Mon premier rendez-vous avec un roman de Sébastien Pitzer est un rendez-vous manqué. Explications...
Les très bonnes critiques de son précédent roman Le Coeur battant du monde (que je n'ai pas lu) ont fait que je me suis laissée tenter par la lecture de La Fièvre que les Editions Albin Michel publient pour la rentrée littéraire.
Très vite, le style m'a dérangée. Les phrases sont courtes pour décrire trop de choses à la fois. Je fais partie de ces lecteurs qui n'ont pas besoin de tant de détails redondants.
"La lueur du soleil pique ses paupières closes. Rouge vif. La sueur dégouline au creux de ses yeux.. Sa tête tangue en rythme sur quelque chose de strié. Elle devine un plancher. Le bruit d'une roue qui tourne. Des fers qui tapent le sol au pas. Le crépitement des cailloux écrasés".
Je résiste malgré tout en me disant que je vais m'accommoder. Les pages passent et il ne se passe pas grand chose. Les personnages sont taillés au scalpel au point d'en être manichéens : les bons d'un côté, les méchants de l'autre. Et forcément comme nous sommes à Memphis, Tennessee, le méchant s'incarne en un adepte du Klu Klux Klan. A cela, s'ajoute le contexte historique. En 1875, l'esclavage est aboli depuis dix ans dans le pays, et pourtant la communauté noire n'est toujours pas considérée et garde des habitudes de peuple soumis. Heureusement, la jeune héroïne de treize ans, Emmy, va contredire toutes les idées reçues.
Et cette fièvre à qui on doit le titre du roman, qu'est-elle vraiment ? Elle rend fou ceux qui en sont atteints et bizarrement les noirs sont moins touchés.
"La mort va frapper sans égard. Elle ne discernera pas les bonnes ou mauvaise fortunes, les qualités des gens. La Fièvre sera partout, dans les cases des Noirs, les cahutes de marins ou les maisons de maître, quels que soient leurs colonnes et l'éclat de leurs façades".
La Fièvre prend son temps. Elle piétine, tout comme le récit. Là un révérend cite des passages de l'Apocalypse, au milieu de pensées éculées comme "la peur se nourrit de l'ignorance. Chacun se figure le pire. La vague des rumeurs brise toutes les résistances. Même celle de la raison".
Et moi je commence vaguement à avoir l'impression de m'ennuyer ferme. La fièvre de l'ennui m'a atteinte. Je referme le livre au bout de 150 pages. Tant pis pour moi, j'ai manqué mon rendez-vous.
Ed. Albin Michel, août 2020, 320 pages, 19.90€