mardi 22 septembre 2015

REGARDS CROISES (18) Percy Jackson, Rick Riordan

Ed. Le livre de Poche, traduit de l'anglais (USA) par Mona de Pracontal, septembre 2014, 480 pages, 6.9 euros.

Regards croisés

Un livre, deux lectures. En collaboration avec Christine Bini 

 

 Il a fallu que ma fille aînée nous en parle en termes élogieux pour que Christine Bini et moi nous nous intéressions de plus près à ce phénomène de la littérature jeunesse.

Rick Riordan est un malin. A défaut d'inventer un univers à part entière comme l'auteure de Harry Potter, il a décidé de surfer sur les préférences des ados, sûr de faire un tabac s'il combinait intelligemment les deux. Mélanger dieux antiques et  genre fantastique, en transposant le tout de nos jours, et (forcément) aux Etats-Unis, aurait eu de quoi rendre chèvre plus d'un éditeur, et pourtant...

Prenez un gamin à problèmes, pas trop méchant non plus, qui ne sait rien de son père, affublé d'une mère aimante remariée à un ersatz de beau-père impossible à aimer, et vous obtenez l'arbre généalogique de Percy Jackson.
 "La seule chance qu'elle ait jamais eu, ce fut de rencontrer mon père.
Je n'ai aucun souvenir de lui, juste une sorte de halo chaleureux, peut-être l'esquisse floue de son sourire. Maman n'aime pas parler de lui parce que ça la rend triste. Elle n'a pas de photo de lui."

 A douze ans, Percy subit les lois des collèges privés et spéciaux avec un flegme digne d'un adulte ayant baroudé depuis des décennies. Rien ne l'atteint finalement, soucieux de préserver les apparences auprès de sa mère. Même à l'annonce de son prochain renvoi de l'établissement où il est interne, c'est tout naturellement qu'il décide d'aller se ressourcer pour le week end...
Mais bon, en faisant marche arrière, ce n'est pas si simple. Le jeune homme a des visions depuis quelques temps. Sa prof de maths ressemble à s'y méprendre à une Furie qui tente de le tuer, et son prof de langues anciennes semble trouver la situation naturelle. Quant à son meilleur ami, Grover, on dirait qu'il tente de lui cacher un gros gâteau au chocolat dans une boite à dents... Cherchez l'erreur!

On avance en lecture, et après quelques péripéties somme toute assez répétitives, le lecteur découvre avec Percy que ce dernier a un père spécial, que la maman est au courant mais a décidé de garder le secret pour protéger son petit, mais qu'il est surveillé de près afin que de potentiels ennemis ne lui fassent la peau. Après un accident de voiture, le voilà accepté dans une colonie de vacances avec des ados comme lui de "sang mêlé" (tiens cela me rappelle quelque chose). Là, Percy se rend compte qu'il a une relation privilégiée avec les éléments liquides, et que ses nouveaux potes sont les bâtards d'Athéna, Arès, Zeus... Pour conclure, son prof de langues anciennes n'est autre que le centaure Chiron.

Overdose; pause.

Le rythme est effréné, on a l'impression de lire parfois un scénario de série ou de film. On est constamment dans la surenchère. Mais surtout, Percy accepte les événements avec un calme à faire pâlir le moins stressé des ados. Fils de Poséidon, bah voyons; pas grave! Au moins maintenant, il connaît l'identité de son géniteur!
Mais, le jeune homme a une seule idée en tête: retrouver sa mère; pour cela, il doit se rendre aux Enfers, et pour y parvenir, il n'a pas le choix, il lui faut accepter la quête qu'on lui impose, retrouver la foudre de Zeus. Eh oui, le roi des Dieux s'est fait voler son éclair primitif... Les soupçons se portent sur Hadès. Forcément, les deux frères ne s'aiment pas

Les dieux mythologiques du 20ème siècle n'ont pas changé depuis la Guerre de Troie: ils continuent à manipuler les humains à leur convenance, et à cacher leurs agissements derrière une brume bien à propos. Ce tome 1 de Percy Jackson (car il y en a 5) met en place la colonne vertébrale de la saga: un héros bien entouré d'un ami chèvre pied (satyre) et d'une bâtarde d'Athéna,Annabeth, des rixes fréquentes entre les dieux, et des pouvoirs en veux-tu en voilà. L'Olympe n'est plus en haut du mont grec éponyme, mais bien au sommet d'un gratte ciel new-yorkais et qu'on atteint avec un ascenseur spécial. L'arme de Percy est  une épée fondue par les cyclopes, mais en temps normal, elle ressemble à un vulgaire stylo bille...

Je jette l'éponge, ce premier épisode me suffit amplement. Du coup, pour comprendre pourquoi ce roman plaît tant aux ados, j'ai posé quelques questions à ma fille de 14 ans, Héloïse, qui a eu l'"incroyable mérite" de lire les 5 tomes. 


1- Qu'est-ce qui t'a plu dans ce tome 1?
" Le mélange des époques m'a beaucoup plu. Le fait de situer l'Olympe en haut de l'Empire State Building (600ème étage) donnait un caractère très actuel à la mythologie. Mon personnage préféré est Grover car il est drôle et détend l'atmosphère lorsque la pression est trop forte..."

2- Que penses-tu du personnage de Percy Jackson?
"Ce n'est pas mon personnage préféré mais si tout tourne autour de lui; au début, il me semblait trop mou, puis petit à petit il montre sa véritable personnalité; c'est un ado qui n'a pas froid aux yeux car il ose même défier Arès, le dieu de la guerre!"

3- Qu'est-ce qui t'a motivé à lire les tomes suivants?
"Des zones d'ombre dans le tome 1 n'ont pas été éclaircies et j'étais curieuse de connaître la suite.Cronos, la Grande Prophétie, toutes ces questions en suspens ont fait que ma lecture des tomes suivants est devenue naturelle et incontournable."

4- Regrettes-tu ces lectures?
"Non, pas du tout."

5- Quel est ton tome préféré?
" C'est le tome 3, Le sort du Titan, car j'en ai appris beaucoup plus sur les jumeaux Artémis et Apollon. De plus, de nouveaux personnages apparaissent, et cela donne un coup de frais à l'ensemble!"

Lire l'article enthousiaste de Christine Bini à propos de ce roman: