vendredi 14 novembre 2014

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee

Ed. Le Livre de Poche, traduit de l'anglais (USA) par Isabelle Stoianov, août 2006 (nouvelle réimpression), 447 pages, 6.6 euros,

"I have a dream"


Contrairement aux idées reçues, Harper Lee est une femme. Très discrète, elle n'a écrit qu'un seul roman, Prix Pulitzer 1961, et maintes fois étudié dans les lycées américains, même si quelques "troublions" pensent encore qu'il est subversif au vue des opinions qu'il dégage.


Raconter l'histoire de ce livre ou tenter de le résumer ne servirait à rien. L'intérêt de ce roman est
ailleurs. De plus, certaines zones d'ombre sur les personnages récurrents persistent jusqu'à la dernière ligne, peut -être pour qu'ils deviennent des personnages mythiques de la littérature, pourquoi pas?
 Il est facile de vivre en Alabama, état ségrégationniste des Etats-unis, lorsqu'on est blanc, car cette couleur de peau excuse tout. Pourtant, dans le Comté de Maycomb,dans les années trente, il existe des gens qui vivent aux côtés des Noirs et n'ont pas peur de prendre leur défense lorsque l'un d'entre eux est injustement accusé de viol sur une blanche. 
Atticus Finch,avocat de profession, fait partie de cette population tolérante. Veuf très tôt, il tente de transmettre à ses enfants Scout et Jem cette part d'humanité présente en lui: "Atticus disait que tromper un homme de couleur est dix fois pire que tromper un homme blanc".
Scout, devenue grande, raconte les trois années de sa vie, entre six et neuf ans, où elle a compris qu'il existait des valeurs et qu'il fallait s'y accrocher coûte que coûte. Son père se refuse à vivre dans un monde manichéen basé sur le blanc gentil et le méchant noir. Il pense que tout le monde a le droit d'être respecté et défendu honorablement; il ne faut pas juger sur de simples préjugés. Normal me direz-vous, mais dans le contexte politique de l'Alabama des années trente, cela vaut une idée révolutionnaire! 
Des amis, de voisins gravitent autour de la famille Finch, et tous n'ont pas la même opinion sur ce sujet délicat. Alors, avec ses yeux d'enfant et son raisonnement, Scout va se forger ses propres opinions. Elle va comprendre qu'à leur manière, Arthur (Boo) Radley le voisin fantôme, et Tom Robinson le Noir injustement accusé sont comme "les oiseaux moqueurs " massacrés de façon absurde par les chasseurs du dimanche et les enfants désœuvrés. Ce sont les victimes d'un système où la peau, la rumeur,et la méchanceté atteignent toujours durement les plus faibles. 
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un roman universel sur la tolérance et la justice, agrémenté de personnages forts et vraisemblables, tourmentés par leurs opinions parfois contradictoires.
 Le style de cette œuvre rend ce récit de vie facile à la lecture si bien que les sujets graves y sont traités avec tact et objectivité. 

Bref,en deux mots: chef d'œuvre!