jeudi 4 juin 2020

"Dans sa vie, tout n'était que trophées".


Un moniteur trop sûr de lui, un gamin de huit ans qui disparaît et vingt ans après l'ombre d'une vengeance qui plane.


Noyade est un polar de bonne facture qui se lit facilement et avec plaisir du début jusqu'à la fin car il distille suffisamment de suspens et de fausses routes pour augmenter la curiosité du lecteur. Quel dénouement possible pour une histoire vieille de vingt ans dans laquelle on n'a jamais retrouvé de corps ni vraiment eu de suspect ?

Joey a huit ans quand ses parents décident de l'envoyer en camp de vacances d'été. Leur couple ne va pas bien du tout et ils ont besoin d'être à deux pour faire le point. Pour le gamin, cette séparation est à la fois une aubaine et une souffrance : l'inconnu lui fait peur mais surtout le camp se situe au bord d'un lac et il a une peur bleue de l'eau car il ne sait pas nager.
Pas de chance, le moniteur de natation, Alex, fait fi des craintes de Joey et décide de le forcer à nager pour qu'il puisse vaincre sa peur. La méthode est radicale, loin d'être pédagogique, et, à la nuit tombée, force est de constater que Joey n'est pas réapparu. Alex, très sûr de lui, évite de parler de cet "incident" aux enquêteurs.

Le corps de Joey n'a jamais été retrouvé.

Vingt années ont passé et Alex est devenu un promoteur immobilier influent et millionnaire. Il n'a fait qu'investir sa fortune héritée dans des immeubles insalubres qu'il a ensuite faits transformer en hôtels de luxe. Sa réussite fait des jaloux car aux yeux de nombreuses personnes elle est insolente.

Le décor est planté.

Tout est trop beau. Richesse, famille modèle. Jusqu'au jour où le paisible quotidien bascule. Alex se retrouve à devoir gérer des événements qu'il ne maîtrise pas et qui lui rappelle un bien désagréable souvenir : la disparition de Joey.
Au fur et à mesure que les incidents s'accumulent, Alex se voit contraint de replonger dans ses souvenirs ainsi que dans une légende urbaine locale racontant les péripéties d'un kidnappeur d'enfants. Harcelé de toute part, la raison d'Alex vacille...

Noyade fait honneur au genre. L'auteur emmène le lecteur dans une myriade de fausses pistes pour offrir ensuite un dénouement à la hauteur du reste du  livre. De plus, la trame narrative participe au suspens et à la construction de l'enquête avec quelques chapitres de mise en abîme qui cachent bien leur jeu.
Préalablement prévu en publication début avril 2020, confinement oblige, le roman ne sort que ce mois-ci. Et c'est tant mieux car l'intrigue ne méritait pas un report sine die.

Ed. Gallimard, Collection La Noire, juin 2020, traduit de l'anglais (USA) par Philippe Loubat-Delranc, 384 pages, 20€
Titre original : The Drowning