mercredi 19 juin 2024

Grandir



Urushi est le cinquième tome de la série Une clochette sans battant amorcée avec Suzuran. Chaque année, Aki Shimazaki raconte l'histoire de la famille d'Anzu, céramiste de renom.
Suzuko Niré est la fille de sa sœur Kyoko trop tôt disparue. Elle l'a adoptée en se mariant avec Yuji le père de Suzuko.
"Moi qui avait perdu ma mère à peine née. Lui qui avait perdu sa fiancée. Ma tante qui avait divorcé. Mon cousin Tôru qui n'avait plus de contact avec son père. Nous étions tous les quatre des morceaux de famille brisées. Et ces morceaux se sont rassemblés pour former un seul objet".

Cette famille recomposée s'entend à merveille. Suzuko a grandi avec le fils d'Anzu,Tôru, de dix ans son aîné. C'est un modèle pour elle. Avec le temps elle a même développé envers lui des sentiments amoureux dévorants. Rien n'est impossible puisque, selon la loi, les cousins peuvent s'unir. Seulement, Tôru vit loin maintenant, à Nagoya, accaparé par son travail d'ingénieur automobile.

A quinze ans, Suzuko pense qu'il faut provoquer les événements. En prenant soin d'un oisillon blessé tombé du nid, elle se dit  qu'elle est un peu comme lui, qu'elle va avoir besoin d'un tiers pour l'aimer et l'épauler. Alors elle fuit vers Tôru pour provoquer le destin.

Simplement, rien ne se passe comme prévu. La jeune fille n'arrive pas à lui exprimer ses sentiments. Tôru l'aime d'un amour fraternel et elle craint que ses parents ne puissent pas comprendre cet attachement. Peut-être que le rassemblement familial annuel pourra être le moment opportun pour se dévoiler...

Aki Shimazaki nous offre encore et avec le plus grand plaisir une histoire remplie de douceur et de bons sentiments. Les chapitres courts provoquent l'addiction rapide du lecteur au point que ce court roman se lit d'une traite. Cette histoire commence à la mi-octobre, à l'époque où les urushis se dressent parmi les arbustes, dévoilant leurs pétales d'un rouge incandescent.
Suzuko est "l'enfant de la clochette". Elle se trouve une passion pour le kintsugi, la réparation de céramiques avec la laque urushi et la poudre d'or. Etrangement, on appelle aussi cet art "l'art de la résilience". En se perfectionnant pour cet art, la jeune fille va mûrir et s'ouvrir vers d'autres rencontres. 

Urushi peut se lire comme une quête, et pour bien le comprendre, mieux vaut avoir lu les tomes précédents, permettant ainsi au lecteur d'avoir une vision d'ensemble.

Ed. Actes Sud, mai 2024, 144 pages, 16€

Une clochette sans battant, livre 5