Le 2 décembre 1959, à 21h, le barrage de Malpasset à Fréjus se rompt. C'est la plus grande catastrophe civile du 20ème siècle.
450 morts dont un tier d'enfants; 4000 sinistrés.
50 millions de mètres cubes d'eau déversées dans la vallée.
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Cette BD s'articule autour des témoignages des victimes ou de ceux qui, trop petits au moment des faits, les tiennent de leur famille. Force est de constater que le choc est immense. Chacun a perdu un membre de sa famille, un ami, un voisin... Après la catastrophe, ces personnes ont eu du mal à renouer avec le quotidien:
"On intériorisait beaucoup. On était dans le déni. C'était le mode de fonctionnement de l'époque (...) Je ne ressentais rien, comme si mon cœur était sorti de mon corps. J'avais l'impression que j'étais morte moi-même aussi,"
ou ont grandi avec une plaie psychologique, un manque; "je me suis construit avec le silence de ma mère" avoue l'un d'entre eux. "Ce qui nous a manqué, c'est de mettre des sur les événements et les sentiments," pense Simone Mercier. Car, si tous sont unanimes pour saluer le travail du maire de l'époque, André Léotard concernant la prise en charge matérielle et physique, le lecteur sent, à travers les témoignages, que la prise en charge psychologique a manqué.
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Au-delà de l'aspect humain, l'ouvrage s'intéresse aussi à l'origine de la catastrophe. En se basant toujours sur différents témoignages, on apprend que "Malpasset était un immense réservoir d'eau destiné à irriguer la vallée du Reyran et alimenter la région en eau". De plus, son emplacement avait été décalé de 200m pour qu'ils soit moins long et donc moins cher. Son concepteur, l'ingénieur Coyne, "avait construit des barrages en Afrique du Nord et il avait aussi élevé le plus grand barrage d'Afrique du sud." Dès lors, il n'y avait, normalement, aucune raison de s'inquiéter, sauf que...
Les auteurs ont choisi le noir et blanc, peut être pour donner plus de solennité à l'ensemble. Les vignettes mettent en évidence beaucoup de portraits de témoins. Les illustrations de la catastrophe existent mais ne sont pas majoritaires. C'est au lecteur, à travers le dessin d'un arbre au milieu de l'eau, un cri, d'imaginer l'ampleur de la situation. Ceux témoignant des dégâts visibles au lendemain de la catastrophe sont criant de vérité. On assiste à des scènes surréalistes: un piano posé dans un lavoir, des meubles dispersés, des habitants coincés dans les arbres...
Seuls les lieux élevés telles la Villa Aurélia ou la butte Sainte Brigitte ont été épargnés. Enfin, le théâtre romain a bien été "nettoyé" par l'eau du barrage mais les ruines ont tenu, comme quoi...
Malpasset est une BD témoignage qui se veut complète. Pas de sensationnalisme, ni de curiosité mal placée, seulement la volonté d'informer de manière originale et attractive sur un événement majeur de notre histoire. A la fin du livre, la compilation de Unes de l'époque, de photos et d'extraits de papiers officiels alimentent ce qui a été expliqué dans le contenu.
Même sur place, il est difficile d'imaginer la violence et l'ampleur de la catastrophe.
A découvrir.
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