Si la terre blanche de Georgie ne regorgeait pas tant de richesses grâce à l'argile kaolin, peut-être que le père de Jesse serait toujours vivant, peut-être que son oncle par alliance et sa belle-mère ne voudraient pas la mort du gamin, peut-être qu'il n'y aurait pas autant de personnes corrompues autour de lui. Mais avec des peut-être on refait le monde...
Finalement en y repensant bien, depuis la mort accidentelle de son père, Jesse estime que la seule personne digne de confiance est Billy, l'homme filiforme qui fuit depuis des années le FBI et qui se cache sur ses terres. Désormais, du haut de ses presque quinze ans, il est le seul héritier avec sa demi-sœur des terres Pelham qui regorgent d'argile douce, manne fructueuse pour celui qui a besoin de liquidités.
Justement Caroll, l'oncle par alliance de Jesse, prêcheur en vue de la ville voisine, veut faire de sa Southern Cross Crusade la plus grande et la plus belle église des environs. La religion rapporte, il a trouvé le filon en or, et avec sa sœur Grace il compte bien fructifier sa petite entreprise. Sauf que la mort prématurée de Richie Pelham ne sert pas à grand chose car Grace n'hérite de rien comme il avait été convenu auparavant et ce sont les enfants qui deviennent les gardiens de toutes les terres exploitables. Cette nouvelle tombe mal car Caroll s'est acoquiné avec un shérif siphonné, un banquier corrompu, et la mafia locale désire être remboursée au plus vite.
Jesse se doutait bien que sa nouvelle famille cachait des secrets. Il sent désormais que sa vie et celle de sa petite sœur ne sont que de petits obstacles de plus à franchir pour s'emparer des richesses familiales. Alors, il se tourne vers Billy, caché au fond du bois, pour lui demander de l'aide.
Peter Farris signe ici un roman fort, haletant où il est difficile de trouver des caractères dignes de confiance. Les mangeurs d'argile sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. L'argent l'emporte sur les liens familiaux, la malhonnêteté sur les sentiments. Au sud de la Géorgie la corruption règne.
Les éditions Gallmeister ont trouvé un bijou du roman noir. Tous les ingrédients sont réunis pour que Les Mangeurs d'argile devienne un titre dont on se souviendra.
Ed. Gallmeister, août 2019, traduit de l'anglais (USA) par Anatole Pons, 335 pages, 23€