"I have a dream"
Contrairement aux idées reçues, Harper Lee est une femme. Très discrète, elle n'a écrit qu'un seul roman, Prix Pulitzer 1961, et maintes fois étudié dans les lycées américains, même si quelques "troublions" pensent encore qu'il est subversif au vue des opinions qu'il dégage.
Raconter
l'histoire de ce livre ou tenter de le résumer ne servirait à rien.
L'intérêt de ce roman est
ailleurs. De plus, certaines zones d'ombre sur
les personnages récurrents persistent jusqu'à la dernière ligne, peut
-être pour qu'ils deviennent des personnages mythiques de la
littérature, pourquoi pas?
Il est facile de vivre en Alabama, état
ségrégationniste des Etats-unis, lorsqu'on est blanc, car cette couleur
de peau excuse tout. Pourtant, dans le Comté de Maycomb,dans les années
trente, il existe des gens qui vivent aux côtés des Noirs et n'ont pas
peur de prendre leur défense lorsque l'un d'entre eux est injustement
accusé de viol sur une blanche.
Atticus Finch,avocat de profession, fait
partie de cette population tolérante. Veuf très tôt, il tente de
transmettre à ses enfants Scout et Jem cette part d'humanité présente en
lui: "Atticus disait que tromper un homme de couleur est dix fois pire
que tromper un homme blanc".
Scout, devenue grande, raconte les trois
années de sa vie, entre six et neuf ans, où elle a compris qu'il
existait des valeurs et qu'il fallait s'y accrocher coûte que coûte. Son
père se refuse à vivre dans un monde manichéen basé sur le blanc gentil
et le méchant noir. Il pense que tout le monde a le droit d'être
respecté et défendu honorablement; il ne faut pas juger sur de simples
préjugés. Normal me direz-vous, mais dans le contexte politique de
l'Alabama des années trente, cela vaut une idée révolutionnaire!
Des amis, de voisins gravitent autour de la famille Finch, et tous n'ont
pas la même opinion sur ce sujet délicat. Alors, avec ses yeux d'enfant
et son raisonnement, Scout va se forger ses propres opinions. Elle va
comprendre qu'à leur manière, Arthur (Boo) Radley le voisin fantôme, et
Tom Robinson le Noir injustement accusé sont comme "les oiseaux moqueurs
" massacrés de façon absurde par les chasseurs du dimanche et les
enfants désœuvrés. Ce sont les victimes d'un système où la peau, la
rumeur,et la méchanceté atteignent toujours durement les plus faibles.
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un roman universel sur la tolérance et la justice,
agrémenté de personnages forts et vraisemblables, tourmentés par leurs
opinions parfois contradictoires.
Le style de cette œuvre rend ce récit
de vie facile à la lecture si bien que les sujets graves y sont traités
avec tact et objectivité.
Bref,en deux mots: chef d'œuvre!