vendredi 11 mars 2022

Menteuses et menteurs


C'est le titre qui m'a attirée. Le mensonge, une vertu ? Pourquoi pas, mais il va falloir que le contenu argumente le titre. Souvent, dans un polar, le mensonge est à la fois une protection et un danger pour les personnages. Là, Ellen G.Simensen pose le postulat que tous ses personnages mentent à un moment ou à un autre. La vérité pourtant doit éclater mais comment trouver un coupable dans ce nid de menteurs ?

Le flic, Lars Lukassen ressemble à bien d'autres flics de la littérature nordique : Lars ne compte pas ses heures ce qui lui a coûté une séparation qui forcément ne se passe pas hyper bien surtout quand il y a la garde d'une gamine en jeu. Il rencontre "la fille qu'il ne faut pas" enfin celle avec qui il ne faut pas coucher car mêlée à l'enquête qu'il est en train de mener. Trop tard, il flanche...

Alors Lars ment pour se protéger. Sa fille Annie ment aussi pour éviter de révéler le harcèlement dont elle est victime. Enfin, sa maîtresse ment tout le temps pour taire un passé qu'elle n'assume pas.

"Qui au fond ne mentait pas ? Non, tout le monde mentait. Des petits mensonges, de pieux mensonges, peut-être même nécessaire. D'autres les transformaient en marais insondables et obscurs".

Pas facile de trouver la voie de la vérité dans ce labyrinthe. Il arrive bien un moment où tout le système s'effondre comme une pyramide de Ponzi.

"Tout le monde a une histoire. Une histoire qu'on vit, qu'on va vivre ou qu'on a vécu. Tout commence quelque part. Ce n'est qu'à la fin de l'histoire que nous croyons tout savoir".

La vérité fait mal, elle pique, surtout quand elle vous oblige à revivre les pires souvenirs ou à accepter la part franchement obscure de celui qui partage votre vie.

La Vertu du mensonge est réussi dans son ensemble. Certes, ce n'est pas non plus LE polar de l'année, mais il remplit son rôle de roman policier. En plus, il permet de conclure avec cette phrase d'André Gide : « Les plus détestables mensonges sont ceux qui se rapprochent le plus de la vérité. »


Ed. Gallmesiter, janvier 2022, traduit du norvégien par Hélène Hervieu , 496 pages, 25.20€

Titre original : Tro Meg Nar Jeg Lyver