Le lecteur assiste in medias res à un braquage en court. Les trois braqueuses sont retranchées dans un bunker tandis que dehors on cherche une solution tout en surveillant l'arrivée imminente d'un typhon...
Céline Minard a fait le choix d'un roman très court (112 pages) d'où cette impression de dépouillement associée à une action assez dense et... plate.
Bacchantes alterne scènes d'action ultra courtes avec des périodes d'attente qui figent la narration. Le lecteur progresse à vue dans la lecture en cherchant vainement l'intérêt de telles ruptures.
Ethan Coetzer ancien ambassadeur sud-africain reconverti dans la gestion de vitiviniculture aurait pu à lui seul devenir le héros d'un roman si au moins il avait eu un profil psychologique. Car, comme tous les autres personnages, il n'en a pas. Il est là au milieu des policiers et tout ce qui lui importe c'est de récupérer ses bouteilles de vin millésimées enfermées dans le bunker dans lequel les trois braqueuses sont enfermées.
"ECWC est la cave de garde la plus sécurisée de Hong Kong. Installée dans les anciens bunkers de l'armée anglaise, elle attire les collectionneurs depuis des années".350 millions de dollars de grands crus, ce n'est pas rien, mais on ne sait pas vraiment si c'est la valeur des bouteilles qui ont attiré la Brune, la Clown et la Bombe à cet endroit. Avec leur rat domestique, elles posent des engins explosifs puis profitent du temps présent en sirotant l'alcool hors de prix.
"C'est que ces femmes montrent tous les signes d'une vraie connaissance du vin, et qui le connaît l'aime. Elles ne peuvent pas tout boire, une vie n'y suffirait pas, ni trois".Comment se sont-elles rencontrées ? Quelle motivation les poussent ? Vous ne saurez rien et surtout on se rend bien vite compte que cela n'intéresse pas l'auteur. Elle est dans l'écriture de l'instant quand elle décrit une scène surréaliste quand la clown sort du bunker pour une extravagante scène de mime ou lorsque qu'une main pose une bouteille à l'extérieur comme si elle délivrait un otage.
La presse dit spécialisée est convaincue par ce texte et se veut convaincante. Je ne suis pas la presse spécialisée, il me manque peut-être un je ne sais quoi mais je n'ai rien trouvé dans ma lecture de bien intéressant. Le roman noir promis n'existe pas et si c'est un pastiche de braquage eh bien je n'ai rien compris. La fulgurance littéraire annoncée m'est apparue très plate et monotone au point que je souhaitais ardemment l'arrivée du typhon dans le récit pour balayer le reste.
Et bizarrement s'est développée en moi une forme de culpabilité sélective avec l'impression d'être passée à côté d'un très bon roman comme on me l'avait promis. Heureusement, ce sentiment s'estompe vite car il a l'avantage de s'évanouir avec le souvenir du texte.
Vite lu, vite oublié.
Ed. Rivages, janvier 2019, 112 pages, 13.5€