Louise a disparu sciemment et elle laisse un compagnon et deux petits garçons complètement perdus. Elle a cessé de donner de ses nouvelles alors qu'elle était aux Etats-Unis où elle commençait un nouveau travail.
Depuis, c'est sa mère Chris, écrivaine, qui gère plus ou moins les deux petits tout en se demandant pourquoi Louise est partie.
"- Maman n'est pas làest la seule phrase valable qui sort de ma bouche. Elle ne peut pas faire de bien mais elle ne peut pas faire davantage de mal non plus. La réalité, c'est que je ne peux rien dire d'autre".
Un jour, une vieille femme, Ludmila, vient lui raconter son histoire personnelle, comment, à quatorze ans, elle fut enrôlée de force dans la résistance par sa mère Widma, femme forte et étrange qui lui témoignait peu de signes d'affection.
"Cette femme apparaît dans ma vie au moment où Louise disparaît. Et l'une comme l'autre alliant une brutalité féroce à une indéfinissable lenteur - ce genre de mouvement décisif qu'un réalisateur déciderait de monter au ralenti. Je ne me résous pas à attribuer cette synchronicité au hasard. Voilà ce que je pense : Louise sort de scène, Ludmila y entre, et j'ai manqué l'instant où, en coulisse, elles se sont passé le relais".
En travaillant sur ce récit, Chris voit sa propre histoire refaire surface notamment son rôle de mère qu'elle a porté comme un fardeau.
"J'avoue, Louise : je n'ai jamais cru possible de tenir davantage à une autre peau qu'à la mienne. Tu es née et j'ai voulu le croire, pourtant. Pleine de bonne volonté, je me convainquais que c'était cela être mère : tenir à la peau de ses enfant plus qu'à sa propre peau. Mais rien n'y fait : je ne me sens pas à la hauteur du mythe. Je suis une terroriste de la maternité : je porte ce tabou comme une ceinture d'explosifs".
Et si Louise avait disparu à cause de sa mère parce qu'elle s'est rendue compte qu'elle n'avait pas reçu d'amour ? Cette disparition ne s'est pas faite du jour au lendemain, mais progressivement, avec soin. Infirmière de formation, peut-être que ses anciens collègues de l'hôpital en savent plus.
"On n'a pas vu Louise disparaître. L'ingénierie de sa disparition est quelque chose de fabuleux. Tout y est étudié à l'inverse du spectaculaire. Une prestidigitation dont on ne comprend pas le tout et mieux encore : on ne voit pas qu'il y a un tour".
Louise et Ludmila ont un point commun : une mère distante.
"Il semble qu'elle se soit tenue toute sa vie sur le fil d'une frontière (...) A défaut de goût, Ludmila connu le coût. Le prix fort d'un combat qui n'était pas le sien".
Alors, Chris est-elle responsable de l'absence prolongée de sa fille ?
Wanted Louise est une quête de soi et un cri du cœur d'une mère qui a tant de mal à exprimer ses sentiments. Louise est une victime de ce "handicap maternel" et au fur et à mesure du récit on se rend compte que seule une démarche volontaire de Chris la fera revenir.
Chris est une narratrice complexe qui se bat avec sa nature égoïste. "maman de substitution" avec ses petits-enfants, elle tente de changer. A travers les confidences de Ludmila et ses recherches sur le sujet, Chris va comprendre peu à peu que le sentiment maternel est extrêmement complexe et qu'il peut faire fuir ceux qu'on aime...mal.
Comme une affiche qu'on placarde au mur, Wanted Louise est à la fois un appel à l'aide et au retour, et peut-être qu'avec le roman que Chris écrit, Louise reviendra.
Ed. Gallimard, collection Sygne, mars 2020, 157 pages, 18€