C'est un roman tout en résilience et bienveillance que propose Satoshi Yagisawa, dans lequel les livres deviennent un levier pour aller mieux.
Prenez un personnage féminin moderne, Takako, qui ne lit pas faute de temps et qui se fait larguer un soir au restaurant pas son son petit ami qui lui annonce simplement entre deux plats qu'il va se marier avec une collègue. Forcément, cela la touche en plein cœur et pour se protéger elle décide de changer de vie. Ca tombe bien car son oncle Satoru, qu'elle n'a pas vu depuis une dizaine d'années, l'invite à venir lui rendre visite. Il tient une librairie à Jinbocho, le quartier des bouquinistes de Tokyo. Takako accepte cette étrange invitation.
"Durant ces quelques mois, j'ai habité au premier étage du magasin, dans une pièce envahie par les livres. Un endroit perpétuellement humide, mal ensoleillée et exigu, imprégné par l'odeur du moisi du papier ancien.Pourtant, les jours passés à la librairie Morisaki resteront à jamais gravés dans ma mémoire.Puisque c'est là-bas que j'ai commencé à vivre, à vivre réellement. Sans cette parenthèse, ma vie aurait été bien moins colorée, bien plus monotone, bien plus triste".
A fur et à mesure la jeune femme prend ses marques. Elle sympathise avec les clients, le gérant du bar voisin et surtout réapprend à connaître son oncle dont la femme est partie depuis quelques années. Satoru est la bienveillance même et lui explique que ce sont les livres qui l'ont sauvé des revers de la vie.
"Il est important de s'arrêter de temps en temps. Disons que c'est une pause dans le long voyage qu'est la vie. La librairie est un quai, où tu as jeté l'ancre pour un petit moment. Et, une fois que tu seras bien reposée, tu pourras reprendre la mer".
Forte de cet apprentissage, Takako devient plus forte, tourne la page de sa malheureuse expérience avec son amant. La réapparition de l'épouse de Satoru vient troubler ce nouvel équilibre. Pourquoi est-elle revenue ? Quelles sont ses ambitions ?
La librairie Morisaki est une bulle de douceur à lire d'une traite. Chacun y trouvera son content de bien être. On y retrouve tout ce qui fait le caractère de la littérature nippone pour un occidental : une autre manière d'appréhender l'existence, la famille et la résilience.
A découvrir.
Ed. Hauteville, septembre 2023, traduit du japonais par Déborah Pierret Watanabe, 192 pages, 16.95Titre original : Morisaki Shoten No Hibi