mercredi 28 janvier 2015

Je m'appelle Budo, Matthew Dicks

Ed. Flammarion, septembre 2013, traduit de l'anglais (USA) par Marie Hermet, 428 pages, 15 euros.

"Voilà ce que je sais :
Je m'appelle Budo.
J'existe depuis cinq ans.
Cinq ans, c'est très long pour quelqu'un comme moi.
C'est Max qui m'a donné mon nom.
Max est le seul être humain qui peut me voir.
Les parents de Max m'appellent un ami imaginaire.
J'adore Mme Gosk, l'instit de Max.
Je n'aime pas son autre instit, Mme Patterson.
Je ne suis pas imaginaire."


 Max n'est pas un enfant comme les autres. Il n'aime pas les contacts, repousse les bisous, et surtout, a horreur du changement.
Certes, il va à l'école, et ses parents font en sorte qu'il soit un enfant comme les autres, mais Max reste un solitaire, perdu dans ses pensées, et réceptif à ce qui se passe à l’extérieur seulement s' il l'a décidé. Depuis quelques années, Max s'est inventé un ami imaginaire, Budo. Il lui ressemble comme un frère, sauf qu'il ne dort pas et peut traverser les murs. Au fil du temps, Budo a pris conscience de ce qu'il était et comprend qu'il doit son existence à Max:
"J'ai besoin de Max pour survivre, mais je suis indépendant. Je peux donc dire et faire ce qui me plaît. Il nous arrive même de nous disputer."
Il connaît Max par cœur; il est capable d'anticiper ses réactions, comme quand le petit garçon se pétrifie littéralement lorsque sa routine se modifie brutalement.
Contrairement à Max, Budo est sociable. La nuit, il adore se réfugier à l’hôpital des enfants pour rencontrer d'autres amis imaginaires, ou passer du temps à la station service afin d'observer les habitués. Son grand regret c'est de n'être qu'une pensée, une croyance. Qu'il aurait aimé avoir une consistance matérielle pour pouvoir bavarder et échanger avec les autres!

Max se sert de Budo comme un radar face à l'adversité. Grâce à lui, il évite ceux qui se moquent de lui ou le rejettent. Néanmoins, parfois, il préfère être seul. C'est le cas lorsque, chaque semaine, il s'enferme dans la voiture de madame Patterson avec la jeune femme. A quoi correspond cet étrange manège? Budo s'inquiète, veut comprendre, mais Max reste muet. Un jour, la voiture démarre, Madame Patterson enlève le petit garçon.
Comment prévenir l'école, les parents, les policiers que Max ne s'est pas enfui, que c'est une institutrice qui l'a emmené chez elle?
Parce que Budo croit en Max et Max en Budo, l'ami imaginaire va développer des trésors d'inventivité afin de libérer son petit protégé. Pour cela il pourra compter sur d'autres amis imaginaires tel Oswald, dont la particularité est de pouvoir toucher physiquement le monde matériel.

Matthew Dicks propose un roman haletant, raconté par un enfant qui n'existe pas réellement, tout à fait conscient de sa condition, fidèle à son créateur jusqu'à l'effacement. L'auteur dresse le portrait doux et délicat d'un enfant pas comme les autres, atteint d'un trouble autistique, et qui s'est inventé un ami imaginaire pour mieux appréhender sa solitude et les exigences du monde environnant qu'il comprend mal.
En filigrane, le récit appelle à la tolérance et à l'acceptation du handicap dès le plus jeune âge.
Le jeune lecteur sera happé par une intrigue menée tambour battant jusqu'à la page ultime, et sortira avec la réelle impression d'avoir lu le récit d'une amitié véritable et intime.

A partir de 12 ans.