Shizuku a trente-trois ans et elle va mourir. Son cancer est en phase terminale et les thérapies n'ont rien donné. Alors, elle a réussi à obtenir une place à la Maison du Lion sur l'île des citrons où, promet-on, on vous garantit une fin de vie calme et sereine.
"La Maison du Lion était parsemée d'encouragements. De petits espoirs s'y cachaient un peu partout".
"La vie et la mort sont les deux faces d'une même pièce (...) La seule différence c'est le côté depuis lequel on ouvre la porte".
"Puis j'ai été frappée par la pensée que le bonheur c'est d'avoir la certitude qu'il allait toujours y avoir un lendemain".
La sérénité passe par le fait qu'elle a accepté qu'elle allait mourir bientôt tout en s'accrochant à la vie.
"Je ne pouvais ni hâter cet instant, ni le retarder. Tout ce que je pouvais faire, c'était d'attendre qu'il arrive".
"Car accepter la mort, c'est aussi se montrer honnête avec soi-même, et admettre que l'on n'avait pas envie de mourir faisait partie du processus. Pour moi, du moins".
Dès les premières pages on devine la fin du roman néanmoins on s'y accroche comme Shizuku s'accroche à la vie tant l'écriture est délicate et positive. Le Goûter du lion est un roman sur la vie, non sur la mort (d'ailleurs ce mot est rarement employé) au point qu'on a envie de finir nos jours sur l'île aux citrons.
Ito Ogawa raconte avec justesse nos rapport avec la famille et ceux qui accompagnent les mourants (je déteste ce mot). Chaque page transpire des mots dignité et sérénité. Paradoxalement ce roman m'a fait énormément de bien malgré le sujet qu'il porte et gardera une place à part dans ma bibliothèque. Pour conclure, voici la métaphore de Madonna sur la vie.
"La vie est semblable à une bougie. Elle ne peut allumer ou souffler sa flamme elle-même. Et une fois la flamme allumée, il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre qu'elle se consume et disparaisse, en laissant la nature suivre son cours. Mais il arrive parfois qu'elle s'éteigne, soufflée par une force supérieure".
Ed. Picquier, août 2022, traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe, 272 pages, 19€
Titre original: Lion no oyatsu