Soporifique, ou histoire d'un rendez-vous manqué avec ce roman...
Toujours se méfier des accroches de la quatrième de couverture! Bref, roman phare de l"été 2011, livre largement croisé au bord de la plage ou de la piscine, il fallait le lire pour se faire une opinion... Certains diront que c'est de snobisme d'oser écrire "non, je n'ai pas aimé" alors que nombre de lecteurs ont encensé l'histoire de Katherine, amnésique après un accident, n'empêche que de nombreuses lourdeurs viennent entraver l'impression d'ensemble, et laminent de ce fait tout espoir de me voir entrer au Panthéon des enthousiastes.
Tous les matins, Katherine se réveille sans se souvenir de la veille, sans reconnaître les personnes qui l'entourent (dont son mari), sans se souvenir même de sa propre vie. Tous les matins, elle se découvre dans la peau d'une femme de quarante sept ans au lieu de vingt, et gère tant bien que mal ce choc émotionnel:
"Je suis une adulte abîmée (...), je suis aussi vulnérable qu'un enfant".
Chaque jour, son médecin, le Dr Nash, l'appelle et lui rappelle les épisodes marquants de la veille, leurs rendez-vous passés ou à venir, et tout ceci en cachette du mari. Très vite, notre héroïne trouve en son docteur un confident, la personne adéquat pour remplir le vide de son existence:
"Je comprends que dans ma vie, il y a un après, un avant, même si je ne sais pas de quoi est fait l'avant, qu'il y a un maintenant, et qu'entre les deux il n'y a rien qu'un immense vide de silence."
Afin d'exercer sa mémoire, Nash lui propose de tenir un journal intime et de le relire tous les jours, afin que sa propre vérité soit "esquissée dans ce journal plutôt que dans [sa] mémoire défaillante."
Katherine se prête donc au jeu. A cela s'ajoutent des flashs de scènes vécues, des conversations plus ou moins ambiguës avec son mari Ben, et très vite, le lecteur sent que les mensonges et les non-dits font partie intégrante de sa vie...tandis que le Dr Nash disparaît au fur et à mesure de l'intrigue (!?)
Même si le personnage principal souffre d'amnésie journalière, le lecteur non, mais il subit d'office les scènes répétitives du matin, les questions lancinantes de Katherine à son époux et les réponses réitérées de ce dernier...Dès lors, un sentiment d'inertie s'installe. L'obsession de l'héroïne à retrouver les origines de son amnésie dévoile une partie de l'intrigue, si bien qu'arrivé aux trois quart du roman, vous avez plus ou moins deviné l'épilogue! Quant à celui-ci, le "tout est bien qui finit bien" s'avère exagéré et remarquablement elliptique pour un processus qui a duré presque quatre cents pages.
Problème de traduction? Exagération entretenue?Dialogues inutiles? En tout cas, on frise par moment le ridicule...mais la trame initiale étant originale, on se laisse emporter à contre courant vers la fin...quand même.