Le roman commence par une longue lettre que Patricia envoie à Rayney, jeune femme qu'elle a connue à Saïgon alors qu'elle était enfant. Très vite, on se rend compte que le sujet central est Charlène, la mère de Rayney, qui, au sein de la communauté américaine en place au Vietnam avant que la guerre éclate, faisait figure de personne incontournable.
Charlène, maman de trois enfants, a accueilli Patricia et lui a très vite expliqué le fonctionnement de cette micro société, ses subtilités et son hypocrisie routinière. Pour Patricia, cette rencontre est du pain béni. Toute jeune, naïve, elle a suivi son mari en Asie avec la volonté de devenir la meilleure des épouses...
La mère de Rayney est l'antithèse du rôle de sainte. Borderline, cynique, avec un goût prononcé au marchandage, elle n'hésite pas à monter une petite affaire de vente de Barbie "made in Saïgon" afin d'enrichir son bas de laine. Et puis il y a l'autre facette de la jeune femme, très investie dans le caritatif, capable sans arrière pensée de visiter des lépreux et leur apporter du réconfort.
"En vérité ce n'est pas le monde qui est petit, seulement le temps qu'on y passe".
A travers l'amitié entre ces deux femmes que tout oppose, c'est le fossé entre la pauvreté qui déborde dans les rues de la capitale vietnamienne et l'impression de nonchalance et d'ennui au sein de la communauté féminine américaine, au point d'en être capable d'exploiter la misère pour mettre un peu de piment dans leurs vies.
Lorsque Rayney répond à Patricia, c'est un tout autre roman qui commence. Soixante ans après leur rencontre, elle raconte le quotidien avec une mère aimante mais souvent hystérique et leur retour en Amérique. C'est aussi un récit sur la résilience avec le charmant portrait de Dominic, jeune soldat rencontré à Saïgon et qui, par le plus grand des hasards, deviendra le voisin de Rayney.
Absolution est aussi l'histoire des désirs avortés, du chagrin et du deuil de la maternité. Avec délicatesse et subtilité, Alice McDermott décrit les émotions des protagonistes tiraillées entre les mœurs de l'époque et leur désir sans cesse plus visible de liberté. Dans ces échanges de lettres, ce sont des pardons à demi-mots et la volonté d'expliquer que le contexte sociétal influence nettement les comportements.
Je suis entrée dans ce roman un peu par hasard et j'avoue avoir été charmée. Bonne lecture !
titre éponyme.