariage n'avait pas marché, aujourd'hui encore - peut-être que personne ne savait vraiment pourquoi un mariage ne marchait pas -, mais ça avait sans doute un rapport avec la fortune de sa femme".</i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"></div></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Lucy et Michael se perdent de vue puis se retrouvent, obligés de prendre des décisions concernant leur fille unique. Il y a un côté doux amer dans leurs retrouvailles, une petite pointe de regret de certaines décisions prises par le passé...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><blockquote>"Tout le monde est fondamentalement seul, et nous sommes toujours, en premier lieu, responsable envers nous-même".</blockquote></i></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i><b>Jeunes cœurs éprouvés</b></i> est un roman de 1984, traduit pour la première fois en France. On y retrouve le thème cher de l'auteur : l'analyse fine et mélancolique d'un couple sur plusieurs décennies. D'un point de vue sociétal, Richard Yates décortique les influences extérieures, les non-dits, les pressions de la société sur le fonctionnement intime du couple. Le rêve américain est toujours au bout du chemin mais la route est tellement sinueuse, entravée par l'amour propre de chacun des protagonistes.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Assez mélancolique, parfois drôle, ce roman balaye plusieurs tranches de vie. Le lecteur est celui qui regarde par le trou de la serrure, non pas comme voyeur, mais comme témoin d'une génération qui se cherche.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Robert Laffont, collection Pavillons, octobre 2023, traduit de l'anglais (USA) par Aline Azoulay-Pacvon, 448 pages, 22.50€</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <i><b>Young Hearts Crying</b></i></span></div><br /><p></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-446028594939181322.post-11200256688841374722023-12-06T06:00:00.001+01:002023-12-06T06:14:07.565+01:00Après le Kollaps<p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ-toBhGQgjqcM8oTqH3pMsknfHq7_Zr-lRmd5aej96O8poFJ73KUIs0sN_sZq89lKlWjADyRLOuQ7deE6wfHYa5riovjPATOHCAIotvo7G-5dQmSXN9ikHTYJ-iNaM6Kc8N3oanW3D2zyfaDcxkEDviKL28KuPzekGz1YMGZjCsHRd8wC_o75pSnsLW4/s500/41wUgWtWZlL.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="341" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ-toBhGQgjqcM8oTqH3pMsknfHq7_Zr-lRmd5aej96O8poFJ73KUIs0sN_sZq89lKlWjADyRLOuQ7deE6wfHYa5riovjPATOHCAIotvo7G-5dQmSXN9ikHTYJ-iNaM6Kc8N3oanW3D2zyfaDcxkEDviKL28KuPzekGz1YMGZjCsHRd8wC_o75pSnsLW4/w273-h400/41wUgWtWZlL.jpg" width="273" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Joseph Horkaï se réveille tout doucement de son "stockage", son hibernation en fait, car une communauté qui le garde précieusement depuis des années a besoin de ses compétences.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Pourtant, dans son cerveau brumeux, Horkai se considère comme normal. Certes il a survécu à l'impensable, le Kollaps (il se rappelle du nom), mais il doute fort qu'il puisse aider quiconque car il a perdu l'usage de ses jambes. Ramper comme un serpent est son unique moyen de locomotion s'il n'est pas porté.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Il y avait un nom pour ça, pour l'explosion, pour cette chose dont l'explosion faisait partie, dont il pouvait se souvenir : le Kollaps".</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Néanmoins, le guide de la Ruche, Rasmus, croit en lui car il est immunisé du monde extérieur. Les poisons de l'air ambiant n'ont aucun effet sur lui, alors il peut rendre visite à une autre communauté afin de leur subtiliser leur trésor contenu dans une pipette...</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"></span></p><blockquote><blockquote><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>"Un terrain désert d'un côté, des ruines de l'autre, puis des ruines de chaque côté. Tout commençait à se ressembler".</i></span></blockquote></blockquote><p></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Donc les voilà partis, Horkaï et ses deux porteurs en combinaison de survie. Ils traversent des paysages dévastés, vides de toute vie humaine, animale et végétale. Notre héros malgré lui dépend de deux colosses entrainés à la seule fin d'arriver à destination car Joseph n'est-il pas le messie de l'ordre uni, <i>"la masse, tel un seul homme. Ni plus, ni moins"?</i></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Sur le dos ou sur les épaules de ses mules de fortune, Horkaï a le temps de réfléchir et remet peu à peu en question le discours de Rasmus. Le Kollaps est bien la conséquence de quelque chose de grave dont il ne souvient plus et le fait qu'il soit immunisé de la mort fait de lui un être à part, plus vraiment un homme et pas encore un dieu, même si, arrivé dans l'autre communauté, il se rend compte qu'elle est occupée par ses semblables... Quelle bonne décision faut-il prendre ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Jonatham Lethem qualifie Brian Evenson comme un trésor de la littérature américaine. Pour ma part je ne connaissais pas cet auteur et je suis agréablement surprise de l'univers littéraire qu'il propose. <i><b>Immoblité</b></i> part du principe que l'être humain est le fléau qu'il faut combattre car il est incapable de tirer leçon de ses erreurs passées. Le changement n'est pas inscrit dans ses gènes. </span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">"<i>Nous sommes une malédiction, un fléau" </i>pense gravement Rykte qui vit en ermite dans une maison au milieu des décombres. L'auteur propose une réflexion intéressante sur fond de dystopie post-apocalyptique sans précédent. Horkaï incarne une forme de transition entre l'avant et l'après, la possibilité d'un être humain modifié, adapté à son nouvel environnement.</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Néanmoins, <b><i>Immobilté</i></b> ne donne pas de réponses. La fin reste ouverte et interroge non seulement sur la question du temps mais aussi sur l'avenir. Serait-il trop tard finalement ?</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Ed. Rivages, collection Imaginaire, janvier 2023, traduit de l'anglais (USA) par Jonathan Baillehache, 272 pages, 22€</span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Titre original : <b><i>Immobilty</i></b></span></p><p><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><br /></span></p>VIRGINIE NEUFVILLEhttp://www.blogger.com/profile/14314633423278210057noreply@blogger.com