N'ayant pas visionné la série télévisée danoise The Killing écrite par l'auteur, Octobre est une entrée vierge de toute comparaison dans le monde bien glauque de Soren Sveistrup.
640 pages pour un roman policier, ce n'est pas rien. Il faut que l'intrigue soit particulièrement bien ficelée pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au dénouement et cela sans lui faire entrevoir la moindre possibilité de trouver le meurtrier.
Car oui, forcément il y a un meurtrier. Et il est particulièrement déviant. Un véritable sociopathe qui mériterait d'être entendu par les deux agents du FBI de la série Mindhunter. Il est du genre à aimer la scie circulaire et à découper des morceaux de corps, comme s'ils étaient des mannequins. Sur chaque scène de crime, un bonhomme en marrons et allumettes avec l'empreinte d'une gamine disparue un an plus tôt.
Et cette gamine n'est rien moins que la fille de la ministre des Affaires Sociales danoises, prétendue morte depuis qu'un déséquilibré a avoué le meurtre.
Octobre est un polar terriblement efficace, tout s'imbrique bien comme il faut. Pour ma part, mon intérêt s'est plutôt dirigé vers le duo d'enquêteurs. Ces deux-là se retrouvent ensemble par obligation. Leur seul point commun est de traîner derrière eux quelques boulets. Pour la femme, Naïa Thulin, l' instinct maternel est presque aussi fort que sa volonté de se mettre en couple et avoir une vie bien rangée, donc quasiment nul... Elle croise sa petite fille entre deux portes, la laissant à son grand-père d'adoption, bien consciente qu'elle n'est qu'une absente à ses yeux. Pour son co-équipier, Stephen Hess, la concentration et le calme ne lui viennent qu'en repeignant de fond en comble un appartement acheté dans le quartier le plus sordide de Copenhague. Une manière un peu étrange d'accepter sa mise au placard par la division danoise d'Interpol.
Mon petit cœur a du mal avec les scènes de découpe et la terreur des victimes, mais il a apprécié la profondeur psychologique des personnages et le dénouement inattendu puisque la narration, imperceptiblement, vous guide vers un suspect idéal pour ensuite vous montrer que le chemin est sans issue.
Dans Octobre, les femmes sont fortes,les hommes fléchissent et le tueur en série a une béance en lui issue d'une enfance ravagée.
Ce roman ne me laissera pas un grand souvenir littéraire, mais il a au moins la pertinence de ne pas s'afficher comme le polar de l'année.
Ed. Albin Michel, 640 pages, traduit du danois par Caroline Berg, 640 pages, 22.90€
Titre original : Kastanjemanden