Aux Etats-Unis, dans les réserves indiennes, pas facile d'être entendu. Et quand on a besoin de la police, la police tribale a peu de moyens et la police fédérale ne se déplace pas ou peu. Alors, sur le territoire lakota on se débrouille autrement en faisant appel à Virgil Wounded Horse ancien alcoolique devenu homme de main. Parfois pour une poignée de billets, le plus souvent pour rien, il tabasse à la demande celui qui a fauté afin qu'il comprenne bien que l'impunité n'existe pas. Dans la réserve de Rosebud, tout le monde le connaît et l'apprécie, surtout depuis qu'il est devenu le tuteur de son neveu Nathan.
"Chaque fois que je tabassais quelqu'un , je remportais une victoire, je vengeais un peu les tyrannisés, les persécutés".
Quand Ben Short Bear le grand chef de la communauté et ex beau-père putatif fait appel à lui, il se demande ce que cache l'affaire. Il lui demande de surveiller un type soupçonné d'introduire de la drogue dure dans la réserve et d'être responsable de la mort de plusieurs jeunes. Quand Nathan, à son tour, est hospitalisé d'urgence après une overdose, Virgil en fait une affaire personnelle qui va l'obliger à faire des choix.
Parsemé de citations en langue indienne et de descriptions de rites amérindiens, le roman balance sans cesse entre tradition et modernité sans pour autant oublier le fil d'Ariane initial de l'enquête policière. Virgil est un repenti. Il a bourlingué, en a bavé mais s'est racheté une conduite. Sur la piste de ce trafic ravageur, il va devoir concilier entre la sagesse ancestrale et les moyens modernes pour le démanteler. Et ce sont aussi ses nouvelles responsabilités en tant que tuteur qui vont lui donner des ailes.
L'auteur ne propose pas une trame bien originale mais Justice indienne a le mérite d'avoir une intrigue bien ficelée et des anecdotes sur l'histoire lakota qui raviront les curieux. Et en filigrane, on se rend compte que rien n'est vraiment réglé entre les amérindiens et les descendants de colons.
Ed. Gallmeister, janvier 2021, traduit de l'anglais (USA) par Sophie Aslanides, 412 pages, 24.20€
Titre original : Winter Counts