Quelle planète va-t-on léguer aux générations futures ? Pour Erin Swan, la réponse est simple : aucune. Tout simplement parce que notre planète autrefois composée à soixante-dix pour cents d'eau est en passe de devenir complètement immergée. Ca et là des sociétés subsistent en vivant dans des villes flottantes, témoins impuissants de l'engloutissement de l'Humanité.
Un jour, un homme arrive "en chevauchant les vagues, chargé de contes à propos de contrées lointaines", pour venir chercher une famille qui, selon ses dires, sera celle qui permettra d'offrir un futur à La Terre. Pa et sa fille Pénélope le suivent donc vers les dernières terres du nord. C'est le point de départ d'un projet hors-norme qui se terminera sur Mars.
Par le choix de la choralité autour de quatre personnages vivant à quatre périodes différentes charnières pour la compréhension de l'ensemble, l'autrice sème d'abord la confusion chez le lecteur qui a du mal à relier les temporalités et les personnalités entre elles. C'est certainement un choix délibéré afin de mieux faire peser le rôle de chacun dans l'avenir du monde.
"De ses mains minuscules jaillira une nouvelle civilisation. Un peuple de géants, une espèce jusqu'alors inconnue".
De la gamine sauvage errant dans le froid de l'hiver américain à celle qui suit sans bien comprendre ceux qu'elles considèrent comme ses oncles à travers les étendues désertiques de Mars, c'est finalement l'histoire d'une descendance aux personnages féminins forts issue d'un homme qui a rêvé un jour de villes flottantes.
"Alors je nous vis. Eux : grands, minces et pâles, les battements de leurs cœurs pourpres visibles dans leur poitrine translucide. Moi : petite et mate, le crâne couvert de cheveux hirsutes, mon propre cœur par bonheur caché".
Cet homme, c'est Pa, qui a compris le premier que la Terre allait droit à sa perte et que l'avenir humain serait ailleurs.
"Nous devons comprendre notre planète afin de comprendre notre place dans l'univers.
Pourquoi ?
Il faut savoir où on est pour savoir où on ira après".
Parcourir la Terre disparue raconte des destinées humaines dépassées en quête d'un nouveau lieu où prospérer. Les allers-retours dans le temps rappelle que finalement tout est déjà inscrit dans l'ordre de l'univers. C'est pourquoi, ce premier roman aurait sûrement mérité un personnage fort pour marquer l'intrigue. Néanmoins, on peut souligner l'ambition de proposer une fiction originale qui s'empare des problèmes climatiques d'aujourd'hui pour en faire un texte assez sombre où la civilisation tente comme elle peut de se créer un futur.
Ed. Gallmeister, mai 2023, traduit de l'anglais (USA) par Juliane Nivelt, 496 pages, 25,80€
Titre original : Walk The Vanished Earth