mardi 3 décembre 2024

Mauvaises pensées

 


Noël approche et Cyril est presque en PLS : son frère lui met la pression pour vider la maison de leur défunte mère, il ne trouve pas de cadeaux de Noël pour ses neveu et nièce et les gens ont le don de l'énerver.

"Il fallait vider la maison de notre mère. Il n'en démordait pas. Il fallait s'y résoudre, je n'allais tout de même pas attendre qu'elle tombe en ruine, si ? Pire : on n'allait tout de même pas en faire un musée, point d'exclamation".

Etranges circonstances, Cyril est le témoin de plusieurs incidents, dans des endroits publics, qui causent la mort d'une personne qui peu de temps auparavant l'avait irritée : un pied écrasé, une voix qui porte trop, un passage forcé en caisse, une proviseur adjointe qui le convoque... Bref, folie ou non, notre narrateur a l'impression qu'il cause la mort immédiate de ceux qui l'irritent.

La disparition du chien aboyeur des voisins, terrassé par une crise cardiaque et les lamentations pénibles de la famille font que Cyril ne sait plus comment faire pour ne plus avoir de mauvaises pensées. Il s'en ouvre à son épouse Léonie qui lui conseille d'aller voir un psy, toute en étant dubitative sur son super pouvoir. Consulter ? Pas question ! Il lui faut juste trouver une stratégie pour pouvoir supporter sereinement sa belle-sœur Corinne à Noël afin qu'elle ne se retrouve pas à la morgue...

"L'enfer, c'est les autres avec du réseau".

Pourtant Internet est bien utile ; Cyril s'y plonge afin de trouver des explications à ce qu'il est en train de vivre. N'empêche l'angoisse existentielle est là et le retour dans la maison de son enfance ne lui rend pas service. C'est bien embêtant de vivre une expérience fantastique alors qu'on est un terre à terre convaincu.

Encore une fois, Fabrice Caro met son humour pince sans rire au service d'un roman en apparence léger mais qui, en arrière plan, pose des questions existentielles sur la famille, nos angoisses quotidiennes et notre rapport à la mort.

Les personnages sont si vraisemblables qu'on peut s'y identifier facilement et se demander quelle aurait été notre réaction face au phénomène vécu par Cyril.

En référence à Fort Alamo (d'où le titre), Cyril se sent comme un homme assiégé par une multitudes d'événements qu'il n'arrive pas à gérer.

Le dernier tiers de Fort Alamo est un peu redondant et poussif mais il n'entame en rien l'originalité de l'ensemble.

Ce roman léger et souvent drôle vous fera passer un bon moment.


Ed. Gallimard, collection Sygne, octobre 2024, 192 pages, 19.50€