Ces deux albums a priori très différents même s'ils utilisent la même thématique, déconstruisent le mythe pour l'humaniser et ainsi dédramatiser ce qui existe dans l'imaginaire des enfants.
Fantôme et vampire, deux mots qui font peur chez les plus jeunes. A une époque où on apprend que les films d'épouvante et d'horreur sont visionnés de plus en plus tôt et sans filtre pour expliquer, les albums jeunesse remplissent pleinement leur rôle éducatif.
Antonin Louchard exploite le mythe du vampire pour mettre en scène Nosferatiche, le lapin vampire qui refuse d'aller manger car sa maman a préparé un gratin de courgettes. Par une composition en double page : à gauche les répliques de maman et à droite celle du petit lapin, l'auteur déconstruit le personnage du vampire sanguinaire pour en faire un être drôle qui tente de faire peur et qui est persuadé de n'avoir peur de rien. Petit lapin s'est déguisé, on le comprend tout de suite ; au fil des pages c'est tout ce qui incarne le vampire qui est expliqué : lumière, ail, dent, sang... seulement, les répliques de la maman humanisent le petit monstre et c'est vraiment drôle.Souvent, on associe le mot fantôme au champ lexical de la peur car rencontrer un fantôme est une expérience paranormale inquiétante. Gustavo est certes un petit fantôme mais l'auteur lui a donné non seulement des sentiments humains et il évolue au sein d'un noyau familial. Dès lors, Gustavo réussira à faire passer aux petits lecteurs un message sur la solitude et l'amitié. Car, le petit fantôme n'a pas d'amis, il se sent seul et croit que personne ne l'aime. Il décide donc de lancer des invitations pour un concert de violon qu'il donnera la nuit de la Fête des morts. Il espère que les autres créatures viendront nombreuses l'applaudir...
D'un côté, Nosferatiche propose des illustrations épurées, sur fond noir, centrées sur le petit lapin déguisé. Les émotions du personnage sont mises en premier plan. Chez Gustavo, les illustrations fourmillent de détails, de clins d'œil et de références littéraires : un petit Frankenstein, une sorcière, un petit Jack la citrouille. Elles donnent sur chaque page une impression de mouvements comme si Gustavo vole de page en page. Et même si certains décors sont un cimetière, les nombreux fonds blancs effacent la peur.
Encore une fois, les albums prouvent qu'ils apportent non seulement un message et peuvent aborder tous les thèmes, un travers un schéma narratif simple et des illustrations soignées.
Nosferatiche : Le Maudit, Editions du Seuil jeunesse, septembre 2023, 40 pages, 9.90€
Gustavo le petit fantôme, Editions Kimane, août 2020, 40 pages, 13.50€