vendredi 20 mai 2016

A part ça (12) La mort avec précision, Isaka Kotarô

Ed. Philippe Picquier, traduit du japonais par Corinne Atlan, mai 2015, 288 pages, 22.50 euros.

La littérature inspire. Elle est une passerelle, un fil d'Ariane...

"La mort, ça n'a aucun sens, et aucune valeur non plus. Autrement dit, si on inverse le raisonnement, toutes les morts se valent. Donc, en ce qui me concerne, qui meurt et à quel moment, ce n'est pas mon rayon".


Assez étonnante que cette conception de la mort véhiculée par ce roman. Les futurs candidats au trépas sont désignés par un chef de bureau qui commande à un dieu de la Mort de faire un bilan sur le personnage, et de décider si oui ou non il doit disparaître. Sauf cas contraire, le candidat bien malgré lui est déclaré apte et meurt au bout du huitième jour d'enquête. Parfois, il arrive qu'il soit "repêché" ; alors un sursis lui est octroyé.

Six enquêtes sont présentées. Le narrateur est toujours le même - un dieu de la Mort - même si à chaque fois il prend une apparence différente en fonction du candidat. Il ne cesse de s'étonner de la nature humaine et de ses travers, pour le plus grand plaisir du lecteur. Se rendre sur Terre pour une évaluation est une corvée ; son seul plaisir est d'écouter de la musique, seule invention humaine digne de son intérêt....
"En tant que dieu de la Mort, je suis un familier de la mort des hommes, et je suis tellement habitué à voir des cadavres que la seule réaction que cela provoque en moi, c'est un sentiment de lassitude : "Encore !"

L'auteur diversifie les milieux pour donner un regard d'ensemble sur la société japonaise. Nous sommes tous égaux devant la mort, et à partir de ce postulat, Isaka allège considérablement le sujet du récit en ayant recours sans abuser à l'humour et l'ironie.
Ainsi, sans choquer, la mort est considérablement banalisée.

La Mort avec précision est un roman étrange, parfois loufoque, parfois sérieux, qui propose une approche originale et administrative du trépas.