Betsy et Alec divorcent. Dans l'Angleterre des années 30, au sein de la bourgeoisie, c'est une nouvelle que tout l'entourage se permet de commenter. Alec aurait préféré rester marié malgré ses quelques incartades mais, comme toujours, il a cédé à la pression de son épouse.
"Il l'avait toujours laissée faire, sans jamais se départir de son ironique affection".
Cette séparation ressemble à un caprice de desperate housewife. Betsy a décidé que son époux était responsable du fait que le bonheur lui échappait. Elle a décidé que le monde du théâtre qu'il côtoie n'est pas le sien et les sépare irrémédiablement car elle n'est là que "la femme d'Alec". Seulement, en y regardant de plus près, cela ressemble beaucoup plus à un caprice de femme riche qui s'ennuie.
"Eternelle iniquité. Betsy était depuis toujours atterrée par l'injustice du sort.(...) A trente-sept ans, Betsy n'avait jamais connu le bonheur. On l'en avait grugée".
Le divorce consommé, Betsy était loin de prévoir qu'il aurait des conséquences fâcheuses sur ses enfants, sa famille et ses amis. Forcément des clans se sont formés. Et Alec a vu son train de vie nettement diminuer depuis qu'il s'est installé avec la nounou de ses enfants qu'il a mis enceinte. Néanmoins, il prend les choses patiemment, soucieux de la santé de ses enfants qu'il voit maintenant de loin en loin. Son fils aîné a pris parti corps et âme pour sa mère qui a décidé de se remarier avec son cousin ayant un titre de Lord. Cela réhaussera son standing. Betsy aura, croit-elle, accès à un monde plus raffiné Or, les mois passant, il se rend compte que Betsy n'est pas tout à fait la mère parfaite telle qu'il se l'était imaginé.
Les points de vue s'enchaînent, les belles-mères s'en mêlent avec frénésie. C'est toujours la même histoire : tout le monde croit savoir pourquoi le couple se sépare mais personne ne le sait vraiment en fait, même les protagonistes.
Grâce à une narration virtuose et un style remarquable piqué ca et là de situations drôles, Divorce à l'anglaise, malgré son âge, est un roman tout à fait contemporain. D'ailleurs, je me suis prise à vérifier la date d'écriture du livre tellement il ne semble pas suranné. Les points de vue divergent, tout le monde s'agite tandis que Alec et Betsy tentent de reconstruire une routine maritale à laquelle on sent, de suite, qu'ils n'y croient pas du tout. Le temps, le sentiment amoureux sont autant de sujets qui apparaissent en filigrane sans pour autant prendre le pas sur le reste, "la chose effroyable" du divorce.
"L'amour peut rendre malheureux mais il faut y mettre du sien pour qu'il se gâte. Ce ne sont pas les blessures, les mauvaises actions qu'ils ne se pardonnent pas; c'est qu'ils savent".
Après Le Festin, autre roman de Margaret Kennedy, je suis de nouveau sous le charme de l'auteure.
Titre original : Together And Apart