vendredi 4 mars 2022

Recherche Etienne désespérément

Lecteurs trop sérieux, s'abstenir !
Déjà, le titre est savoureux, un clin d'œil à celui qui aimait déstructurer les mots et a écrit une pièce sur l'attente. 
"Etienne avait un gros défaut, et je ne lui en voyais qu'un : il était systématiquement en retard. Tout le temps. Pour des milliards de raisons. Du coup, on l'attendait. Et, très vite, on a attendu Godot. La blague nulle. Et nous sommes passés naturellement à Dogo".

Simone cherche son frère ou plutôt aimerait bien trouver une piste qui lui permettrait de se mettre à la recherche de son frère adoré qui l'a laissée en plan comme une vieille chaussette. Tout est bon : vieux souvenirs, fausses pistes,  amours et les cent incipit de roman qu'il a écrit, en vain.

Alors Simone se fait aider d'un détective privé qui voit en l'écriture du grand frère la probable piste à suivre coûte que coûte. La jeune femme accepte et de toute façon, elle se sent de plus en plus proche physiquement, du détective pourtant trop gentil à ses yeux.

Rimbaud a écrit : "La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde... La vie est la farce à mener par tous..."

L'auteur a raison de la reprendre et avec son pastiche de polar, il pointe du doigt le folklore des apparences même dans la sphère privée. Jean-Bernard Pouy joue avec les mots pour rendre hommage à la littérature dite populaire (même si je n'aime pas cette expression). Ca fonctionne, et on tourne les pages avec plaisir tant l'intrigue joue le jeu et intègre l'humour dans un sujet sérieux. Ainsi, au fil des pages, l'image du grand frère adoré s'estompe pour finalement mettre en avant un homme pas plus reluisant que ceux que Simone déteste.

 J'ai lu En attendant Dogo d'une traite, le sourire aux lèvres, et avec un réel plaisir.

Ed. Gallimard, collection La Noire, janvier 2022, 208 pages, 18€