Le fleuve gronde...
Pourtant, nous sommes dans les années60, et on parle déjà de peuple majoritaire, celui de la houe, bref les Hutu, et de "cafards, "de paresseuses qui n'avaient jamais touché une houe, des parasites que les corvées du pauvre peuple devaient nourrir", entendez par là les Tutsi désignés...
La colonisation belge et les idées bien arrêtées en matière de religion ne favorisent pas les rapprochements entre les deux ethnies. Même l'abbé du lycée fait un curieux rapprochement entre les juifs et les Tutsi ! Et puis, de toute façon, mis à part la beauté de leurs femmes, "ce n'étaient pas des nègres. Il n'y avait qu'à voir leur nez et leur peau moirée de reflets rougeâtres"...
Gloriosa est le porte étendard de ce racisme au quotidien qui ne se cache plus au point d'en faire un sujet récurrent à la limite du malsain.
Le feu couve, ne reste plus qu'à trouver l'allumette pour brandir la machette et punir "le quota" sans avoir besoin de justifications...
Virginia la Tutsi pensait naïvement : "quand on est étudiante, c'est comme si on n'était plus ni Hutu ni Tutsi, comme si on accédait à une autre ethnie, celle que les belges appelaient naguère les évolué".
Le poison coule inexorablement, comme la source du Nil dont la statue a besoin d'un ravalement de façade pour ressembler au peuple majoritaire.... Le poison coule et les premières exactions commencent sous les yeux des professeurs français incrédules obéissant à leurs instances clamant "pas d'ingérence, pas d'ingérence !" alors que la sœur directrice s'enferme dans son bureau et l'abbé comprend ce qui se joue...
Non, ce n'est pas un roman sur le génocide de 1994, mais davantage une dénonciation sur tout ce qui s'est passé en amont et qu'on n'a pas jugé utile de dénoncer et qui a abouti à l'effroyable "tuez les tous"!