Traduit du japonais par Corinne Atlan, Ed Points Seuil, juin 2001, 540 pages, 8.7 euros
"Il pleure dans mon cœur"
Sur
fond de complot informatique, Murakami explore les tréfonds de l'âme
humaine dans lesquels le héros se débat pour la sauvegarde de son cœur
et de sa conscience.
C'est
un roman difficile à la construction labyrinthique dans lequel deux
récits bien distincts au départ se rejoignent pour formuler une
conclusion commune. Le narrateur, programmeur dans une grosse société
informatique, découvre qu'il est devenu le cobaye d'un savant un peu fou
menant des recherches sur les capacités conscientes et inconscientes du
cerveau. Or, l'expérience a capoté, si bien que notre héros se
retrouve condamné à devoir vivre dans l'ertsatz de vie que son noyau
inconscient a bâti. Ainsi, il devient "liseur de rêves" dans la cité
idéale qu'il s'est inventé, privé de son ombre et de ses souvenirs,
gardé prisonnier par une muraille sans faille, et des licornes qui le
privent de toute émotion et de tout égo. Expliqué comme cela, j'avoue
que l'ensemble semble un peu déroutant.
Simplement Murakami réussit à rendre le tout cohérent, jonglant entre la temporalité du corps et l'intemporalité de l'esprit, en partant du concept que "le monde change selon la connaissance que nous en avons". Au détour d'une page, il réussit même à citer des personnages de ses autres romans (p.189, la course au mouton sauvage). Comme d'habitude, on retrouve les thèmes chers à l'auteur: les femmes sont des guides vers la vérité, quelques scènes rappellent la culture classique et mythologique de l'auteur; enfin, le jazz est perçu comme une musique de fond douce et apaisante..."Le pays des merveilles sans merci" ressemble étrangement au nôtre: les jours s'écoulent, les souvenirs s'imprègnent, mais petit à petit la part onirique du narrateur grignote la réalité au profit du monde fantasmé de "la cité de la fin du monde" , où "le temps n'existe pas, ni la vie, ni la mort, ni le sens des valeurs au sens exact du terme, ni l'égo. Dans ce monde là, ce sont des animaux qui contrôlent l'ego des gens".
Si vous ne connaissez pas l'auteur, ce n'est peut être pas le premier roman qu'il faut lire, mais il symbolise à lui seul tout l'univers inventif et fantasmagorique de Murakami.
Simplement Murakami réussit à rendre le tout cohérent, jonglant entre la temporalité du corps et l'intemporalité de l'esprit, en partant du concept que "le monde change selon la connaissance que nous en avons". Au détour d'une page, il réussit même à citer des personnages de ses autres romans (p.189, la course au mouton sauvage). Comme d'habitude, on retrouve les thèmes chers à l'auteur: les femmes sont des guides vers la vérité, quelques scènes rappellent la culture classique et mythologique de l'auteur; enfin, le jazz est perçu comme une musique de fond douce et apaisante..."Le pays des merveilles sans merci" ressemble étrangement au nôtre: les jours s'écoulent, les souvenirs s'imprègnent, mais petit à petit la part onirique du narrateur grignote la réalité au profit du monde fantasmé de "la cité de la fin du monde" , où "le temps n'existe pas, ni la vie, ni la mort, ni le sens des valeurs au sens exact du terme, ni l'égo. Dans ce monde là, ce sont des animaux qui contrôlent l'ego des gens".
Si vous ne connaissez pas l'auteur, ce n'est peut être pas le premier roman qu'il faut lire, mais il symbolise à lui seul tout l'univers inventif et fantasmagorique de Murakami.